Coronavirus: la distanciation sociale viendra complexifier la relance économique à Montréal
Alors que le Québec étudie différents scénarios de déconfinement dans un avenir rapproché, la Chambre de commerce du Montréal métropolitaine (CCMM) prévient que la distanciation sociale viendra complexifier la relance économique dans la métropole.
Depuis maintenant un peu plus d’un mois, plusieurs secteurs de l’économie québécoise sont sur pause en raison de mesures prises par le gouvernement Legault pour faire face à la crise sanitaire, ce qui a poussé de nombreux commerçants montréalais au bord du gouffre.
Une lumière commence toutefois à poindre au bout du tunnel alors que Québec commence à autoriser certains commerces, comme les garages et les pépinières, à rouvrir leurs portes. Certains chantiers résidentiels pourront aussi reprendre dès lundi.
«Le redémarrage [de l’économie] va se voir progressivement. Il va se voir probablement par secteur et par type d’entreprises. On va probablement vouloir le faire par région», analyse le président de la CCMM, Michel Leblanc. Ce dernier a donné une conférence virtuelle vendredi au sujet du redressement à venir de l’économie de la métropole.
Distanciation sociale
Cette relance aura toutefois lieu dans un contexte différent des dernières récessions économiques en raison des exigences de santé publique que tous devront respecter.
«Il faudra changer les pratiques, faciliter le télé-travail et permettre aux employés qui ne peuvent respecter la distanciation sociale d’avoir un masque», estime la professeure Roxane Borgès Da Silva, de l’École de santé publique de l’Université de Montréal.
Il apparaît toutefois difficile d’imaginer les citoyens circuler sur les trottoirs, prendre le transport en commun et se déplacer dans de grandes tours à bureaux tout en respectant «la règle du deux mètres», soulève M. Leblanc.
«On veut comprendre avec la santé publique si le deux mètres est [une exigence] stricte et ferme en toute situation. Est-ce qu’il est possible de prendre un ascenseur avec d’autres personnes si elles portent toutes un masque?», questionne-t-il.
Des règles à clarifier
En France, l’Académie nationale de médecine a proposé récemment que le port du masque soit généralisé dans le pays lorsque les citoyens recommenceront à circuler normalement. La Corée du Sud et la Chine recommandent pour leur part fortement à leurs citoyens de porter un masque, qu’ils soient malades ou non. Une proposition qui survient alors que de plus en plus d’études démontrent que la vaste majorité des personnes atteintes du coronavirus ne présentent pas de symptômes cliniques.
Jeudi, la directrice régionale de la santé publique de Montréal, Mylène Drouin, a d’ailleurs rappelé l’importance que tous les travailleurs de la santé portent un masque pour éviter les risques de contagion, notamment dans les CHSLD. «Nous avons constaté que nous avons beaucoup de travailleurs asymptomatiques qui ont été testé positifs», a-t-elle évoqué en conférence de presse. Québec n’a toutefois pas émis de recommandations claires à cet égard pour la population en général.
«On voit comment en Chine et aussi en Europe, le redémarrage est basé sur la distanciation physique et aussi, dans certains cas, sur le port du masque. Et on voit dans les reportages auxquels on a accès que les gens sont beaucoup plus proches que le deux mètres. Donc, on veut des clarifications à savoir quelles sont vraiment les exigences sur le deux mètres», ajoute M. Leblanc.
Ce dernier espère par ailleurs que Québec fournira des «protocoles» clairs aux petites entreprises pour qu’elles puissent bien se préparer à la reprise de leurs activités normales.
«Il faudra que le gouvernement ait des mesures claires pour tout le monde.» -Roxane Borgès DaSilva, professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal
Virage numérique
D’autre part, la Ville de Montréal a annoncé vendredi l’octroi d’un montant de 200 000$ au Conseil québécois du commerce de détail afin que celui-ci aide leurs entreprises dans leur virage numérique. Ainsi, des commerçants de la métropole pourront bénéficier de 1750 heures de soutien technique pour les aider à augmenter leurs ventes en ligne.
Selon un sondage de la CCMM rendu public aujourd’hui, plus de 75% des commerçants de la métropole ne disposaient toujours pas d’un site web transactionnel au début de la crise du coronavirus.