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Bibliothèque de Pierrefonds: des «manœuvres frauduleuses» dénoncées

bibliothèque de Pierrefonds
La nouvelle bibliothèque de Pierrefonds-Roxboro alors qu'elle était toujours en construction, en 2018. Photo: François Lemieux/Cités Nouvelles

Un rapport du Bureau de l’inspecteur général (BIG) rendu public lundi conclut que l’entreprise qui a été responsable du réaménagement de la bibliothèque de Pierrefonds a commis des «manœuvres frauduleuses» qui ont fait gonfler le coût des travaux payés par la Ville de Montréal.

Un an après le lancement d’un appel d’offres, l’entreprise Les Constructions Lavacon Inc. a été déclarée en 2017 le plus bas soumissionnaire sur les 10 soumissions présentées avec un contrat de 20,3M$ concernant l’agrandissement et le réaménagement de cette bibliothèque municipale. Ces travaux, terminés à l’automne 2018, comprenaient notamment la réfection complète de l’immeuble et l’ajout de nouvelles technologies pour faciliter la gestion documentaire.

Pour concrétiser ce projet, l’entrepreneur a conclu une entente avec 30 sous-traitants dans laquelle ces derniers s’engageaient à lui donner une cote de 5 à 10% de la valeur de leurs travaux «pour chaque directive de changement», ce qui a incité les sous-traitants à gonfler le prix de leurs travaux.

Sur les 10 sous-traitants ayant été rencontrés par le BIG, quatre ont confirmé ont confirmé «avoir haussé les prix de leur estimation lors des directives de changement pour compenser l’escompte devant être consenti» à l’entrepreneur.

«Les sous-traitants rencontrés ont bien expliqué que s’ils ne haussent pas le prix de leurs estimations, ils doivent sacrifier la majorité de leur profit pour l’exécution de ces directives de changement», indique le rapport d’enquête du BIG, qui a été réalisé à la suite d’une dénonciation anonyme.

«[L’entrepreneur] Lavacon s’est placé dans une situation de conflit entre ses propres intérêts et ceux de la Ville de Montréal puisqu’il a retiré des avantages financiers [en faisant en sorte que] les travaux soient faits au coût le plus élevé possible.» – L’inspectrice générale, Brigitte Bishop.

Ce processus opaque, dont la Ville de Montréal n’a été informée «à aucun moment» pendant les travaux, démontre que «Lavacon cherchait à s’enrichir au détriment de la Ville de Montréal en contournant ses obligations contractuelles», souligne l’inspectrice générale, Brigitte Bishop, dans son premier rapport depuis son arrivée à ce poste en décembre dernier.

La Ville de Montréal n’a ainsi «pas payé le juste prix qu’elle aurait dû payer pour les travaux des sous-traitants lors des directives de changement en raison des ententes», ajoute Mme Bishop.

Agissements «inacceptables»
«On va mettre en place des moyens de réprimander cet entrepreneur-là. C’est tout à fait inacceptable de voler l’argent des Montréalais comme ça», a réagi lundi la mairesse de Montréal, Valérie Plante, lors d’un point de presse à l’hôtel de ville.

L’inspectrice générale recommande que l’entreprise Lavacon soit ajoutée au Registre des personnes inadmissibles aux contrats de la Ville de Montréal pour une période de cinq ans et que la Ville développe des mesures de contrôle plus serrées soient mise en place afin d’assurer «l’intégrité et la transparence» dans la facturation de tels projets.

Valérie Plante n’a toutefois pas voulu s’avancer les mesures de contrôle supplémentaires qu’entend mettre en place son administration.

«On est ouverts à tout. On va s’assurer que les Montréalais quand ils déboursent, qu’ils aient le retour de la pièce», a-t-elle déclaré.

L’entreprise rétorque
Dans un communiqué diffusé en fin d’après-midi, l’entreprise Lavacon, créée en 1988, a nié «catégoriquement» les résultats de l’enquête du BIG.

«Le contrat auquel on fait référence n’a aucunement fait l’objet de prix gonflés puisqu’il s’agit d’un contrat obtenu et exécuté selon un prix forfaitaire convenu et pour lesquels les suppléments octroyés l’ont été également conformément aux prix forfaitaires négociés», a écrit l’entreprise, ajoutant qu’elle entend prendre «tous les moyens à sa disposition pour faire valoir ses droits».

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