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Minorités religieuses: un élu condamne «la fermeture» du SPVM à changer ses règles sur les uniformes

Un agent du SPVM dans le réseau de métro de Montréal Photo: Archives Métro
Henri Ouellette-Vézina - Métro

Un élu montréalais indépendant remet en question «la fermeture» du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) à «modifier ses règles sur les uniformes» pour tenir compte des «candidats qualifiés» issus des minorités religieuses.

«On me répète toujours qu’il n’y a pas de candidats qui ont postulé, et donc, qu’il n’y a pas de débats. Or, on doit changer les règles avant que ça n’arrive pour montrer à tous les Montréalais qu’ils sont les bienvenus dans le service de police, tant qu’ils ont la compétence», explique à Métro le conseiller de Snowdon, Marvin Rotrand.

Ce dernier mène une bataille «pour les droits des minorités religieuses» au SPVM depuis près de trois ans. Il dit avoir écrit coup sur coup à l’ancienne responsable de la sécurité publique, Nathalie Goulet, et au président de la Commission sur la sécurité publique, Alex Norris, sans obtenir de réponses.

«Pourquoi d’autres corps de police à Toronto, à New York et même ailleurs au Canada sont capables de faire ces changements somme toute mineurs pour accommoder des candidats qualifiés, mais qu’à Montréal, on n’arrive pas à avancer?» -Marvin Rotrand, conseiller de Snowdon

Il entend déposer une motion au conseil municipal du 13 mai prochain pour «demander à la Ville de proposer un règlement municipal sur les uniformes au SPVM». «Il faut lancer un message clair que les personnes qui sont capables d’être policiers peuvent le faire», renchérit-il.

Même si le projet de loi sur la laïcité de l’État proposé par la Coalition avenir Québec (CAQ) jeudi dernier pourrait brouiller les cartes de Marvin Rotrand, le principal intéressé ne s’en fait pas trop à ce sujet.

«C’est encore loin d’être adopté, et de toute manière, ça ne représente pas du tout la réalité de Montréal. Ici, on veut une société francophone, mais accueillante envers les autres origines. On veut donner la chance à la meilleure personne de faire la job, c’est ça la valeur montréalaise», lance le conseiller indépendant.

«Pas une réalité qu’on vit»
Joint par Métro, le chef des communications du SPVM, André Durocher, dit vouloir remettre les pendules à l’heure avant toute chose. «On a déjà, l’année dernière, répondu à ce débat-là en long et en large, à la verticale et à l’horizontal, plaide-t-il. Il n’y a jamais eu de demandes pour de tels accommodements.»

D’après lui, la police de Montréal se conforme pour le moment aux lois en vigueur, mais ne ferme pas la porte au changement. «L’an dernier, il y avait eu un engouement médiatique pour une étudiante en technique policière qui portait le hijab, mais cette jeune femme-là n’aura pas terminé ses études avant deux ans encore», illustre-t-il.

«Ce n’est pas une réalité qu’on vit pour le moment. Ça va peut-être venir un jour, mais pour le moment, ça va se faire au cas par cas et s’il y a des besoins, on va les adresser.» -André Durocher, chef des communications au SPVM.

Actuellement au SPVM, les principaux motifs de refus à l’embauche «concernent plutôt des aspects techniques de santé et sécurité au travail», d’après le chef des communications. «Il y a déjà eu des pompiers, par exemple, qui ont été refusés à cause de leur barbe, parce qu’ils doivent mettre des masques à gaz d’oxygène dans certaines situations. Mais c’est pas mal tout», assure-t-il.

En 2016, Marvin Rotrand avait lui-même écrit au comité exécutif de la Ville et au corps policier pour savoir si celui-ci avait «une cible réelle pour le nombre de policiers à recruter dans les groupes minoritaires».

Dans une réponse que lui a acheminée le SPVM en date du 17 octobre de la même année, l’assistant-directeur au Service de la planification stratégique du corps policier, Simonetta Barth, affirmait que 5% des membres de minorités visibles et 4% des membres de minorités ethniques étaient «disponibles» pour travailler au SPVM.

«Nous sommes toutefois conscients de l’écart entre ces taux de disponibilité et le portrait de la population active à Montréal», y nuance toutefois M. Barth. Pour combattre «la faible diplomation des membres des minorités visibles en techniques policières», il estime qu’il est important «de développer l’intérêt des jeunes des communautés d’origines diverses envers la carrière de policiers».

Jeudi dernier, la mairesse de Montréal Valérie Plante avait déploré que le projet de loi 21 du gouvernement caquiste ne prévoyait pas entre autres «une certaine autonomie» pour le SPVM dans son application.

«J’aurais préféré que le gouvernement du Québec laisse au SPVM le soin de faire sa propre analyse et de faire sa propre politique interne, comme c’est le cas à Toronto ou à la [Gendarmerie royale du Canada]», a-t-elle indiqué. «Je suis convaincue que la laïcité de nos institutions n’est pas remise en question par les convictions religieuses de certains individus», a-t-elle renchéri.

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