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Pourquoi la Conférence de Paris est-elle si importante

Photo: Getty Images

Les discussions portant sur les changements climatiques et la protection de l’environnement s’échauffent, tandis qu’approche la décisive Conférence de Paris (COP 21).

L’année 2015 pourrait bien marquer un tournant dans la lutte contre les changements climatiques, parce que beaucoup estiment qu’à la fin de l’année un accord global sera conclu à la 21e session de la Conférence des Parties de la CCNUCC, qui aura lieu à Paris, en France.

Pendant deux semaines, du 30 novembre au 11 décembre 2015, les représentants de tous les pays prendront part à la 21e conférence sur les changements climatiques (COP 21), accueillie par le gouvernement français au parc des expositions de Paris-Le Bourget. Organisée par la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), un organisme mandaté par l’Assemblée générale des Nations unies (AGNU), cette conférence fait suite aux négociations avortées de la conférence de Copenhague, en 2009. Elle constitue ainsi pour les nations du monde l’occasion décennale suivante de signer une entente globale sur le climat, de revoir leur engagement financier et de prendre des mesures à l’échelle globale pour contrer les changements climatiques.

Les Nations unies et la plupart des pays du monde placent tous leurs espoirs dans la COP 21 pour qu’une importante entente soit conclue et permette une réduction significative des émissions de CO2. «Avec un peu de chance, nous verrons l’entente entre la Chine et les États-Unis prendre forme et intégrer des objectifs et des échéanciers précis de réduction de l’empreinte carbone de chacune des nations», déclare à Métro Charles Fletcher, auteur de l’ouvrage Climate Change: What the Science Tells Us.

En dépit du nombre croissant de politiques de mitigation des changements climatiques – selon le rapport Changements climatiques 2014: Atténuation du changement climatique, réalisé par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), créé par les Nations unies – les émissions annuelles de GES ont augmenté en moyenne de 1,0 gigatonne d’équivalent dioxyde de carbone (GtCO2-éq) (2,2%) par an de 2000 à 2010, alors qu’elles avaient augmenté de 0,4 GtCO2-éq (1,3%) par an de 1970 à 2000. Les émissions anthropiques totales de GES ont été les plus importantes de l’histoire de l’humanité de 2000 à 2010, atteignant 49 (±4,5) GtCO2-éq/an en 2010. La crise économique mondiale de 2007-2008 a temporairement entraîné la réduction des émissions.

En dépit de nombreuses conférences consacrées aux changements climatiques, les émissions de GES ont augmenté de façon importante. Cette tendance doit être inversée, et il faut donc qu’à la COP 21 de Paris, «la Chine et les États-Unis concluent une entente ambitieuse, et que l’Inde présente un plan assurant le développement du pays tout en réduisant son empreinte carbone», résume M. Fletcher.

Il reste que, même si un important traité est signé à la COP 21, les effets des changements qu’il entraînera ne se verront pas tout de suite, ou alors les ententes ne seront mises en application qu’au cours des mois suivants. «On prévoit qu’une entente n’entrerait en vigueur qu’en 2020, ce qui veut dire que durant six autres années, il n’y aurait aucune réduction significative des émissions de CO2», regrette Mark Maslin, auteur de l’ouvrage Global Warming: Causes, Effects, and the Future et directeur de l’Environment Institute du University College de Londres.

Les organisateurs de la COP 21 et les experts placent leurs espoirs d’une lutte efficace contre les changements climatiques dans la conférence de Paris, mais les résultats de cette rencontre dépendront beaucoup des décisions que prendront les États-Unis, la Chine et l’UE, qui sont responsables de près de 60% des émissions mondiales de CO2.

Questions-réponses

avec Mark Maslin, professeur de géographie au University College de Londres et auteur de l’ouvrage Global Warming: Causes, Effects, and the Future

À quoi peut-on s’attendre de la conférence des Nations unies sur les changements climatiques, la COP 21?
Il y a des signes encourageants en vue de la COP 21. On voit clairement un mouvement chez les principaux joueurs. La Chine, qui est aujourd’hui, le plus grand pollueur au chapitre des GES, a commencé à évoquer l’instauration dans une région d’un système d’échange de quotas d’émissions de GES – une mesure qui, en cas de succès, serait étendue à l’ensemble du pays. Quant aux États-Unis, qui sont responsables du tiers de toutes les émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, ils ont confié la responsabilité de la régulation des émissions de GES à leur Environment Protection Agency, ce qui met cet enjeu à l’abri des querelles politiques de Washington, D.C. J’espère donc qu’il y aura une entente à Paris. Mais s’il y en a une, il restera à voir si elle est assez forte et s’il est possible de l’intégrer dans les lois internationales. Rappelons-nous qu’il a fallu huit ans pour que le Protocole de Kyoto soit finalement ratifié et entre en vigueur.

Que devrait-il se passer à la COP 21 pour qu’il y ait une percée dans la lutte contre les changements climatiques?
Il faudrait qu’on parvienne à un important traité, qui soit juridiquement contraignant et comporte des cibles claires de réduction des émissions. Il devrait également comporter des cibles intermédiaires que chaque pays serait tenu d’atteindre tous les cinq ans.

Pensez-vous qu’il soit possible de parvenir à une entente à laquelle tous les pays du monde adhéreraient?
Je crois qu’il est possible de parvenir à une entente négociée.

Qui seront les protagonistes de la COP 21?
Les principaux acteurs des négociations seront les États-Unis, la Chine et l’Union européenne (UE). Si les trois – qui sont responsables de près de 60% des émissions mondiales de CO2 – peuvent s’entendre, eh bien, ils pourraient, ensemble, faire en sorte qu’on parvienne à contrôler les changements climatiques. Par ailleurs, étant donné leur puissance économique, ils pourraient aussi obliger les autres pays à leur emboîter le pas. Mais la chose la plus importante sera l’attitude des États-Unis; il faudra voir si les négociateurs américains et le président Obama cherchent à parvenir à la conclusion d’une entente ou à empêcher tout accord.

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