Montréal double les subventions aux OBNL pour la construction de logements
Montréal double les subventions annuelles versées aux OBNL pour la construction ou la rénovation de chambres et de studios, les faisant passer de 22 500$ à 45 000$ dans le premier cas et de 30 000$ à 60 000$ dans le second. Objectif : éliminer certaines difficultés avec lesquelles doivent composer ces organismes pour obtenir du financement en habitation.
C’est «l’augmentation significative des coûts de la construction résidentielle depuis 2010» qui a convaincu la Ville d’agir, en plus du «rôle essentiel» que jouent ces organismes «auprès d’une clientèle particulièrement vulnérable et souvent à risque d’itinérance».
L’administration Plante, qui vise à construire 12 000 logements sociaux d’ici 2021, entame du même coup une réforme de son Règlement sur la subvention municipale à la rénovation et à la reconstruction résidentielles.
«Ces programmes-là sont très intéressants, mais ont certaines barrières, surtout pour les OBNL. On veut apporter des changements pour leur permettre d’avoir accès plus aisément à des subventions.» -Robert Beaudry, responsable de l’habitation au comité exécutif
La Ville éliminera ainsi l’obligation pour ces organismes d’être situés «dans un territoire désigné du programme». «L’offre et la qualité de logement n’a rien à voir avec une stratégie territoriale», a insisté là-dessus Robert Beaudry, soulignant que les défis sont plus souvent liés au vieillissement des bâtiments ou au manque d’aide financière.
Les plafonds pour le niveau de la valeur foncière seront aussi supprimés afin de permettre aux organismes «d’avoir accès plus aisément à des subventions», dit l’élu municipal. «Alors que ce critère est nécessaire pour restreindre le bassin de bâtiments privés admissibles, la clientèle des OBNL est composée de ménages à faible revenu dans une proportion plus importante», justifie d’ailleurs la Ville dans des documents officiels.
Il sera aussi possible de «cumuler les subventions» municipales avec celles du provincial ou du fédéral, ce qui n’était pas possible avant. «Ça nous permet aussi, en tant que ville, d’aller chercher de l’argent des autres gouvernements pour améliorer notre parc locatif vieillissant et la qualité du logement», a noté M. Beaudry.
D’après la Ville, ce changement permettra aux OBNL «d’intégrer plusieurs bailleurs de fonds dans leurs montages financiers» et de réaliser des projets «adaptés à leurs besoins». Montréal rappelle que «les subventions de source gouvernementale ne pourront toutefois excéder 80% du coût d’une demande» qui serait faite au pallier municipal.
Bien vu par le FRAPRU, qui pointe toutefois vers les HLM
Appelée à réagir, la porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), Véronique Laflamme, a dit voir «d’un bon œil» cette décision qui «facilitera la tâche des organismes» au quotidien.
«Le fait qu’on ait accès à des subventions municipales va non seulement contribuer à maintenir le parc de logement hors-marché privé en bon état, mais aussi à maintenir des loyers bas, à un prix qui a de l’allure.» -Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU
Même s’il s’agit d’une «excellente nouvelle», Véronique Laflamme invite l’administration Plante à se tourner vers les habitations à loyer modique (HLM), qui constituent une partie importante du parc de logements sociaux à Montréal.
«Dans les dernières années, les budgets ont été largement insuffisants pour leur entretien», déplore la porte-parole, qui soutient que d’après des données de l’Office municipal d’habitation (OMH), quelque 265 M$ doivent être investis dans les cinq prochaines années pour remettre en état le parc de HLM dans la métropole. «Québec et Ottawa doivent s’impliquer davantage», juge Mme Laflamme.
«C’est très positif qu’on aille de l’avant avec les OBNL et les coopératives, mais ça ne change rien à l’état des logements HLM, sur lesquels il faut interpeller les gouvernements supérieurs», martèle-t-elle.