L’industrie ferroviaire doit revoir ses normes de sécurité
Si l’industrie ferroviaire ne se dote pas de mesures de sécurité plus strictes sur les voies à basse vitesse, les locomotives bimodes pourraient poser un risque de plus en plus grand pour les usagers du train. Le Bureau de la sécurité des transports (BST) du Canada émet cette préoccupation dans un rapport sur les causes du déraillement survenu le 9 décembre 2011 à la Gare centrale de Montréal.
Selon le Bureau, c’est le poids de la locomotive bimode (7 % plus lourde qu’une locomotive traditionnelle) combiné à l’usure des voies qui ont provoqué le déraillement du train de l’Agence métropolitaine de transport (AMT). «On sait que les compagnies de trains de banlieue vont à l’avenir acheter d’autres locomotives de ce type, qui seront de plus en plus lourdes, a avertit une membre du BST, Kathy Fox. On veut envoyer le message à l’industrie ferroviaire et aux organismes de réglementation de prendre les mesures nécessaires pour que ces locomotives opèrent en toute sécurité.»
Toutefois, pas question pour le BST de parler de négligence ou de laisser-aller dans le cas du déraillement. «Les voies ferrées respectaient les normes d’inspection et leur entretien était fait», insiste l’enquêteur régional du BST, Guy Laporte.
L’enquêteur rappelle que les voies de Classe 1, où les trains circulent à basse vitesse, font l’objet de mesures sécuritaires moins strictes, notamment en ce qui a trait aux inspections. Ces voies sont soumises à des inspections visuelles seulement. «Elles auraient pu être inspectées de façon plus minutieuse, mais il n’est pas coutumier de le faire dans l’industrie», explique M. Laporte.
Ce dernier ajoute que tous les tests menés sur la locomotive bimode ont montré qu’elle ne contrevenait à aucune norme réglementaire.
Depuis l’incident, le Canadien National (CN), propriétaire des voies où le train a déraillé, et l’AMT se sont malgré tout attaqués aux sources du problème. Le CN a modernisé les voies à la Gare centrale alors que l’AMT a procédé à des améliorations sur ses locomotives afin de réduire les forces latérales exercées sur les rails. «Or, il se pourrait que beaucoup de voies de basse catégories ne soient pas assez résistantes ailleurs au pays», indique Kathy Fox. Puisqu’il s’agit des conclusions d’une seule enquête, le BST ne s’avance pas quant aux solutions concrètes à mettre de l’avant, ni ne formule de recommandation.
Remise en service
Satisfaite des conclusions du rapport déposé jeudi, l’AMT souhaite maintenant que le CN réintègre les locomotives bimodes sur les lignes de trains de banlieue Mont-Saint-Hilaire et Deux-Montagnes. Le CN s’oppose à leur remise en service depuis l’accident du 9 décembre 2011.