Les défis de l’illumination du pont Jacques-Cartier
Installer les 2807 luminaires nécessaires à la mise en lumière du pont Jacques-Cartier nécessitera plus de 110 journées de travail pour les 100 employés qui se relaient jour et nuit le long des poutres du pont. Voici un aperçu des défis que doivent surmonter les concepteurs du chantier sur lequel étaient invités les journalistes lundi.
1. Pièces uniques
Afin de faire varier la lumière selon la saison, la météo ou l’intensité de la circulation, les luminaires doivent être installés avec précision sur toute la dentelle du pont. Il a donc fallu faire une visualisation 3D du pont grâce à des images de drone afin d’évaluer quels rivets (énormes clous métalliques) seraient retirés pour fixer les luminaires. Retirer près de 10 000 rivets n’est pas une partie de plaisir à 350 pieds de hauteur et par -20°C. «Il faut une scie à disque pour couper l’une des extrémités du rivet et un pistolet pneumatique pour le faire sortir du trou afin de pouvoir ensuite visser le rail de chaque luminaire», explique Antoine Audoynaud, ingénieur chez Pomerleau. Chaque luminaire a un emplacement précis, pas question de les interchanger.
2. Conditions hivernales
Depuis deux semaines, près de 100 ouvriers se relaient sur le chantier de jour comme de nuit et pour encore trois mois afin de concrétiser la vision de la firme Moment Factory. On y trouve, une vingtaine de monteurs d’acier, près de 30 électriciens qui vont installer les 10km de câblage, une quinzaine de surveillants de chantier, des représentants de la CNESST qui vont s’assurer que tout est sécuritaire, des déneigeurs et finalement des opérateurs de monte-charge. On les verra travailler quelle que soit la température ou la couleur du ciel, la seule contrainte étant la vitesse du vent. Le boulot le plus spectaculaire est probablement celui des installateurs de plateformes volantes qui travaillent littéralement dans le vide, comme des alpinistes.
3. Gestion lumineuse
Pour ajouter 2807 luminaires pendant 10 ans, la société Les Ponts Jacques-Cartier et Champlain a financé une évaluation environnementale. En effet, la pollution lumineuse du ciel peut nuire à l’observation des étoiles jusqu’à 150km de distance. Si on illumine l’eau la nuit, c’est la migration du zooplancton vers le fond de l’eau (et donc sa survie) qui est compromise. Pareil pour les anguilles. Sans parler des ampoules à DEL bleues qui font disparaître cinq fois plus de mélatonine (hormone du sommeil) que l’éclairage de rue traditionnel. En orientant les 500 projecteurs vers les piliers du pont (mais pas vers les nids) et en favorisant des couleurs plus chaudes pour les éclairages en hauteur, les concepteurs affirment respecter les normes de pollution lumineuse. «Ça sera l’équivalent d’un soir de pleine lune», affirme Pascal Villeneuve, chef de chantier. Un couvre-feu sera aussi instauré, soit l’heure de fermeture du métro.