Le communautaire en colère
Les organismes communautaires de toute la province, et une large partie de ceux de Rosemont et de La Petite-Patrie, étaient en grève les 2 et 3 novembre, et ont défilé dans les rues de Montréal pour dénoncer les mesures d’austérité du gouvernement de Philippe Couillard.
La coalition contre la pauvreté, qui regroupe plusieurs organismes de La Petite-Patrie comme le Mouvement Action-Chômage, le comité logement et l’Écho des femmes, a décidé de participer activement à la manifestation, aux côtés de centaines d’autres.
« Le pire des mesures d’austérité, pour nous, c’est l’incertitude et l’instabilité dans lesquelles ça nous met, comme travailleuses, et encore plus, celles avec qui on travaille, qui sont déjà fragiles et vulnérables », explique Silvia Martinez, intervenante en santé mentale à l’Écho des femmes. Elle ajoute que ce qu’elle aimerait du gouvernement, c’est une reconnaissance du travail et financière.
Le stress se fait également sentir du côté du comité logement de La Petite-Patrie. « Nous, on ne reçoit jamais aucune indexation. Il y a des coupures dans les services sociaux, et nous, qui avons des missions de défense des droits et de justice sociale, on se retrouve avec des besoins de plus en plus criants. Mais on est aussi obligé de couper dans les heures de travail, comme c’est le cas du comité logement » se désole Anne Thibault, coordonnatrice à l’organisme.
Pour elle, les revendications sont claires : il faut que le gouvernement donne 225 millions de dollars aux organismes d’action communautaire, demandés par la campagne « Je soutiens ma communauté, je soutiens le communautaire », et 40 millions injectés dès maintenant dans les organismes de défense des droits afin qu’ils maintiennent leurs activités.
Le village de gaulois, à l’année longue
Pour la manifestation du 3 novembre, la coalition avait préparé des pancartes faites en forme de bouclier, sur le long, où on pouvait y lire « Petite-Patrie, solidaire et en colère ». « On voulait faire comme les Gaulois qui résistent, ou encore, se faire une carapace comme les tortues pour qu’on résiste à l’austérité », explique Marie-Pier Riendeau, coordonnatrice de Halte la Ressource.
Avant la manifestation, la coalition s’est rencontrée afin d’établir un plan d’action pour les prochains mois qui inclut la mobilisation de plus d’organismes. « Il faut que nous soyons plus que six organismes dans la coalition si nous voulons nous faire entendre, mais c’est parfois difficile, quand on n’a déjà pas le temps à l’intérieur de nos organismes », confie Mme Riendeau.
Les élus municipaux absents
Aucun élu municipal de Rosemont-La Petite-Patrie n’a pu prendre part à la manifestation. Le responsable des communications Serge Fortin a fait savoir au Journal qu’ils étaient « de tout cœur » avec les groupes communautaires du quartier. M. Fortin a expliqué que les élus étaient retenus par de nombreuses études de dossiers à l’hôtel de ville.
Françoise David, députée de Québec solidaire dans Gouin, a salué la grève du mouvement communautaire par voie de communiqué. « Des groupes qui ferment leurs portes ou interrompent volontairement leurs activités et leurs services en guise de protestation, c’est inusité. La coupe est pleine pour qu’ils en viennent là! Force est de constater que l’austérité frappe tout le monde et a des impacts partout », pouvait-on y lire.
Jean-François Lisée, député du Parti québécois dans Rosemont, était quant à lui présent à la marche, accompagné de son attachée de presse. « Je ne voyais pas où je pouvais être ailleurs qu’ici aujourd’hui. Le tissu communautaire est tellement important dans Rosemont, et dans la vie de milliers de Québécois et de Québécoises, ça me paraît essentiel de le soutenir. Je continue de porter les dossiers du rehaussement du financement de la mission de base, la stabilité du personnel et la création d’un régime de retraite intéressant pour les organismes et les employés du milieu communautaire », explique le député.
Le mouvement communautaire compte continuer à faire des actions tout au long de l’année si les choses ne bougent pas.
La coalition contre la pauvreté, qui regroupe six organismes de Rosemont-La Petite-Patrie, s’est jointe à la manifestation nationale du mouvement communautaire pour dénoncer les mesures d’austérité du gouvernement Couillard.