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Le Parti Conservateur du Canada et la droite chrétienne

Andrew Scheer conservateur
Andrew Scheer, chef du Parti conservateur Photo: Josie Desmarais/Métro

«Je crois que nous sommes tous des enfants de Dieu», avait déclaré Andrew Scheer en mai lors d’un discours sur l’extrémisme. Fils de diacre, le chef pro-vie parle souvent de Dieu. Les croyances du chef conservateur sont bien présentes, mais comment se manifestent-elles dans sa campagne?

Selon André Gagné, spécialiste en théologie, le Parti conservateur du Canada (PCC) d’aujourd’hui est influencé par la droite chrétienne. Il estime que le parti a beaucoup changé depuis l’époque de Joe Clark ou de Brian Mulroney. « Dans les années 1990, ce parti défendait le droit à l’avortement, ainsi que les droits des personnes LGBTQ+. Aujourd’hui, on n’est plus là », explique André Gagné.

«C’est reconnu historiquement que les groupes de la droite chrétienne ont une facilité sur le plan de la mobilisation politique» André Gagné, spécialiste de la droite chrétienne

Une droite chrétienne influente

M. Gagné soutient aussi que la droite chrétienne favorise une perspective biblique et met en avant «des politiques ancrées dans la perspective que la bible est plus valable que la science». Le mariage de personnes de même sexe, l’avortement, les identités de genre, les droits LGBTQ+ et la liberté religieuse sont au cœur des inquiétudes de cette droite, explique-t-il.

Les groupes de la droite chrétienne ont pris de l’ampleur dans le paysage politique de certains pays, souligne-t-il. Aux États-Unis, 80 % des évangélistes blancs ont voté pour Donald Trump. Parallèlement, au Brésil, 70 % des évangélistes du pays ont voté pour Jair Bolsonaro. M. Gagné constate que certains groupes de la droite chrétienne aux États-Unis ont milité pour faire avancer des lois inspirées du nationalisme chrétien par l’intermédiaire du  projet Blitz. Ainsi, depuis 2017, des motions du projet Blitz forcent des écoles publiques à afficher sur leurs murs la devise «In God we Trust».

Évangélisation politique

Lors de la course à la tête du Parti conservateur, M. Scheer a promis de créer un environnement amical pour les personnes voulant légiférer sur la protection des «droits des humains à naître». 

Aujourd’hui, malgré qu’il soit personnellement pro-vie, M. Scheer a assuré que le débat sur l’avortement ne serait pas rouvert s’il était élu. En revanche, certains candidats conservateurs assument leurs positions et se montrent prêts à changer la politique du pays.

En Colombie-Britannique à Cloverdale, la candidate conservatrice Tamara Jansen, connue pour être une activiste anti-avortement, est aussi membre de l’Association for Reformed Political Action (ARPA), qui selon M. Gagné est un groupe d’évangélisation politique. 

«Le but de ces gens est de promouvoir une perspective biblique auprès des autorités civiles. Ils s’opposent beaucoup à l’éducation sur l’avortement, à l’éducation non genrée et aux droits des personnes LGBTQ+», explique-t-il.

«Le but des groupes d’évangélisation est d’avoir des gens engagés pour influencer la politique fédérale.» -André Gagné, professeur en études théologiques à l’Université Concordia

À Ottawa, la candidate conservatrice de Kanata-Carleton, Justina McCaffrey, est quant à elle membre d’Opus Dei, une organisation catholique ultraconservatrice qui condamne l’avortement, l’aide médicale à mourir et qui qualifie l’homosexualité de maladie grave.

Des lobbyistes pro-vie

L’organisme pro-vie Campaign Life Coalition (CLC), un groupe de lobby politique de la droite chrétienne, avait milité pour Andrew Scheer au moment de sa course au leadership.

Actuellement, ce groupe de lobbyistes tient une liste de candidats pro-vie qui incitent les électeurs à voter pour ceux qui sont contre l’avortement et qui militeront en ce sens à la Chambre des communes. 

Selon des informations obtenues par Métro, 142 candidats fédéraux sont sur la liste pro-vie établie par CLC. Parmi ceux-ci, 47 % appartiennent au Parti conservateur du Canada, et 18 % au Parti populaire du Canada. Les autres sont indépendants ou du parti chrétien Christian Heritage. Parmi les 67 candidats conservateurs, 24 ont rempli des questionnaires pour le groupe stipulant qu’ils voteraient pour des lois limitant l’avortement et l’aide médicale à mourir.

Questionné à ce sujet, le Parti conservateur a réitéré la position d’Andrew Scheer qui a dit qu’il ne changera pas la loi sur l’avortement s’il est élu premier ministre et a ajouté qu’il ne questionne pas ses candidats sur leurs convictions religieuses.

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