Huit millions $ pour un campus «intelligent»
En plein cœur du Technoparc Montréal, Saint-Laurent prépare un projet unique: une rue intelligente. Le maire, Alan DeSousa, espère que cette initiative permettra de positionner l’arrondissement en tant que chef de file dans l’application du concept de «ville intelligente.»
Pour y arriver, Saint-Laurent investira 8 M$ afin de tester plusieurs technologies numériques novatrices.
«Notre espoir est que ce campus devienne une vitrine canadienne des technologies propres de pointe», déclare M. DeSousa.
Des technologies propres
La rue principale qui traversera le parc sera bordée de technologies, qui «permettront d’offrir des services à moindres coûts, d’améliorer notre efficacité et de diminuer notre empreinte écologique sur le territoire», a-t-il ajouté.
On y trouvera notamment des lampadaires à intensité variable, qui s’adapteront à la densité de passants, ainsi que d’autres types d’éclairage contrôlé à distance. Des panneaux de signalisation placés aux abords de la route s’adapteront aussi en temps réel aux réalités du milieu.
Des senseurs permettront également de détecter les taux d’humidité et de dioxyde de carbone, la température ressentie ainsi que la présence de vents. Enfin, des capteurs vérifieront le niveau d’eau dans les bassins afin d’éviter les déversements.
Pour encourager les déplacements actifs, le transport en commun sera facilité par l’installation d’écrans interactifs dans les arrêts d’autobus.
Les appels d’offre pour le chantier de l’Éco-Campus devraient être lancés dès ce printemps. Les travaux sont prévus pour 2016.
Une vitrine
«L’objectif, c’est de tester le maximum d’outils, indique le maire. Si tout fonctionne à la hauteur de nos attentes, ils pourront être réutilisés dans d’autres projets ailleurs à Montréal ou au Québec. Nous travaillerons en étroite collaboration avec la ville afin de faire un suivi de nos démarches. Nous leur présenterons le bilan des bénéfices et de l’efficacité de chaque projet.»
Le maire a discuté de son initiative avec TC Media jeudi matin, alors que le maire de Montréal, Denis Coderre, présentait au même moment sa stratégie 2014-2017 «Montréal, ville intelligente et numérique».
En plus d’un réseau WiFi ouvert au Centre-Ville et au Vieux-Port, la ville souhaite que ses citoyens aient accès au plus grand nombre de données possibles, soit les horaires d’autobus et de chargement de la neige, ainsi que les heures d’ouverture des piscines publiques et des bibliothèques.
«Personnellement, je trouve la vision de Saint-Laurent très intéressante et très porteuse, indique Harout Chitilian, responsable du dossier de la «ville intelligente» à Montréal. On compte les accompagner et apprendre de leurs réalisations. Je suis certaine que ce campus en inspirera plusieurs autres et sera un modèle pour la future construction ou la remise en état de campus ou de parcs industriels.»
Ce n’est pas la première fois que Saint-Laurent inspirera Montréal par ses pratiques «intelligentes». En 2013, l’arrondissement a installé sur les boulevards Alexis-Nihon et Toupin des lampadaires à diodes électroluminescentes (DEL); le passage aux DEL se poursuit également dans les parcs et les sentiers, lorsque l’éclairage doit être remplacé.
Il a également demandé aux fournisseurs désireux de participer au projet d’offrir un système d’éclairage à niveaux variables. Le projet a permis de réduire la pollution lumineuse et la consommation d’énergie de 40%.
Une multitude de technologies ont été pré-évaluées avant d’être approuvés par l’arrondissement pour le campus Hubert-Reeves. Certains, dont celui de trottoir chauffant, ont été abandonnés, étant considérés comme trop coûteux par rapport aux bénéfices envisagés.
Les premiers bâtiments prévus, d’une valeur de 175 M$, accueilleront des petites entreprises spécialisées dans les technologies propres, comme les systèmes de décontamination et les capteurs solaires; une idée prometteuse, selon Philippe Lupien, professeur à l’École de design de l’UQAM.
«Les innovations «intelligentes» que proposent Saint-Laurent tombent sous le sens. Elles existent sur le marché, et tout le monde devrait déjà les utiliser. Par contre, l’idée d’installer des entreprises qui réfléchissent à ses technologies est beaucoup plus intéressante. C’est un investissement pour le développement économique et durable, et pour l’avenir de l’arrondissement. Ça s’inscrit dans le futur,» souligne-t-il.
Le futur Eco-campus se trouve au sud du parc scientifique du Campus Saint-Laurent de Technoparc Montréal, aux abords de l’aéroport de Montréal. Près de 70 000 m2 d’espace à bureaux et d’ateliers (soit l’équivalent de 12 terrains de football) seront répartis dans six à huit bâtiments, construits selon des technologies vertes, en symbiose avec le milieu naturel adjacent.