Le gros œuf bien plein
Nous venons de traverser le week-end de l’impossible. Deux salles combles dans le Stade maudit, pour du baseball de surcroît et la foule de Montréal qui se rallie derrière une équipe de Toronto. Trois affaires qui étaient totalement impensables. Maintenant, je sais que tout, absolument tout se peut. Avec, en bonus, une improbable chute de neige de la fin mars qui aurait pu entraîner une autre annulation. Ce qui n’est pas arrivé, heureusement. Serait-il possible que l’on ait «élastifié» le règlement ce coup-ci afin de tenir l’événement coûte que coûte malgré la bordée? Bah, on ne s’enfargera pas dans un détail pareil, ni dans un banc de neige de la sorte…
Moi, j’y suis allé samedi. Suis parti tôt de la maison, on m’avait raconté que la veille, ça avait été le bordel dans la rotonde pour accéder à l’insigne enceinte. Imaginez-vous ma surprise quand mon premier bouchon, je l’ai rencontré à… la station de métro Place-des-Arts! Imaginez-vous donc que la changeuse n’avait justement plus de change. Pas facile… Une chance, j’ai l’habitude de «mononc» de toujours me promener avec un bon kilo de monnaie dans les poches, ce qui fait que j’ai donc pu passer directo…
Arrivé au Stade, ça devait faire un bon 10 000 ans que je n’y avais pas mis les pieds, j’ai été frappé par le côté vieillot de l’endroit. À force de parler éternellement du toit, on a complètement évacué la question de la mise à jour parfaitement normale de l’immeuble. Oh que ça ne va pas de ce côté-là… Les comptoirs alimentaires mal situés, les pissoirs insuffisants, la peinture qui pèle à plusieurs endroits. Pas beau tout de suite le monument…
Et le match? Vous savez, comment c’est, la magie du baseball finit toujours par opérer. Avant la partie, ils ont présenté les membres de la malchanceuse édition de 1994. Y’avait Felipe, John Wetteland, le gros Walker, d’autres chauves, Youppi ainsi que Rodger Brulotte, la mascotte de l’équipe qui en a profité pour se taper toutes les tribunes au moins une bonne quinzaine de fois. Il aime tellement ça…
Des bons souvenirs que je vous dis. Les souvenirs ont ça de bon : ils permettent parfois de cacher la sombre réalité du présent.
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Vous connaissez le syndrome de «la fois de trop»? Ça arrive à des athlètes qui ont connu une grande carrière mais qui ne peuvent se résoudre à quitter la table même s’ils ne possèdent plus ce petit quelque chose qui faisait d’eux des êtres d’exception dans leur discipline. Un exemple : ça fait quelques combats que le boxeur Lucian Bute illustre parfaitement le phénomène.
Dimanche après-midi, je ne qualifierai pas le malaise que j’ai ressenti quand j’ai entendu Janette Bertrand prononcer des âneries pareilles à propos de ces hommes venus d’ailleurs qui allaient finir par prendre possession de la piscine de son immeuble résidentiel. Cette femme, qui a eu une contribution majeure pour le Québec moderne, vient d’ajouter un mauvais épisode à son parcours étincelant. Et on ne manquera pas de le rappeler quand viendra le moment de faire son éloge. Tout ceci est d’une infinie tristesse.
J’espère que les «penseurs» de l’image péquiste qui l’ont invitée à prendre la parole lors de ce rassemblement politique s’en veulent un peu aujourd’hui.
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C’était ma dernière chronique avant le scrutin du 7 avril prochain. Cette campagne fut, et de loin, la plus grotesque de toute notre histoire. Pis là, va falloir aller voter. B-r-a-v-o…
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.