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Post-it

Le bouquin qu’elle tient entre ses mains est marqué de centaines de post-it multicolores annotés. Photo: Pierre Brassard | www.pierrrebrassard.com

Chaque mardi, la journaliste et animatrice Julie Laferrière et l’humoriste, animateur et illustrateur Pierre Brassard posent un regard original sur les usagers du transport en commun.

Ligne verte direction Angrignon. Nous sommes mercredi et il est 10 h 23.

Aujourd’hui, le fait de prendre le métro en dehors de l’heure de pointe offre la chance à chacun des quelque 15 passagers que nous sommes de trouver une place.

Égale à moi-même, voire la somme de ma personne plus deux gros sacs, je «nous» permet d’occuper une banquette double. Autour, tout est calme. La chaleur est douce, et le vrombissement de notre engin, réconfortant.

J’observe une dame qui, assise sur le banc solo qui me fait face, lit un livre assez volumineux, emprunté à la bibliothèque. La femme n’a pas 40 ans. Son style est sobre et élégant : manteau noir, chapeau cloche en feutre assorti et souple écharpe gris anthracite.

Rien de particulier à signaler jusqu’ici. Maintenant, si je vous disais que ledit bouquin qu’elle tient entre ses mains est marqué de centaines de post-it multicolores annotés.

On dirait un hérisson de papier, ou encore la rencontre entre un arc-en-ciel et une explosion nucléaire. Elle tourne une page de l’ouvrage qui, précisons-le, est un roman. Pas un essai sur la physique quantique ni un livre de médecine. Un roman qui semble des plus… romanesques.

Alors, pourquoi ce tsunami de notes? Peut-être est-elle professeure de littérature et mettra-t-elle sous peu ce livre à l’étude?

C’est alors qu’elle sort de son sac un bloc de post-it rose pétant. Je vois qu’elle inscrit sur l’un d’eux le mot «déployer» et le colle sur la bordure droite de la page. Le français est-il sa langue maternelle? Ces petites ailes de couleur qui dépassent de sa lecture seraient-elles finalement autant de mots à découvrir?

La station à laquelle nous arrivons est la sienne. Elle range son intrigant attirail dans sa besace et prend son envol.

Cet épisode me donne l’envie soudaine d’apprendre une nouvelle langue. Faute d’avoir un roman russe sous la main, je prends alors un journal qui traîne tout près et le déploie devant moi.

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