Un rassemblement pro-choix à Montréal en soutien aux États-Unis
Un rassemblement pro-choix a eu lieu cet après-midi à Montréal, en réponse aux lois anti-avortement adoptées lors des dernières semaines dans plusieurs États américains, dont l’Alabama.
L’objectif principal de cette marche était de soutenir les manifestations qui ont lieu depuis plusieurs jours aux États-Unis pour s’opposer à ces mesures législatives.
«Je voulais vraiment montrer qu’on est unies et solidaires avec nos voisines américaines. C’est une chose pour laquelle on doit continuer de se battre, sinon on va perdre nos droits», a expliqué à Métro l’organisatrice de l’événement, Alissa Landry.
Ne voyant aucune autre manifestation prévue dans la métropole, elle a décidé de «prendre le taureau par les cornes» et organiser elle-même un rassemblement.
Alors qu’elle s’attendait que «seulement ses amies soient présentes», ce sont plutôt des centaines de manifestantes qui se sont rassemblées près de l’Hôtel de Ville, vers 13h. La foule, qui contenait quelques hommes, s’est ensuite dirigée jusqu’au Consulat Général des États-Unis à Montréal. Des États comme l’Alabama, la Géorgie et le Mississippi ont dernièrement voté des lois pour bannir et punir à différents degrés la pratique de l’avortement.
En Alabama, le Sénat local a approuvé une législation particulièrement restrictive, qui doit entrer en vigueur dès novembre. Aucune exception n’y est prévue pour le viol ou l’inceste. Seules les femmes en danger de mort auront accès à une dérogation.
«C’est quelque chose que je n’arrive pas à concevoir», a affirmé Charlotte Boivin.
Elle s’est aussi dite alarmée par la vitesse à laquelle la situation s’est déroulée.
«Tout ça, les quatre États, ça s’est passé tellement rapidement. C’est comme si dans deux semaines, on apprenait que les femmes n’avaient plus le droit de vote. Ça va être quoi dans un an?», s’est inquiétée Charlotte Boivin.
«On a fait du chemin, mais on ne peut pas juste travailler pour avancer, on doit aussi se battre pour garder ce qu’on a acquis, et c’est ça qui est d’autant plus terrifiant», a renchéri son amie, Jeanne Ayotte.
Les deux jeunes femmes ont aussi évoqué leur préoccupation en vue des prochaines élections fédérales, alors que le débat pourrait possiblement être remis de l’avant.
En effet, le chef du Parti populaire du Canada (PPC), Maxime Bernier, un ancien conservateur, s’est montré plu
tôt flou, en affirmant sur les ondes de LCN que «si un député élu du Parti populaire veut rouvrir le débat sur l’avortement, ça sera son droit.»
Fondatrice du café féministe Les Impertinentes, Laurence Doucette s’explique mal cette volonté de rouvrir le débat alors que celui-ci «est clos».
«On a pris une décision de société, on ne va pas retourner en arrière. Il faut être vocales là-dessus pour s’assurer que ce soit clair», a-t-elle soutenu.
L’avortement n’est plus considéré comme criminel depuis 1988 au Canada.
Or, malgré les acquis, les manifestantes ont évoqué leur incompréhension à devoir se battre encore pour ces «vieux enjeux», en 2019.
«Nos mères et nos grands-mères se sont battues pour ça, et nous on est en train de le faire pour nos enfants. On espère juste que la prochaine génération n’aura pas encore à le faire. Je ne comprends pas qu’on est en train de dealer avec ça en 2019», a pour sa part lancé Léonie Gray.