Donner une voix à l'autisme
L’artiste rosemontoise, âgée de 46 ans, a reçu son diagnostic en même temps que son fils, il y a environ quatre ans.
« Quand Luka était petit, j’ai commencé à remarquer des signes étranges. Par exemple, du jour au lendemain, il a commencé à refuser que je l’appelle par son prénom. Il voulait que je l’appelle Train bleu. Il refusait aussi que je lui parle directement. Je devais interagir avec lui en faisant parler ma main », relate la Péruvienne d’origine.
Intriguée, elle consulte pédiatres et psychiatres qui détectent chez l’enfant le syndrome d’Asperger. Lorsqu’ils lui en expliquent les symptômes, Mme Guerrero reconnaît certains traits de sa propre personnalité. Elle décide donc, elle aussi, de consulter des spécialistes qui confirment ses doutes : elle aussi en est atteinte.
Loin de ressentir un choc, elle vit plutôt cette annonce comme un soulagement.
« Toute ma vie, j’ai eu l’impression d’être différente et exclue. Je me demandais pourquoi et j’éprouvais de la culpabilité de ne pas être comme les autres. Je ne comprenais pas pourquoi la vie était ainsi faite et je me questionnais beaucoup. J’ai finalement trouvé ma réponse », dit-elle avec aplomb.
Après des années à faire semblant et à essayer de « rentrer dans le moule », Mme Guerrero décide d’assumer pleinement sa différence.
« J’essayais d’imiter les autres. Je riais quand les autres riaient, même si je ne comprenais pas ce qui était drôle. Je faisais semblant de comprendre les doubles sens, etc. Puis, quand j’ai découvert qui j’étais vraiment, j’ai commencé une recherche intérieure et j’ai constaté une évolution positive. J’ai choisi d’être cohérente avec qui j’étais vraiment et de montrer ma vraie nature. Ç’a m’a aidée à m’affirmer », confie-t-elle.
Si au quotidien, elle et son fils vivent bien avec le syndrome d’Asperger, Mme Guerrero concède cependant que cela a des répercussions sur leur vie. En plus de suivre une routine stricte, ils se sont adaptés en respectant leurs limitations. L’hypersensibilité des sens étant un des symptômes du syndrome d’Asperger, ils évitent la surstimulation de ceux-ci.
Défendre la cause
Mme Guerrero a décidé de s’engager activement pour faire avancer la cause de l’autisme, qui demeure pour plusieurs, un sujet tabou.
« Plusieurs hésitent à avouer publiquement qu’ils sont autistes, de peur de passer pour un déficient mental ou un incapable. C’est ce qui m’a poussée à créer Aut’Créatifs, un mouvement pour la valorisation de l’autisme chez les personnes adultes », mentionne-t-elle.
Créé à l’automne, le groupe compte déjà une quinzaine de membres des quatre coins du Québec. Ensemble, ils traitent de sujets qui les concernent et souhaitent donner de la visibilité à la cause.
« Ce sont souvent les spécialistes qui parlent de l’autisme. Or, nous sommes capables de parler de notre propre expérience. Ça permet d’apporter une nuance, car au lieu de simplement de parler des mauvais côtés du syndrome d’Asperger, on peut aussi montrer nos talents et ce qu’on peut apporter à la société », soutient-elle.