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Environ 82% des ruisseaux disparus à Montréal

Ruisseau Bertrand, au niveau de la rue Frederick Banting, dans le Technoparc à Saint-Laurent, Montréal, QC, le 2 avril 2016. Coulée verte du ruisseau Bertrand. Photo: TC Media- Archives- Johanna Pellus

L’île de Montréal aurait perdu 82% de ses ruisseaux en près de 150 ans, selon l’estimation d’une professeure en aménagement à l’école d’architecture de l’Université de Montréal, Valérie Mahaut, qui propose le développement de nouvelles rivières dans la métropole.

Durant quatre ans et demi, elle et son équipe ont travaillé à répertorier les anciens cours d’eau de la métropole en consultant une trentaine de cartes historiques. La cartographie des anciens cours d’eau de Montréal ferait défaut alors que seulement deux sont présentement utilisées comme outil de référence.

«On a répertorié 337 kilomètres à partir de la moitié du 19e siècle il existe encore actuellement 59 kilomètres de ruisseaux. Il y a donc 18% qui subsistent», expose Mme Mahaut, architecte de formation.

Selon la chercheuse, le nombre d’anciens cours d’eau disparus pourrait être plus élevé encore. «On n’a pas pu prendre des cartes hyper détaillées de chaque quartier. Il y a peut-être des plus petits ruisseaux qu’on n’a pas encore répertoriés sur la carte», indique-t-elle.

Professeur au département de génie de la construction à l’ÉTS, François Brissette fait valoir que les impacts de la disparition des ruisseaux sont multiples au point de vue environnemental.

«Le premier impact est au plan des îlots chaleur. Les ruisseaux aident à diminuer les températures», mentionne-t-il, ajoutant que la biodiversité se retrouve aussi affaiblie sans cours d’eau.

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Urbanisme

L’urbanisation explique en bonne partie cette perte des cours d’eau. «C’est un phénomène qui existe dans toutes les villes occidentales. C’est typiquement l’urbanisation qui a voulu assainir des zones de marécages», explique la professeure.

La plupart des ruisseaux disparus ont été canalisés. «Ils n’ont donc pas disparu en réalité, mais ils ont disparu de la vue, de l’espace public. C’est probablement l’origine des anciennes canalisations d’eaux usées», avance Valérie Mahaut, qui est une des seules spécialistes en rivière urbaine au Québec.

Contrairement à Montréal, Toronto a su garder une bonne partie de ses ruisseaux. «Ça leur fait donc des parc linéaires. Ils ont gardé une zone verte sur l’aire de drainage», fait valoir M. Brissette.

Nouvelles rivières

La professeure de l’UdM a voulu faire ce recensement pour aider au développement de projets de récupération d’eau pluie.

Selon Mme Mahaut, la gestion de l’eau de ruissellement est plus ou moins efficace à Montréal, notamment parce que bien souvent elle se mélange avec les eaux usées. Le réseau d’assainissement atteint souvent aussi sa capacité lors des grosses pluies et l’eau déborde vers les cours d’eau et les rues.

Elle propose donc l’aménagement de nouveaux ruisseaux comme alternative à la gestion de l’eau de pluie qui éviterait de se diriger vers les égouts.

«L’idée n’est pas de retracer les anciens ruisseaux, mais de faire de nouvelles rivières, et en réalité, il y a beaucoup de chances qu’elles soient près des anciennes», mentionne la chercheuse.

Mme Mahaut participe à monter un groupe nommé Bleue Montréal, une coordination de WWF-Canada, en collaboration avec une biologiste de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et la firme en génie civil Vinci consultants. Le groupe présentera des projets de nouveaux ruisseaux.

Depuis quelques mois, le groupe a entrepris des discussions avec certains arrondissements.

«On s’entend que les nouvelles rivières, il faudrait les construire par petits bouts. Le projet en lui-même, il faudrait le scénariser sur une période de 30-50 ans», précise la professeure.

Certaines villes ont remis à ciel ouvert des ruisseaux canalisés pour amasser les eaux pluviales. Toutefois, elle estime que cette solution serait impossible à Montréal en raison du mélange des eaux usées avec les eaux de pluie.

La spécialiste en développement durable croit que ses recherches seront aussi utiles au travail des historiens et des archéologues. Le grand public pourra aussi mieux comprendre l’aménagement urbain de Montréal grâce aux cartes.

Valérie Mahaut présentera le fruit de ses recherches lors d’une conférence publique à l’Université de Montréal, le 29 novembre, de 17 h 30 à 18 h 30, à l’auditorium du pavillon de la Faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal. Les cartes seront exposées dans le hall principal de 10 h à 19h. Réservation souhaitée.

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