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Nouvelle manifestation de soutien pour un travailleur essentiel menacé de déportation

Mamadou Konaté est menacé de déportation dans son pays d'origine, la Côte d'Ivoire. Photo: Naomie Gelper/Métro

Une vingtaine de personnes se sont à nouveau réunies devant les bureaux du premier ministre Justin Trudeau, à Montréal, pour manifester leur soutien à Mamadou Konaté, un travailleur essentiel toujours menacé d’expulsion.

En septembre 2020, l’homme originaire de la Côte d’Ivoire avait été arrêté, puis détenu au Centre de rétention de l’immigration de Laval. 

Bien qu’il ait été libéré par un tribunal fédéral en novembre dernier en raison des actions politiques menées par le comité Solidarité pour Mamadou, mais aussi des interventions de la presse et du soutien des organisations communautaires, la menace d’expulsion demeure.

Mamadou Konaté, arrivé au Canada en 2016 en tant que demandeur d’asile pour échapper au conflit armé dans son pays d’origine, avait pourtant servi en première ligne comme concierge dans trois CHSLD pendant les moments de pointe de la pandémie. 

Inadmissible au programme de résidence permanente

En tant que travailleur essentiel, Mamadou Konaté serait qualifié au programme fédéral pour la résidence permanente, mais n’y est toutefois pas éligible étant donné qu’il vit au Québec. 

En effet, les critères établis par le gouvernement de François Legault limitent l’admissibilité à ce programme aux travailleurs essentiels ayant prodigué des soins directs à des personnes infectées à la COVID-19.

Selon l’organisme Solidarity Across Borders, «la nature inadéquate et hautement exclusive des exigences du programme signifie qu’environ 3000 travailleurs en CHSLD sont exclus de ses protections».

Lorsqu’il a pris la parole, Mamadou Konaté a dénoncé le traitement dont il est victime. «Pourquoi le gouvernement du Québec et son premier ministre François Legault refusent toujours de respecter les demandeurs d’asile? Est-ce que c’est parce que nos vies ne valent pas assez pour que les Québécois et Québécoises nous remercient?», a demandé celui qui a été infecté à la COVID-19 durant la première vague.

M. Konaté a l’impression que les immigrants «sont bons pour travailler, mais jamais assez [bons] pour obtenir la dignité et le respect». Il demande à la population québécoise de prendre conscience que «tous les boulots dangereux sont faits par des immigrants».

Inadmissible au statut de résident permanent

Les manifestants revendiquent que Mamadou Konaté obtienne le statut de résident permanent immédiatement, ainsi que toutes les autres personnes sans statut.

Selon Stewart Istvanffy, avocat de Mamadou Konaté, son client est inadmissible au statut puisqu’il «avait pris les armes» durant la guerre civile en Côte d’Ivoire. «Selon la clause qui le rend inadmissible, Nelson Mandela serait inadmissible au Canada. Il y a vraiment des problèmes très importants avec l’inadmissibilité pour la sécurité et pour la criminalité ici au Canada», a-t-il affirmé.

Pour la responsable des campagnes d’Amnistie internationale Canada francophone, Marisa Berry Méndez, c’est le statut migratoire précaire des gens comme Mamadou qui fait en sorte qu’ils ne peuvent pas exercer et jouir de l’ensemble de leurs droits humains. «La régularisation des statuts est la meilleure façon pour le Québec et le Canada de protéger les droits humains des personnes migrantes, et de respecter leurs obligations juridiques internationales en matière de droits humains en même temps», a-t-elle souligné.

Le député fédéral du Nouveau Parti Démocratique Alexandre Boulerice, ainsi que l’élu provincial de Québec Solidaire Andrés Fontecilla étaient présents pour manifester leur soutien à Mamadou Konaté.

«Les Libéraux de Justin Trudeau devraient avoir honte de déporter quelqu’un comme ça, qui a travaillé, qui s’est sacrifié, qui a aidé nos aînés et nos personnes âgées. [Quelqu’un] qui veut travailler dans notre société et qu’on fout dehors à cause de règles complètement absurdes», a déclaré M. Boulerice. 

«Nos grands-parents, vos grands-parents ont été soignés par Mamadou et par des milliers d’autres….Et puis à un moment donné, on n’a plus besoin de vous! Voilà, vous perdez votre travail! Et dans le cas de Mamadou et celui d’autres, c’est la menace de renvoi vers des pays où il y a la COVID-19 encore et des violations de la personne», a ajouté M. Fontecilla. 

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