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Montréal «pourrait en faire plus» pour contrer la montée d’Airbnb, selon des organismes

Photo: Emmanuel Delacour/TC Media

Alors que le nombre d’annonces sur la plateforme Airbnb a connu une hausse de 21% sur une période d’un an, des organismes demandent à la Ville de Montréal d’«en faire plus» pour restreindre la location de logements à des touristes dans la métropole.

«En ce moment, n’importe qui fait n’importe quoi, n’importe où, n’importe quand», a déploré à Métro un organisateur communautaire du Comité Logement Ville-Marie, Gaétan Roberge, en marge d’une conférence tenue jeudi dans l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal.

Le Comité Logement du Plateau-Mont-Royal a dévoilé jeudi une étude sur la montée d’Airbnb dans la métropole et qui se base sur des statistiques produites par le professeur d’urbanisme David Wachsmuth, de l’Université McGill.

Selon cette étude, quelque 24 300 annonces ont été publiées sur cette plateforme dans l’ensemble de la métropole entre avril 2017 et mars 2018, ce qui représente une croissance annuelle de 21%. Les hôtes ont ainsi pu enregistrer des revenus de 196M$. La majorité de ces gains ont été réalisés dans les arrondissements de Ville-Marie et du Plateau-Mont-Royal, ce qui représente quelque 14 700 annonces sur une période d’un an.

Ces deux arrondissements ont adopté l’an dernier des règlements de zonage qui sont venus restreindre la présence de résidences de tourisme à des tronçons sur quelques artères commerciales, mais le conseiller du Mile-End, Richard Ryan, a reconnu récemment que ceux-ci sont souvent enfreints.

Selon M. Roberge, la Ville «pourrait en faire plus» pour contrer la présence de logements de type Airbnb en dehors des zones permises à Montréal.

«Je pense que [la Ville de Montréal] devrait aller vers des mesures plus coercitives, faire une campagne de sensibilisation et démontrer qu’à un moment donné, on ne fait pas ce qu’on veut à Montréal parce qu’en ce moment, on fait ce qu’on veut», a-t-il ajouté.

L’organisateur communautaire propose que l’administration municipale s’inspire de San Francisco, où la location de courte durée est obligatoire et se limite à un maximum de 90 jours. La ville californienne a par ailleurs mis en place une réglementation qui permet la remise d’amendes aux plateformes de type Airbnb lorsque celles-ci permettent la publication d’offres de logements qui n’ont pas été enregistrées auprès de la Ville.

Richard Ryan affirme cependant que de telles mesures seraient «très difficiles à mettre en application» étant donné que plusieurs plateformes similaires à Airbnb ont été développées dans les dernières années.

«Ce qui est important, c’est de trouver les moyens d’intervenir auprès des principales nuisances», a ajouté l’élu municipal, en référence notamment à la présence de nombreux déchets devant les résidences de tourisme de même que les risques d’éviction de locataires que représente l’essor de telles plateformes. 

Gaétan Roberge estime par ailleurs que Revenu Québec devrait disposer de plus d’inspecteurs et agir de manière plus coercitive dans l’application de la loi provinciale encadrant les résidences de tourisme de type Airbnb, issue du projet de loi 67. Les 25 inspecteurs de cet organisme gouvernemental chargés depuis juin dernier de faire appliquer cette loi se sont contentés jusqu’à maintenant d’émettre des avertissements aux propriétaires fautifs.

«Revenu Québec a des pouvoirs d’enquête, des pouvoirs juridiques, là il faut des actions coercitives. Je crois que c’est le meilleur moyen de faire respecter la loi [québécoise] et par ricochet nos règlements de zonage», a fait valoir Richard Ryan, renvoyant ainsi la balle à l’organisme gouvernemental.

Parc locatif
Selon l’étude présentée jeudi, l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal a connu une réduction de son par locatif de 5% en raison de la plateforme Airbnb, ce qui représenterait près de 2000 logements, selon l’organisatrice communautaire du Comité Logement du Plateau-Mont-Royal, Gabrielle Renaud.

«Nous perdons des appartements au profit des touristes. C’est déplorable», a-t-elle lancé en mêlée de presse après la conférence.

«L’été, quand on est dans la haute saison, tu ne peux même pas aller sur ta terrasse tranquille parce qu’il y a plein de partys tout autour. Donc, ça nuit vraiment aux locataires.» -Gabrielle Renaud, organisatrice communautaire au sein du Comité Logement du Plateau-Mont-Royal 

 

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