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Edouard Staco, au nom du collectif

Photo: Chantal Levesque

Passer enfin des discours aux actes. Telle est la principale motivation d’Édouard Staco, fondateur d’un fonds de soutien pour promouvoir la persévérance scolaire et président d’un Sommet socioéconomique pour le développement des jeunes des communautés noires, alors que débute la 26e édition du Mois de l’histoire des Noirs.

Les chiffres, Édouard Staco les affectionne. «Il est très studieux et cartésien», confirme son ami de longue date, Frantz Benjamin, président du conseil de la Ville. Parmi ces chiffres, celui «très inquiétant» du taux de chômage des communautés noires, estimé à 13,5% de la population montréalaise, près du double du reste de l’île.

«C’est choquant, mais si on ne le pointe pas, on a tendance à penser qu’il n’y a pas de problème. Il faut maintenant aller au-delà des réactions, il faut agir», martèle ce directeur des ressources technologiques au Cégep de Saint-Laurent.

Âgé de 48 ans, Édouard Staco s’est imposé comme l’un des principaux visages des communautés noires. Ses priorités? Pêle-mêle, une meilleure représentativité chez les élus, la lutte contre la pauvreté, le sentiment d’exclusion et les stéréotypes. Le public visé? «Les jeunes, l’avenir, ceux qui vont créer une richesse. C’est pour ça qu’il faut favoriser leur réussite», clame celui qui a quitté Haïti à 15 ans, fuyant le régime autoritaire de Jean-Claude Duvalier, pour s’installer avec sa famille du côté de Saint-Léonard.

«Cet objectif lui tient à cœur», confirme l’homme d’affaires Frantz Saintellemy, créateur à Saint-Michel d’un incubateur brassant plusieurs millions de dollars, contacté par Édouard Staco pour la création en 2013 du Fonds 1804, dont l’objectif est de récompenser, à hauteur de 250 ou 500$, des jeunes de toutes origines pour leur persévérance scolaire.

«Un jour, j’appelle une mère pour lui annoncer que son fils était boursier. Elle n’y croyait pas, raconte ce diplômé en informatique qui a déjà eu l’occasion d’honorer 230 adolescents de 90 écoles. Elle m’a dit, en larmes: «C’est la première fois qu’on me dit que mon fils est un champion». Ça m’a vraiment ému. Ces jeunes sont souvent exposés à des difficultés. Leur donner enfin une reconnaissance a un vrai impact sur leur avenir.»

«Un grand entêté mûri par une grande conviction de justice sociale»
Unanimement, proches ou partenaires contactés répètent inlassablement le même refrain. «Capable d’avoir une vision d’ensemble mais aussi de développer des solutions» pour Marjorie Villefranche, directrice de la Maison d’Haiti, Édouard Staco serait «un grand entêté mûri par une grande conviction de justice sociale», complète, avec le sourire, Frantz Benjamin, rencontré à la fin des années 1990 pour l’organisation d’un groupe de réflexion mettant en avant les réalités des minorités visibles.

Selon l’élu de Saint-Michel, son «grand complice» serait obnubilé par le collectif. «Pour lui, la réussite individuelle ne vaut rien si elle n’est pas suivie par une implication sociale plus grande», observe Frantz Benjamin, soutenu par Frantz Saintellemy. «Son coup de génie, c’est de réussir à convaincre tout le monde que l’union fait vraiment la force», ajoute le patron du 3737 Crémazie.

«Il tient très bien le rôle de chien de garde»
Ce fut justement le cas samedi dernier, à HEC Montréal, au cours de ce premier Sommet socioéconomique présidé par ce fils d’enseignants, réunissant politiques, organismes communautaires et gens d’affaires. Quelques jours avant l’ouverture de cette 26e édition du Mois de l’histoire des Noirs, Édouard Staco les a invités à «se questionner, poser de bons diagnostics et des actions». «Si on croit à l’équité globale, on y croit vraiment et on agit. C’est sûr qu’il y a eu des améliorations depuis 30 ans, mais il ne faut pas s’arrêter», proclame-t-il.

Et la politique? Si beaucoup louent ses qualités de leadership, Frantz Benjamin ne l’imagine pas franchir le pas. «Il tient très bien le rôle de chien de garde et pour faire avancer des dossiers, ça prend des personnes comme lui», souligne le conseiller de Ville.

L’intéressé, lui, se montre plus ouvert. «Des gens m’en parlent et on ne peut jamais dire jamais, avoue Édouard Staco, avant de lancer une pique à la classe politique. Prendre certaines décisions n’est pas facile. Avec la facilité, il n’y aurait pas d’avancées sociales et les Noirs et femmes n’auraient pas eu le droit de vote. Il faut prendre des risques et moi, j’aime rappeler les enjeux.» Personne ne le contredira.

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