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Découvertes archéologiques au cimetière des Irlandais

Des ossements humains ont été découverts sur le site archéologique. Photo: Collaboration spéciale/Ethnoscop

Des fragments d’os provenant d’une quinzaine d’humains ont été découverts dans un espace du cimetière des Irlandais qui est situé sous le site de la future station du Réseau express métropolitain (REM), près de l’emblème de la Roche noire, à deux pas du pont Victoria. Des analyses plus poussées seront effectuées en laboratoire au cours des prochains mois.

«Cela permettra d’en apprendre davantage sur l’âge et le sexe de ces gens et même d’identifier certaines lésions pathologiques», explique Marine Puech, une des trois archéologues qui a participé aux fouilles archéologiques s’étant terminées la semaine dernière.

Ces découvertes ont eu lieu sur une portion représentant 1% de la superficie du site. 

Ce cimetière rappelle le drame vécu par 6000 Irlandais ayant fui la famine qui sévissait dans leur pays. Ils sont arrivés par bateau à Montréal en 1847. Le typhus les a pris de plein fouet, provoquant leur mort, puis leur inhumation. 

«Au fur et à mesure que les gens décédaient, ils étaient mis dans un cercueil. Il n’y a pas eu de fosse commune», observe Marine Puech. 

Le rite catholique a été rigoureusement respecté. Dans ce secteur précis des fouilles, on rapporte la découverte de cercueils de forme hexagonale. Un fait surprenant, selon l’archéologue. 

«Dans le contexte d’une épidémie, dit-elle, on aurait pu s’attendre à trouver des cercueils de forme carrée. Tous étaient orientés du nord vers le sud et alignés les uns à côté des autres. Beaucoup de soin a été apporté à ces inhumations.»

Fouille manuelle

Le premier jour des recherches, le 14 novembre, Mme Puech  et ses collègues Karine Fournier et Patrick Lapointe ont tenté de vérifier la présence de sépultures en testant le sol avec leurs mains. La fouille a ensuite pris une allure plus classique avec l’utilisation de la pelle et de la truelle. 

«Nous avons finalement aperçu des formes de cercueils qui se dessinaient», précise Mme Puech. 

L’équipe s’est relayée à bord d’une nacelle dont les éléments du plancher sont amovibles. «Ce n’était pas nécessairement facile, ajoute-t-elle. En effet, pour des questions de sécurité, on devait porter un masque et un harnais et être reliés à une potence en tout temps.» 

Les fouilles ont duré trois semaines. «Maintenant, l’entrepreneur va pouvoir entreprendre les travaux d’excavation pour construire le pilier de la structure du REM», indique la directrice adjointe de l’environnement pour le REM, Élisabeth Boivin. 

Son organisme était conscient de la possibilité de découvrir des fragments d’humains. 

Futur parc

La communauté irlandaise de Montréal milite depuis 12 ans pour l’aménagement d’un parc commémorant ses ancêtres morts tragiquement. «Les récentes découvertes réalisées par les archéologues justifient en quelque sorte notre volonté», a confié le codirecteur de la Fondation du Parc du monument irlandais, Fergus Keyes. 

L’homme de 71 ans fait un parallèle avec l’actualité d’aujourd’hui. «Ce n’était pas de bons immigrants. Ils étaient malades et ne parlaient pas français. À l’époque, les communautés religieuses, les Premières Nations et même les soldats britanniques leur ont porté secours», raconte-t-il.

Plus de 6000 Irlandais sont décédés, précise-t-il, en une courte période de 4 mois. De nombreux orphelins ont été adoptés par des francophones. Les survivants des deuxième et troisième générations ont contribué à l’essor de la société québécoise, croit M. Keyes, qui souhaite vivre assez longtemps pour inaugurer ce parc. Des discussions sont toujours en cours avec la Ville au sujet de sa localisation. 

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