D’un coup que ça marcherait
Mes hommages. J’habite Montréal depuis bientôt 15 ans, fière utilisatrice des transports en commun et de mes deux jarrets qui me véhiculent lors de mes menus déplacements. Bon; je fais ma fraîche pas-de-char, mais n’ayant pas de permis de conduire, ce serait pousser mémé dans les orties que de m’enorgueillir de ne pas conduire un Hummer (à bord duquel je hurlerais nul doute aigu avant d’emboutir un chêne centenaire). Toujours est-il que j’apprécie toute la diversité qui m’entoure dans mon petit quartier où les arbres s’embrassent.
Et dès que la belle saison se dévoile le poitrail, on est un joli paquet de monde à vouloir s’exposer la falle au soleil. À vouloir se faire aérer les bottines et se délier lesdits jarrets devant le printemps qui nous promet ses cornets trempés dans les pinottes. C’est de toutes les beautés, tout ce monde au regard brillant qui a soudain quelque part où aller. Mais un troupeau de pétillants qui a soudain quelque part où aller à pied, à vélo, en longboard, en spider ou en berline, ça fait pas mal de projets qui se croisent. Ça élève aussi le risque de mollets écorchés par un pare-choc, de vélos qui prennent le Camp et de semi-crises cardiaques après avoir évité un face à face avec une trottinette ou ce VUS duquel on pouvait entendre Mr Sandman, bring me a dream pulser des fenêtres à des pâtés à la ronde.
Forte de ces pertinentes observations de gens qui grouillent et qui profitent, la Ville de Montréal suggérait ce mardi d’audacieux changements dans son mémoire sur la révision du Code de la sécurité routière. La possibilité pour les cyclistes de tourner à droite aux feux rouges, après avoir ralenti et cédé le passage aux autres usagers, entre autres. Des protections latérales pour les véhicules lourds. L’autorisation aux enfants de circuler à vélo sur les trottoirs. De petites et grandes idées à l’étude, dans le but de mieux cohabiter. D’essayer que ça se passe mieux, sans le cynisme des réfractaires à tout. Savez-vous? J’HAÏS PAS ÇA. Et je ne m’exprime pas même au nom des cyclistes, avec qui je partage la route, mais dont je n’embrasse pas le véhicule parce que la canaille que je suis n’a pas les nerfs assez solides pour se transporter sur deux roues en pleine ville. Je ne suis ni du bord des marcheux, ni de celui des béciques à pédales ou des gazolineux (que je souhaiterais tout de même moins nombreux). Je me permets toutefois de froncer les sourcils quand un brave automobiliste furax d’avoir perdu son mont Royal accuse Valérie Plante d’être trop «pro-vélo» en cédant «aux enfantillages» des cyclistes. De lui enlever sa oh henry! de chauffeur qui aime ça, quand les affaires changent pas. Quand c’est juste la faute aux vélos. Aux piétons fous raides hypnotisés par leur iPhone. Aux oiseaux qui regardent pas oùsse qu’ils vont. Tous les mêmes, ces damnés oiseaux qui se sacrent devant les chars.
Est-il envisageable de se partager le privilège, juste un peu, l’espace d’un possible? D’examiner l’hypothèse? DE SE CALMER LE PET? D’un coup que ça marcherait.
La bise.