Enjeux montréalais: vers un meilleur accès aux soins
À Montréal, 69% des gens ont un médecin de famille, contre environ 79% en général au Québec. Comment combler cet écart pour assurer aux Montréalais un accès raisonnable à des soins de santé? Par ailleurs, le déménagement du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) et du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) dans de nouveaux bâtiments dès 2015 rend incertain l’avenir de plusieurs hôpitaux, dont l’Hôtel-Dieu et le Royal Victoria. Comment tirer parti de ces bâtiments patrimoniaux?
Déployer les GMF
Diane Lamarre, Taillon
Parti québécois (PQ)
«Depuis l’arrivée du Parti québécois au pouvoir, en août 2012, 109 000 Montréalais de plus ont accès à un médecin de famille», fait valoir Diane Lamarre, candidate dans Taillon. Pour continuer sur cette lancée, une priorité du Parti québécois est d’augmenter le nombre de GMF, des regroupements de médecins de famille qui travaillent en étroite collaboration avec d’autres professionnels de la santé. Le PQ propose aussi un recours accru à d’autres professionnels de la santé, comme les infirmières et les pharmaciens, dans le traitement de problèmes mineurs, ce qui pourrait libérer les médecins de famille de certaines tâches. Il veut aussi instituer un guichet d’entrée pour la prise de rendez-vous dans les services de première ligne et de soins spécialisés, qui indiquerait aux patients le meilleur endroit pour obtenir les services appropriés. «On veut également développer un portail santé qui fournirait de l’information aux patients pour favoriser l’autosoin», souligne Mme Lamarre.
Avant de se prononcer sur la question des hôpitaux excédentaires, le PQ attend les conclusions du comité interministériel soutenu par un groupe d’experts, chargé de faire des recommandations sur leur utilisation future en fonction du contexte financier et de leur aspect patrimonial.
Miser sur de plus grandes cliniques
Yves Bolduc, Jean-Talon
Parti libéral du Québec (PLQ)
D’après le Parti libéral, il serait possible d’augmenter le nombre de personnes ayant accès à un médecin de famille en réorganisant les services de première ligne à Montréal.
«Ça passera par de nouvelles cliniques comptant des dizaines médecins, qui offriront une grande variété de services, au lieu d’avoir de petits bureaux de deux ou trois médecins comme dans l’est de Montréal, estime l’ancien ministre de la Santé Yves Bolduc. On va envoyer les nouveaux médecins dans ces nouvelles cliniques en les répartissant géographiquement plutôt que de les envoyer dans les hôpitaux.»
L’ouverture de ces cliniques permettrait aussi de désengorger les urgences, car les patients qui consultent pour des cas plus bénins se dirigeraient vers elles d’abord.
M. Bolduc affirme que le Parti libéral examinera tous les scénarios possibles pour tirer parti des hôpitaux excédentaires, en travaillant avec le ministère de la Culture et du Patrimoine.
«C’est certain qu’on ne laissera pas ces édifices-là vides. Il y a moyen de les réutiliser dans les services publics en faisant des rénovations», a-t-il souligné.
Valoriser les médecins de famille
Amir Khadir, Mercier
Québec solidaire (QS)
Québec solidaire estime qu’il faut inciter davantage les jeunes médecins à choisir la médecine de famille et à y rester.
«Quand le gouvernement favorise lourdement la rémunération des médecins spécialistes, il ne faut pas s’étonner que ça ait un impact structurel et que ça oriente de plus en plus de jeunes vers la pratique en spécialité, a analysé le candidat dans Mercier Amir Khadir. Équilibrons un peu plus la rémunération, formons davantage de médecins de famille et donnons-leur tout l’appui nécessaire pour qu’ils puissent pratiquer.»
Pour garder les médecins de famille dans les cliniques et les CLSC de certains secteurs de Montréal, où la charge de travail est lourde et où les médecins doivent faire face à beaucoup de problèmes sociaux entraînés par la pauvreté et l’itinérance, M. Khadir estime qu’il faut davantage d’infirmières, d’employés de soutien administratif et de travailleurs sociaux.
M. Khadir rappelle par ailleurs que Québec solidaire s’est joint à la coalition Sauvons l’Hôtel-Dieu. Ensemble, ils demandent que ces installations répondent d’abord aux besoins en lits de soins prolongés et de soins aigus à Montréal.
Éviter les dédoublements
Stéphane Le bouyonnec, La Prairie
Coalition avenir Québec (CAQ)
Le travail des médecins n’est pas suffisamment optimisé, selon la Coalition avenir Québec, qui croit qu’il faut réformer le système de santé pour que chaque médecin voie davantage de patients. «On mise beaucoup sur des corridors de soins», explique le candidat dans La Prairie Stéphane Le Bouyonnec. Grâce à la mise en place de ces corridors, les patients qui ont reçu un premier diagnostic dans une clinique, un groupe de médecine familiale (GMF) ou un CLSC pourraient être référés directement à un médecin spécialiste à l’intérieur d’un hôpital, plutôt que de devoir attendre d’être triés par un autre médecin généraliste à l’hôpital avant d’être envoyés au bon spécialiste. «Dans les hôpitaux, on aurait ainsi besoin de moins de généralistes, qui pourraient rester dans les GMF et les CLSC», évalue M. Le Bouyonnec.
«On trouve ça dramatique que ces bâtiments deviennent orphelins pour le moment», soutient M. Le Bouyonnec au sujet des hôpitaux excédentaires. Selon lui, il serait moins coûteux de les transformer en Centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) que de tenter de leur trouver une nouvelle vocation, surtout considérant les dizaines de milliers de lits qui manquent pour les personnes en perte d’autonomie dans la région de Montréal.
À suivre:
Cette semaine, Métro aborde cinq thèmes, sous un éclairage montréalais, avec des candidats des quatre principaux partis de la campagne électorale provinciale.
- Lundi : Santé
- Mardi : Statut de Montréal
- Mercredi : Transport
- Jeudi : Environnement
- Vendredi : Logement