Montréal investira massivement dans les infrastructures de l’eau et de la voirie

En raison d’un important déficit d’entretien, la Ville de Montréal compte dépenser plus de 4,1G$ au cours des trois prochaines années dans les infrastructures de l’eau et de la voirie. Ces investissements sont en augmentation de plus de 260M$ par rapport aux dernières prévisions budgétaires de l’administration de Denis Coderre.

Ce PTI a été jugé «responsable et emballant» par le président du comité exécutif, Benoit Dorais. Pour la mairesse Valérie Plante, il permet «de bâtir notre vision d’avenir pour Montréal».

Axe central de ce premier programme triennal d’immobilisations (PTI) de l’administration Plante-Dorais pour la période de 2018 à 2020, ces investissements dans le réseau de l’eau et de la voirie représentent près de 65% de la programmation dévoilée mercredi.

Par rapport au dernier PTI de l’équipe de Denis Coderre, les dépenses en infrastructures routières augmenteront d’environ 190M$ pour totaliser 2,2G$. Celles concernant les infrastructures de l’eau représenteront près d’1,7G$, dont 537M$ pour 2018, contre 337M$ en 2017.

«Il faut augmenter la cadence des travaux», a analysé Benoit Dorais, tout en évoquant un déficit «énorme» dans les infrastructures de l’eau.

«On a fait des choix pour l’avenir. On va investir dans les priorités des Montréalais. On commence plus que jamais à bâtir le Montréal de demain.» – Benoit Dorais, président du comité exécutif

Ces investissements, tel qu’on peut le lire dans le document de la Ville de Montréal, visent à éliminer le manque d’entretien du réseau de la voirie dans les cinq prochaines années et celui des réseaux d’aqueduc et d’égout, dans les dix prochaines années. Rappelons que l’administration Plante-Dorais avait annoncé, lors de la présentation du dernier budget, une augmentation de la taxe d’eau de 1,1%.

La Ville compte par ailleurs refaire 1 000 km de chaussées d’ici 2020. Ces chantiers permettront d’«éviter que des rues soient refaites à l’identique», détaille ce PTI. Par la même occasion, la nouvelle administration compte revoir les programmes de planage-revêtement qu’elle a régulièrement critiqués par le passé.

En contrepartie, des dépenses moins importants sont prévues dans l’ameublement et les équipements de bureau des espaces municipaux (-100M$) et dans la réfection de ces bâtiments et terrains (-116M$).

Une administration «irresponsable» selon l’opposition 
L’opposition officielle a critiqué ce PTI. Jugeant l’équipe de Valérie Plante «dépensière» et «irresponsable», le chef d’Ensemble Montréal, Lionel Perez, a une nouvelle fois dénoncé la hausse de la taxe d’eau. Rien ne justifiait une telle augmentation, a-t-il clamé.

«On nage en pleine incohérence, a-t-il ajouté, en expliquant que «les objectifs de réalisation sont les mêmes que pour les années précédentes».

Nouvelle application Info-neige
Outre ces éléments, l’administration entend développer une nouvelle application Info-neige. Celle-ci permettrait de suivre les opérations de déneigement en temps réel avec la géolocalisation de la machinerie.

«Nous allons revoir la totalité du fonctionnement [de cette application] qui s’avère inefficace dans la gestion des opérations», a lancé le maire de Rosemont–La Petite-Patrie, François Croteau, qui a déploré «l’échec» de cet outil.

Plus de vélo
Des aménagements «plus sécuritaires» pour les cyclistes sont aussi à l’ordre du jour avec le développement d’un réseau express vélo (REV), tel que promis par Projet Montréal pendant la dernière campagne électorale.

Un budget de 50M$ est prévu à cet effet, tout comme un «projet de développement et d’optimisation» du système de vélo BIXI, pour 9,4M$, afin, notamment, d’acheter de nouveaux vélos. Avec ces différents investissements, la Ville espère que 15% des déplacements se feront à vélo d’ici 10 ans.

«Les gens veulent se déplacer à vélo. Ils sont friands de ça et on va leur donner la possibilité», a souligné Benoit Dorais.

15M$ pour l’acquisition de terrains
Durant sa course à la mairie de Montréal, Valérie Plante avait également mis en avant la construction de 12 000 logements sociaux et communautaires d’ici la fin de son mandat. «On s’y attaque, car se loger est un besoin de base», a-t-elle indiqué mercredi.

À cet effet, la Ville a prévu 15M$ pour l’acquisition de terrains et la part du budget consacré aux dossiers d’habitations abordables, passe de 7,7M$ à 22,6M$.

Plus de moyens pour les arrondissements
Les arrondissements disposeront également de davantage de moyens puisque 537M$ leur sont accordés, soit une hausse d’environ 20% par rapport au dernier PTI. L’arrondissement de Ville-Marie est celui qui bénéfice de la plus forte augmentation, avec près de 64M$ supplémentaires pour les trois prochaines années. Près de 149M$ seront investis au centre-ville d’ici 2020.

Le Plateau–Mont-Royal et Montréal-Nord vont également bénéficier d’augmentations notables avec des investissements prévus respectivement de 36,9M$ (+22,8M$) et 27,2M$ (+4,5M$).

«Pour notre administration, le dynamisme de Montréal passe par la diversité des arrondissements», a mentionné Valérie Plante.

Réfections des parcs
Montréal compte aussi mettre l’accent sur une vaste réfection du parc La Fontaine, avec une somme de 30M$ déjà prévue. En revanche, la mairesse Plante a indiqué qu’elle n’avait pu modifier le projet de son prédécesseur, au parc Jean-Drapeau, qui implique la création d’un amphithéâtre. Elle souhaitait y inclure une promenade riveraine sur l’île Sainte-Hélène, mais celle-ci ne verra pas le jour.

Promesse du SRB Pie-IX
Enfin, sans cesse retardé depuis l’annonce de l’ancien maire Gérald Tremblay en 2009, le service rapide par bus (SRB) sur le boulevard Pie-IX va «aller de l’avant» et «verra le jour sous notre administration», a promis Valérie Plante.

Censé augmenter les déplacements de 40 000 à 70 000 sur cette artère, ce projet devrait comporter 17 stations, dont 15 sur l’île montréalaise. Une mise en service a récemment été évoquée pour la fin de l’année 2022.

La ligne rose de métro, promesse phare de l’administration Plante, n’apparaît cependant pas de ce rapport de plus de 300 pages. «Ça s’en vient, a déclaré le conseiller en charge du transport, Eric Allan Caldwell, précisant qu’un «travail de planification et de recherche était actuellement mené. Notre administration se prépare avec sérieux pour un projet pertinent.»