Les élus montréalais font «front commun» pour la création de maisons d’hébergement
Montréal a connu fin juillet son 14e féminicide en un an et à la pandémie de Covid-19 s’ajoute cette «pandémie de l’ombre», celle des femmes victimes de violences conjugales. Parce que l’hébergement manque à Montréal et peine à répondre aux besoins sur le terrain, les élus ont adopté à l’unanimité une motion pour en faire une priorité municipale.
Cette motion intitulée Motion pour prioriser la création de maisons d’hébergement de 2e étape à Montréal dans un contexte de féminicides majeurs déposée par l’opposition officielle, Ensemble Montréal, intervient dans un contexte propice.
En effet, le 13 août dernier, le gouvernement fédéral a annoncé une enveloppe de 46,3 M$ destinée à Montréal pour la seconde phase de l’Initiative pour la création rapide de logements (ICRL) qui, dans ses critères d’admissibilité, priorise les clientèles vulnérables dont les femmes et enfants victimes de violence conjugale ou familiale.
Or à l’heure actuelle, l’Alliance des Maisons d’hébergement 2e étape rapporte que 200 logements manquent et que 5 projets sont en cours de développement, pour une cinquantaine d’unités. Pour Karine Boivin Roy, leader de l’opposition officielle, à l’initiative de la motion «il faut accélérer leur construction», et faire «un front commun dans ce dossier car les besoins sont grands.»
«On ne peut pas faire la sourde oreille, [on doit] offrir les ressources en hébergement et ça devrait être notre priorité, que ce soit au niveau provincial ou municipal.»
Karine Boivin Roy, Leader de l’Opposition officielle, membre d’Ensemble Montréal.
Robert Beaudry, responsable de l’Habitation pour la Ville de Montréal s’est dit «très préoccupé» par l’enjeu des féminicides et de la violence conjugale. Il assure que «25% de l’enveloppe budgétaire de ICRL doit aller à des projets dans la lutte contre les violences conjugales et les féminicides.»
Il précise que la ville a «intensifié ses actions» et «soutient le développement d’hébergement de 2e étape». Fin juillet, la ville avait annoncé la mise en place du projet pilote d’une cellule de crise pour les femmes victimes de violence.
Mme Boivin-Roy en entrevue avec Métro, avait qualifié cette initiative de «pas dans la bonne direction» mais ajoute que «celle-ci n’est pas suffisante». une prise de position collective sur l’enjeu des féminicides, un front commun dans ce dossier car les besoins sont grands
«Il faut que la machine suive»
L’Alliance accueille positivement l’adoption de cette motion. Elle s’attend «à ce que la machine suive pour assurer la sécurité des femmes victimes de violence et fournir les logements nécessaires», explique Gaëlle Fedida, coordonatrice aux dossiers politiques pour l’Alliance.
La coordonnatrice aux dossiers politiques rappelle que les hébergements 2e étape — qui accueillent des femmes pour une durée variant entre trois et 24 mois — jouent un rôle essentiel pour sécuriser physiquement les femmes victimes de violence. Cependant, l’Alliance, qui compte 6 maisons d’hébergement 2e étape, a dû refuser près de 75% des demandes au cours de la dernière année.
«Ce manque de place dans les maisons d’hébergement, c’est un enjeu qui existe depuis plusieurs années», ajoute-t-elle en précisant que «les choses ont bougé depuis le printemps.»
Les maisons membres de l’Alliance des maisons d’hébergement de 2e étape ont hébergé l’an dernier 503 femmes et enfants dans un parc de 118 logements et 27 chambres.
«Les projets sur la table doubleraient la capacité d’hébergement de 2e étape à Montréal et le fait d’ouvrir des appartements de 2e étape, ça libère des places dans les refuges d’urgence.»
Gaëlle Fedida, coordonnatrice aux dossiers politiques pour l’Alliance.
Gëlle Fedida espère que l’adoption de cette motion, à l’unanimité, par les élus montréalais «permettra de concrétiser des offres d’achat en attente.»