Cadre financier: guerre de chiffres entre Projet Montréal et Ensemble Montréal
Projet Montréal et Ensemble Montréal se sont livrés à une guerre de chiffres jeudi, lors de la présentation de leur cadre financier respectif. L’un et l’autre s’accusent d’être incohérent ou incompétent.
Projet Montréal, le parti de Luc Rabouin, a calculé des dépenses additionnelles de 649,2 M$ sur quatre ans pour remplir ses promesses électorales. Ce chiffre comprend à la fois des dépenses récurrentes ainsi que le service de la dette créée par les nouveaux investissements, comme le Réseau express bus.
Le parti compte financer ces promesses grâce à des nouveaux revenus totalisant 354,2 M$ sur quatre ans. Ces revenus proviennent principalement de la croissance des taxes foncières de 2% à 3% par année. Une administration Rabouin-Katahwa réorganiserait aussi les dépenses et les priorités de la Ville pour dégager 441,5 M$ supplémentaires. Projet Montréal calcule donc un surplus de 146,4 M$ pour ses promesses électorales.
Ensemble Montréal économe
Du côté d’Ensemble Montréal, le parti de Soraya Martinez Ferrada prévoit des dépenses additionnelles de seulement 302,8 M$. Cette somme serait épongée par l’abolition de 1000 postes pour des économies totales de 320 M$.
Le parti prévoit aussi une croissance plus lente des revenus de taxes: seulement 128,8 M$ sur quatre ans. Le surplus généré par la plateforme électorale serait donc de 145,9 M$.
Le cadre financier d’Ensemble Montréal ne comprend toutefois pas le service de la dette généré par les nouveaux investissements. En appliquant le ratio utilisé par Projet Montréal aux investissements d’Ensemble Montréal pour la période 2026-2029, on arrive avec environ 48 M$ en service de la dette. Le surplus pourrait donc fondre à environ 98 M$.
Projet Montréal estime que son principal opposant manque de cohérence et de clarté. Il estime que les promesses d’Ensemble Montréal coûteront presque 2 milliards de dollars à la Ville.
Cette projection soulève des questions quant à la cohérence et la faisabilité de leurs engagements, notamment face à leur promesse simultanée de réduire 1 000 postes sans affecter les services et de limiter la croissance des taxes municipales au niveau de l’inflation. À ce jour, aucune nouvelle source de revenus n’a été identifiée pour financer l’ensemble de ces mesures, laissant planer un doute sérieux sur l’équilibre de leur cadre financier
Extrait du cadre financier de Projet Montréal
Des économies sans coupures
Surprenamment, le parti de Luc Rabouin prévoit dégager encore plus de sommes avec des «réorganisations» et des «optimisations» que celui de Soraya Martinez Ferrada. Contacté pour des détails supplémentaires, le parti souligne qu’il ne s’agit pas de coupures de postes. Projet Montréal souhaite revoir les priorités de la Ville.
Le parti n’a toutefois pas précisé dans quels programmes seraient amputés pour financer les nouvelles promesses.
De la foutaise selon Claude Pinard, l’éventuel «numéro deux» de la Ville si Ensemble Montréal remporte les élections.
Projet Montréal continue de jouer avec les chiffres comme s’ils pouvaient tromper tout le monde. C’est fini la désinformation. Huit ans d’incompétence, ça laisse des traces — et nous allons remettre de l’ordre dans les finances de la Ville.
Claude Pinard, candidat d’Ensemble Montréal dans Ville-Marie
Luc Rabouin et Soraya Martinez Ferrada s’affrontent ce soir lors d’un ultime débat des chefs. Ils croiseront aussi le fer avec Craig Sauvé de Transition Montréal et Gilbert Thibodeau d’Action Montréal.
En chiffres
| Projet Montréal | Ensemble Montréal |
| Dépenses additionnelles (sans service de la dette): 607 750 000 $ | Dépenses additionnelles (sans service de la dette): 302 878 300 $ |
| Service de la dette: 41 470 000 $ | Service de la dette: Non explicité. Calcul approximatif: 48 000 000 $ |
| Investissements totaux sur quatre ans: 385 000 000 $ | Investissements totaux sur quatre ans: 444 613 000 $ |
| Revenus additionnels: 354 200 000 $ | Revenus additionnels: 128 813 000 $ |
| Économies et optimisations: 441 500 000 $ | Économies et optimisations: 320 000 000 $ |
| Marge de manoeuvre: 146 480 000 $ | Marge de manoeuvre (sans le service de la dette): 145 934 700 $ |
| Marge de manoeuvre (avec le service de la dette): 98 000 000 $ (approximativement) |