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Accessibilité: l’UMQ mise en demeure pour un prix octroyé à la navette fluviale de RDP-PAT

La navette fluviale qui relie Point-aux-Trembles et le Vieux-Port de Montréal. Photo: (Photo Métro Média - Charles-Antoine Rondeau)

Le Regroupement des activistes pour l’inclusion au Québec (RAPLIQ) met en demeure l’Union des municipalités du Québec (UMQ) de retirer son prix «Mérite ovation municipale» octroyé au projet de navette fluviale dans Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles. L’organisme réitère que ce nouveau moyen de transport est «discriminatoire» et «pas du tout inclusif» envers les personnes à mobilité réduite.

«En ce moment, les personnes aux prises avec des limitations ne peuvent qu’embarquer dans la mesure où quelque chose les soulève, les prend à bras, explique à Métro la présidente de l’organisme, Linda Gauthier. Ce n’est pas ça l’accessibilité universelle. C’est d’être capable d’embarquer sur un parcours sans obstacles de façon autonome. La dignité de la personne, sinon, elle est où?»

Le prix décerné à l’arrondissement en mai dernier pour sa navette fluviale «est une ironie», voire un «affront à la communauté des personnes en situation de handicap», croit Mme Gauthier. Elle reproche à l’UMQ de «beurrer épais» en négligeant les réalités de transport de presque un tiers de la population montréalaise, ce qui contribue selon elle à «cautionner l’exclusion sociale».

«C’est choquant, c’est discriminatoire et à un moment donné, il y a une ligne qui ne doit pas être traversée si on ne fait pas de progrès.» -Linda Gauthier, présidente du RAPLIQ

Dans sa mise en demeure, le RAPLIQ indique qu’il donne dix jours à l’UMQ – environ jusqu’à la mi-juillet –, afin d’«analyser la situation» et prendre les mesures nécessaires pour «retirer cet hommage scandale».

Mme Gauthier appelle du même coup à revoir le projet dans son ensemble, notamment l’aménagement du site d’embarquement dans la navette, qui ne possède pas de toilette adaptée pour les personnes en situation de handicap.

«Si on inclut les personnes âgées qui ont une mobilité réduite, on représente jusqu’à 30% de la population montréalaise. C’est énorme et ce n’est pas négligeable», poursuit la présidente.

Appelé à évoluer
Dans une réponse envoyée au RAPLIQ vendredi dernier, dont Métro a obtenu copie, le directeur des Affaires juridiques de l’UMQ, Claude Bernier, indique que le projet-pilote de la navette fluviale «sera nécessairement appelé à évoluer pour répondre aux besoins de tous les citoyens».

Le jury du prix «Mérite ovation municipale» a surtout retenu, selon lui, que l’arrondissement «est en train d’écrire une nouvelle page dans la reconquête du fleuve en mode transport utilitaire».

«[Cela] a permis aux utilisateurs qui voyagent habituellement en automobile de se rendre rapidement au Vieux-Port et ainsi réduire la congestion routière», ajoute M. Bernier.

D’aucune manière l’UMQ «ne cautionne la discrimination», rétorque-t-il, insistant sur le fait que l’organisation est impliquée dans plusieurs dossiers touchant l’accessibilité universelle, dont l’aménagement des édifices municipaux, la création de passages aux voies ferrées et les programmes de logements sociaux.

«Nous avons milité en faveur du transport collectif adapté face à l’insuffisance de la contribution gouvernementale.» -Claude Bernier, directeur des Affaires juridiques à l’UMQ

Joint par Métro, le conseiller au communications de l’UMQ, Patrick Lemieux, a indiqué que «la direction va prendre connaissance de la mise en demeure et décider de quelles suites y donner». Aucun autre commentaire ne sera émis pour le moment.

Trouver des solutions?
À la fin juin, le président de la compagnie de croisières Navark – qui a remporté l’appel d’offres pour les trois prochaines années –, a assuré que le dossier avance pour permettre de «trouver des solutions». L’organisme Kéroul est impliqué et a reçu un mandat pour faire des recommandations, selon lui.

«On veut que tout le monde puisse monter à bord des bateaux. On accueille déjà des fauteuils roulants. C’est juste que des fois il y a des triporteurs, des chariots doubles, des chaises plus larges et c’est plus complexe.» -Normand Noël, président de Navark, ajoutant que «l’accessibilité ne concerne pas que le bateau» mais aussi l’aménagement.

Une plainte pourrait être déposée à la Commission des droits de la personne pour discrimination si rien ne bouge dans ce dossier, prévient le RAPLIQ.

La Société des traversiers du Québec (STQ) – maître-d’œuvre dans ce dossier – n’a pu être jointe au moment d’écrire ces lignes. Elle reconnaît toutefois sur son site web que «certaines infrastructures autour des sites d’embarquement présentent des limitations pour l’accès aux personnes à mobilité réduite».

«Des actions pour améliorer l’accessibilité seront prises tout au long du projet pilote et seront une priorité si le projet se pérennise», confirme aussi la Société.

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