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«Immense déception» des jeunes face au bilan environnemental de Trudeau

bilan Trudeau
Justin Trudeau Photo: Lintao Zhang/Getty Images

«Trois pas en avant, trois pas en arrière, c’est la politique du gouvernement», scandent des étudiants devant le QG de campagne de Justin Trudeau à Montréal. Comme de nombreux jeunes, ils dénoncent les contradictions selon eux du Premier ministre sortant en matière d’environnement.

Sur des pancartes arborant le visage de M. Trudeau, des croix vertes et le mot «pipeline» ont été inscrits au feutre.

C’est l’un des principaux reproches adressés au Premier ministre qui cherche à garder son poste: la nationalisation d’un oléoduc en 2018.

L’an dernier, le gouvernement libéral a acheté à l’américain Kinder Morgan l’oléoduc Trans Mountain, qui relie l’Alberta à la Colombie-Britannique, pour 4,5 G$. Objectif: accélérer l’exportation de pétrole de l’Alberta vers de nouveaux marchés étrangers. En échange, le gouvernement a promis d’investir les profits dans les technologies vertes.

Une décision qui a été vécue comme une trahison par de nombreux Canadiens engagés pour l’environnement, et qui risque de coûter des voix le 21 octobre à Justin Trudeau, au coude-à-coude avec son rival conservateur Andrew Scheer.

Pour les milieux associatifs, le Premier ministre, porteur d’espoir à son arrivée au pouvoir en 2015, n’est plus un symbole de changement mais l’homme qui n’a pas fait assez pour l’environnement.

«Immense déception»

Dans les universités, la mobilisation pour l’environnement, l’un des enjeux majeurs des élections, a le vent en poupe.

«On constate une hausse du nombre de membres dans les groupes écologistes à McGill» ces dernières semaines, affirme ainsi Audrey Nelles, une porte-parole de Divest McGill, organisation qui milite pour que la prestigieuse université montréalaise retire ses fonds investis dans les énergies fossiles.

«Je pense qu’après les années Harper, il y avait beaucoup d’espoir», complète Annabelle Couture-Guay, autre porte-parole de Divest McGill, en référence au prédécesseur de M. Trudeau, Stephen Harper, dont le gouvernement conservateur était peu réceptif aux notions de réduction de gaz à effet de serre.

Mais «l’achat du pipeline Trans Mountain, c’était une immense déception, ça a rendu beaucoup de gens cyniques», ajoute-t-elle.

La question de l’oléoduc apporte en outre de l’eau au moulin des rivaux de M. Trudeau.

Les compromis faits par les libéraux sur l’énergie les a en effet exposés aux critiques des deux bords, selon Daniel Béland, politologue à l’université McGill.

Les libéraux «ont essayé de plaire à tout le monde et ça a attiré les critiques de la droite pour ne pas avoir été assez loin en développement économique, et de la gauche pour avoir acheté ce pipeline», explique-t-il.

Fin septembre, le Nouveau parti démocratique de Jagmeet Singh, qui monte dans les sondages et séduit l’aile gauche des libéraux, a publié un communiqué sur le plan climat de son rival en cinq mots: «Vous. Avez. Acheté. Un. Pipeline».

Programme «sérieux»

Pourtant, pour M. Béland, le programme des libéraux en matière d’environnement «est jugé sérieux»: zéro émission nette de gaz à effet de serre d’ici 2050 (c’est-à-dire compensation des émissions restantes), deux milliards d’arbres plantés, et la promotion des technologies propres.

Le bilan des quatre dernières années est que les émissions sont restées stables et n’ont pas diminué, selon les chiffres de 2017. Mais il comporte aussi quelques avancées, comme un plan fédéral de tarification du carbone, la protection de 14% des zones marines et côtières, et la publication de grands rapports scientifiques sur le changement climatique au Canada.

Malgré leur déception, les jeunes en quête d’une politique climatique plus audacieuse sont face à un dilemme, car dans le système uninominal à un tour du Canada, voter pour les plus petits partis peut diviser le vote du centre et de la gauche et ouvrir la voie aux conservateurs.

Quoi qu’il en soit, les manifestants des «vendredis pour la planète», initiés par la jeune militante suédoise Greta Thunberg, promettent de continuer à faire pression. Qu’ils soient en âge de voter ou non.

«Étant des jeunes qui ne peuvent pas voter, on veut influencer ceux qui peuvent», explique Marlène Gaudreau, 17 ans et co-organisatrice d’une manifestation vendredi devant le bureau de campagne de Justin Trudeau.

«On aimerait ça, avoir un futur nous aussi», lance-t-elle.

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