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Mobilité durable: Québec ignore l’avancement de sa propre politique

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Photo: (Photo: IDS/Verdun Hebdo - Archives)

Le gouvernement Legault ignore l’état de l’avancement de sa politique de mobilité durable, dévoilée l’an dernier, déplore un comité d’experts.

Le comité de suivi de la politique de mobilité durable, composé d’une vingtaine d’experts et de représentants d’organismes, a publié lundi un bilan peu reluisant de la première année de la mise en place de cette stratégie.

Cette politique se donne des cibles ambitieuses à l’horizon de 2030. Celles-ci comprennent notamment une réduction de 20% du nombre déplacements en auto-solo. Une diminution de 40% de la consommation de pétrole dans le secteur des transports par rapport à l’année 2013 est également prévue.

Or, les experts ont constaté que le gouvernement n’a pas mis en place un système de collecte de données qui permettrait de réaliser un suivi de l’atteinte de ces objectifs.

«Il n’y a pas d’indicateurs pour suivre les différentes cibles qui sont dans la politique», a soulevé à Métro le président de l’organisme Trajectoire Québec, François Pepin. Selon ce dernier, «il faut absolument» que Québec se penche sur cet enjeu afin qu’il puisse connaître «le niveau d’avancement» de la politique de mobilité durable. 

Manque de financement

Le comité de suivi constate également que le gouvernement Legault continue de sous-financer le transport en commun au profit du réseau routier. Le troisième lien à Québec et les prolongements d’autoroutes comptent parmi les projets qui font en sorte que seulement 27% des investissements prévus dans les infrastructures de transport concernent le transport collectif dans le premier budget de la Coalition avenir Québec, présenté en mars. Le réseau routier accapare les 73% restants.

«On a demandé au gouvernement de respecter sa parole d’avoir une répartition de 50/50 [du financement] pour le transport en commun», a expliqué M. Pepin. 

«Le gouvernement devrait faire preuve année après année [dans ses budgets] qu’il se rapproche de cette cible», a renchéri à Métro la professeure au département d’études urbaines et touristiques à l’Université du Québec à Montréal et experte en mobilité, Florence Junca-Adenot.

Le comité de suivi demande d’ailleurs qu’un «rattrapage important» dans les investissements dans les transports collectif et actif soit effectué «dès le prochain exercice budgétaire». Cela pourrait entre autres passer par une plus grande aide financière de Québec pour l’acquisition et l’entretien de bus électriques par des sociétés de transport de la province, estime M. Pepin.

Réduire le fardeau des villes

L’Union des municipalités du Québec (UMQ) presse quant à elle le gouvernement Legault de diversifier les sources de financement du transport collectif, comme il s’y est engagé en début d’année.

Actuellement, 30% des coûts d’exploitation du transport en commun sont assumées par les villes. Une facture qui est en constante augmentation en raison de la multiplication du nombre de projets de transport en commun.

«Les villes du Québec ont un manque à gagner annuel de 400 millions de dollars dans le financement des coûts d’exploitation du transport en commun», a évoqué le porte-parole de l’UMQ, Patrick Lemieux. 

Il est d’autant plus «urgent» de trouver de nouvelles sources de financement du transport collectif que les revenus provenant de la taxe sur l’essence pourraient s’effriter dans les prochaines années en raison de la popularité grandissante des véhicules électriques, a souligné Mme Junca-Adenot.

Le gouvernement devrait d’ailleurs compléter d’ici la fin de l’année un rapport sur les sources de financement alternatives du transport en commun.

En mars dernier, la Communauté métropolitaine de Montréal a notamment proposé  la mise en place de péages routiers à cette fin. 

Au moment de mettre en ligne, le ministère des Transports du Québec n’avait pas répondu à Métro.

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