Cinq mythes sur le sucre
Le sucre: ami ou ennemi? Plusieurs croyances sont nourries par l’industrie. Voyons ce qu’il en est réellement.
Certains mythes sur cette substance ont la vie dure. C’est d’ailleurs pour cela que Métro a décidé, avec l’aide de la Dre Maridriana Vitale, coach de santé en nutrition intégrative de l’Institute for Integrative Nutrition (IIN), à New York, de battre en brèche certaines croyances populaires.
1. Le sucre est nécessaire à notre régime alimentaire.
«Le sucre blanc n’est pas nécessaire; il n’a aucune valeur nutritive. Rappelons qu’il existe des macronutriments et des micronutriments. Parmi les premiers, on compte les glucides, les protéines et les graisses. Les seconds comprennent les vitamines, les minéraux et les oligo-éléments. Tous sont importants dans les bonnes proportions», résume la Dre Vitale.
«Ce qui arrive, c’est que les glucides, en biologie, sont aussi appelés “sucres” et que tous les aliments en contiennent», poursuit la spécialiste. Mais qu’est-ce que le sucre?
D’un point de vue chimique, il s’agit d’un groupe de substances qui existent à l’état naturel, mais qui ne sont pas le sucre raffiné. L’amidon, par exemple, se compose d’unités de glucose liées entre elles. Et c’est ici que certains s’y perdent un peu. Si on parle de sucre raffiné, on peut dire que le sucre n’a pas de valeur nutritive.
Il est tout à fait possible de bien vivre sans consommer d’aliments transformés et de trouver des sucres dans le fructose, un glucide présent naturellement dans les fruits.
2. Grâce à la réglementation sur les étiquettes des produits, les gens ont tendance à moins manger de sucre.
«Dans mon livre Mamá No Más Dulces (Maman, plus de sucreries!), j’explique ce qui se passe dans l’industrie des bonbons. Il existe des preuves, qui remontent jusqu’aux années 1960 et 1970, que ces produits sont nocifs, qu’ils causent notamment des caries et des maladies chroniques, dont des cancers», explique la Dre Vitale.
«Malheureusement, bien des responsables de la santé publique ont été manipulés et soudoyés, et cette enquête n’a pu être achevée que récemment, explique-t-elle à Métro, qui recommande au passage la consultation de Sugar Science, site réunissant près de 8000 documents sur le sucre. L’industrie alimentaire a manipulé ces responsables pour qu’ils dissimulent des preuves.
Ce secteur est très lucratif, vous savez. Et il existe des stratégies sur la façon d’utiliser le sucre: le poids du produit est, par exemple, réduit en fonction de la proportion de sucre, ou bien la quantité de sucre est calculée pour créer une dépendance chez les consommateurs sans que ceux-ci se rendent compte que l’aliment renferme du sucre et pour qu’ils en deviennent dépendants en raison de la création d’un lien avec le produit.»
«Une pomme ou une banane ne stimule pas l’organisme de la même façon qu’un aliment transformé, qui est plein de produits chimiques et d’arômes artificiels destinés à provoquer un certain type de plaisir.» La Dre Maridriana Vitale, coach de santé en nutrition intégrative de l’Institute for Integrative Nutrition (IIN), à New York
3. Si on arrête de consommer du sucre, on modifie brutalement sa vie.
«Le but est de cesser de consommer du sucre, mais comme il s’agit d’une substance qui crée une dépendance, si on arrête brusquement d’en prendre, on souffrira d’un syndrome de sevrage, prévient la Dre Vitale.
Il est donc conseillé de le retirer progressivement de son alimentation, tout en augmentant l’apport d’aliments non transformés afin que le changement se fasse en douceur.
Si vous cessez brutalement de consommer du sucre, votre nourriture vous semblera insipide. Les papilles gustatives se renouvellent tous les 21 jours et, tant qu’une personne n’aura pas réduit sa consommation de sucre et rééduqué son palais, elle ne s’habituera pas au fait d’en manger moins. Vous devez vous fixer des buts à court terme et vous appuyer sur des membres de votre entourage qui s’engagent à vous aider dans votre démarche.»
4. Le sucre ne crée pas réellement de dépendance.
Cette question très débattue a fait l’objet de bien des recherches. La spécialiste est toutefois catégorique: «Il existe de nombreuses références et études consacrées à des souris dépendantes à la cocaïne. Quand elles deviennent dépendantes, on observe une augmentation de l’activité dans une certaine zone de récompense du cerveau en raison de la libération de dopamine.
Ces souris sont ensuite exposées à une solution de sucrose (sucre blanc). Après quatre semaines, on leur retire cette eau, puis on les met en présence de cocaïne et d’eau sucrée pour voir ce qu’elles préfèrent. Eh bien, elles préfèrent l’eau sucrée.
Cela signifie que, si le circuit de la récompense d’une personne est surstimulé, sa préférence ira à la substance responsable de cette surstimulation, et elle aura besoin de cette substance en quantité toujours plus grande pour éprouver la même sensation. On peut aussi se demander pourquoi les gens ne sont pas dépendants aux pommes, par exemple, ou au céleri.
Ils sont dépendants aux aliments bourrés de sucres et de graisses, parce que ces substances stimulent le palais», résume la Dre Vitale.
5. Il est difficile de cesser de manger des aliments transformés.
«Lisez toujours la liste des ingrédients, conseille la coach de santé en nutrition intégrative Maridriana Vitale. À peu près tout contient du sucre. On trouve dans certains aliments des substances au nom imprononçable; la plupart des denrées contiennent des produits chimiques et des agents de conservation. Pour éviter cela, on peut manger des produits naturels et bios. C’est un peu plus cher, mais à long terme, on économise en frais d’hôpital et on a moins de problèmes de santé.»