Au moins 170 visas refusés pour le Forum social mondial
Au moins 170 invités internationaux ne pourront pas participer au Forum social mondial (FSM) 2016, qui aura lieu à Montréal la semaine prochaine, en raison du refus d’Immigration Canada de leur délivrer un permis de séjour, selon la comptabilisation des organisateurs.
Il s’agit pour le moment d’un taux de refus de près de 70% puisque 243 invités, parmi les 2000 ayant reçu une lettre d’invitation du FSM pour faciliter l’obtention de leur visa, ont obtenu une réponse en date du 2 août. La plupart d’entre eux sont des membres actifs d’organisations de la société civile, par exemple des syndicats et des associations de défense des droits de la personne, qui ne peuvent pas visiter le Canada sans visa en raison de leur nationalité.
Safa Chebbi, chargée des services aux participants pour le FSM, s’explique mal plusieurs de ces refus. «Il y a des cas assez révoltants, comme le président d’une centrale syndicale du Brésil et un représentant du syndicat des postes de la Palestine, qui devaient être conférenciers et dont les frais de voyage étaient complètement couverts par un syndicat québécois, a-t-elle souligné. Ils comptaient évidemment venir ici pour le FSM et repartir tout de suite après.»
Selon Mme Chebbi, les trois principales justifications fournies aux demandeurs déboutés sont une incertitude ou des inquiétudes par rapport à leur départ du Canada, leur situation financière et leurs voyages antérieurs.
«Le gouvernement va devoir revoir sa façon de faire, car ça va mettre à mal notre réputation comme pays ouvert si on n’est pas capables d’organiser une rencontre internationale pour les droits de la personne et d’avoir nos invités.» – Michèle Asselin, directrice générale de l’Association québécoise des organismes de coopération internationale
Dans ce contexte, les organisateurs craignent que la participation internationale au FSM cette année ne soit moins grande que par le passé. Le FSM existe depuis 16 ans. C’est la première fois que cette rencontre altermondialiste, qui doit rassembler 50 000 personnes, a lieu dans un pays dit du Nord ou occidental, ce qui avait d’emblée suscité des craintes par rapport à l’accès au territoire.
Le ministère de l’Immigration n’a pas été en mesure hier de confirmer ni de commenter ces chiffres. «Immigration Canada travaille en étroite collaboration avec les organisateurs d’événements afin d’assurer que les délégués déposent leur demande de visa le plus tôt possible et qu’ils comprennent bien les exigences pour tous les visiteurs au Canada, a fait savoir par courriel Nancy Caron, porte-parole du ministère de l’Immigration.Les décisions sont prises par des fonctionnaires hautement qualifiés conformément à la loi canadienne.»