Coronavirus: manque «flagrant» d’équipements partout dans le réseau de la santé
Le manque d’équipements de protection pour éviter la propagation du coronavirus se fait sentir, tant dans les hôpitaux et les CHSLD que dans les résidences privées à travers le Québec.
Alors que le nombre de cas de coronavirus au Québec continue de grimper en flèche et que la transmission communautaire se confirme, de nombreux syndicats lèvent un drapeau rouge. Ils constatent un manque flagrant de masques N95, de combinaisons imperméables et d’autres équipements de protection pour de nombreux employés qui sont à risque de contracter le coronavirus.
«Les infirmières doivent quémander leur matériel», confie à Métro la présidente par intérim du Syndicat des professionnels en soins de santé du Centre-Sud-de-l’île-de-Montréal, Françoise Ramel. Dans les derniers jours, des hôpitaux ont décidé de mettre sous clé des masques et d’autres équipements en raison d’une hausse du nombre de vols de ceux-ci.
Face à cette situation, la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) presse le gouvernement Legault de permettre à tous les employés du réseau de la santé qui pourraient être en contact avec des personnes à risque d’avoir contracté le coronavirus de disposer de tous les équipements de protection nécessaires.
«Dans les derniers cinq ou six jours, le manque de masques a été flagrant partout», soulève à Métro la vice-présidente de la FIQ, Linda Lapointe.
Un enjeu de «distribution» des équipements
Mercredi, cinq cas de contamination au coronavirus ont d’ailleurs été signalés dans un CHSLD du nord de Montréal.
«Les professionnels en soins s’inquiètent parce qu’ils n’ont pas les mêmes directives partout. Ils ne se sentent pas protégés», confie l’infirmière Kathleen Bertrand, du CIUSSS du Nord-de-l’île-de-Montréal. Actuellement, le nombre d’employés qui disposent d’équipements de protection varie d’un établissement de santé à l’autre, selon des témoignages recueillis par Métro.
En conférence de presse, mercredi, le premier ministre du Québec, François Legault, a pourtant assuré que le réseau de la santé «a tout le matériel de protection nécessaire».
«On a des ajustements à faire pour la distribution du matériel entre les établissements. Et on est en train d’ajuster ça», a-t-il affirmé.
«Le premier ministre et [la ministre Danielle McCann] répètent régulièrement qu’ils ont assez d’équipements, mais sur le terrain, ça ne paraît pas.» –Linda Lapointe, vice-présidente de la FIQ
Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, s’est aussi voulu rassurant, mercredi. Dans les derniers jours, plusieurs industries ont été mobilisées dans la production de masques N95 et de respirateurs artificiels.
«Il va falloir qu’on continue les efforts qu’on est en train de faire pour augmenter le nombre d’équipements et de produits essentiels que nous avons et c’est exactement ce qu’on est en train de faire», a-t-il affirmé lors de son point de presse quotidien.
Le secteur privé affecté
Le réseau privé de la santé lance également un appel à l’aide. Ce dernier ferait d’autant plus face à la pénurie d’équipements que son cousin public, alors que les inquiétudes reliées au coronavirus sont grandissantes.
«C’est autant au niveau du service alimentaire que pour le service d’entretien, ils ont besoin de masques et de gants et malheureusement, dans les résidences privées en ce moment, c’est rare. Ils sont presque inexistants», soulève la présidente du Syndicat québécois des employées et employés de service, Sylvie Nelson.
Les établissements privés de santé tarderaient à suivre les directives de Québec.
«Étant donné qu’ils se considèrent comme des milieux de vie, il n’y a pas d’uniforme obligatoire», s’insurge la présidente du secteur privé de la Fédération Interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQP), Sonia Mancier.
Au Québec, six personnes sont mortes de la COVID-19. Celles-ci étaient toutes des «personnes âgées» et quatre d’entre elles provenaient de la même résidence pour aînés de Lanaudière.
«On sait que les résidents sont des personnes vulnérables, donc il faudrait qu’ils soient protégés. En ce moment, on attend qu’il y ait un cas de personne infectée [au coronavirus] dans une résidence pour agir. C’est inacceptable», déplore Mme Nelson.
-Avec la collaboration de François Carabin et Amine Esseghir, Métro
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