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RIDM: David Bryant dans la zone

Photo: RIDM

Présenté dans le cadre des Rencontres internationales du documentaire de Montréal, Ondes et silence, de Karl Lemieux et David Bryant, explore l’univers de gens qui souffrent d’hypersensibilité électromagnétique.

L’expérience est assez sidérante. S’il ne dure que 14 minutes, l’essai produit par l’ONF offre plus à voir, à entendre et à ressentir que bien des longs métrages. Sur une narration de femmes qui cherchent à se protéger des ondes, les images se déchaînent, se dévorent et s’enlacent, passant allègrement du noir et blanc à la couleur. La musique éthérée résonne, prête à imploser à tout moment. Un peu plus et on se croirait devant un film de science-fiction comme Stalker ou Solaris, avec ces champs électromagnétiques en guise de fantômes.

«Tarkovski est une immense source d’inspiration pour moi, reconnaît son coréalisateur David Bryant, connu pour son apport au collectif culte Godspeed You! Black Emperor. J’adore sa façon de manipuler les éléments… J’ai déjà participé à des animations, mais c’est beaucoup plus difficile lorsqu’il y a des dialogues. J’ai essayé d’être minimaliste, subliminal, en jouant beaucoup sur les fréquences. Les personnages sont en quête de silence et c’est cet aspect sonore qu’il fallait exploiter.»

Ce serait pourtant injuste de réduire cet effort à un trip expérimental. «On ne voulait pas d’un documentaire didactique, explique son créateur, qui fuit généralement les entrevues comme la peste, mais qui nous a téléphoné de Grande-Bretagne après un test de son. On voulait explorer, déchiffrer, essayer. Au début, le sujet nous importait peu : c’était le processus de création qui prévalait. Mais on a fini par être impliqués émotionnellement à l’égard de ces gens.»

«On a essayé de créer un monde où on peut se perdre. Il n’y a rien de traditionnel là-dedans.» David Bryant, réalisateur

Des personnes comme Katherine et Nicols qui sont électro-sensibles et qui souffrent, incapables de trouver un havre de paix. Elles ont beau se réfugier en Virginie-Occidentale dans une «zone nationale de silence radio», leur quiétude est maintenant troublée par des journalistes sensationnalistes. «Les convaincre a été long, avoue l’adepte de l’écrivain J.G. Ballard et du cinéaste Fréderick Wiseman. Elles ont eu de mauvaises expériences par le passé et ont peur de ne pas être prises au sérieux… Leur maladie en dit long sur le fait de vivre dans le monde réel, avec ce Wi-Fi qui est partout et tout ça.»

Plus de liberté
Même si David Bryant a passé deux années à peaufiner Ondes et silence, ce film a presque été des vacances de sa formation Godspeed You! Black Emperor. «Dans Godspeed, tout est toujours plus compliqué, admet le musicien. Il y a plus de gens et les décisions se prennent en groupe : ce qui prend des heures et des heures. C’est un combat. Travailler avec Karl (Lemieux) me libère d’un poids et me donne plus de liberté. C’est un dialogue entre deux personnes, pas un chaos entre huit.»

Ondes et silence
À Excentris jeudi à 20 h 30 et à la salle Jean-Claude-Lauzon du Pavillon Judith-Jasmin vendredi à 17 h 45

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