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Transport collectif: Montréal devra se prononcer sur un fonds d’urgence

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Un train passe dans le métro sur la ligne orange. Photo: Josie Desmarais/Métro

Un conseiller municipal somme les villes de Montréal et de Laval, ainsi que plusieurs autres municipalités canadiennes, de «faire pression» sur Ottawa pour mettre sur pied un fonds d’urgence dédié au transport collectif. Aux prises avec une baisse d’achalandage importante, le secteur connaît une période difficile dans la région métropolitaine, avec des pertes évaluées à 90 M$.

«On doit combler le manque à gagner entre les revenus en baisse des transporteurs et les coûts, au moins jusqu’à temps qu’on rétablisse l’usage des services», explique à Métro l’élu dans le district de Snowdon, Marvin Rotrand. Il a déposé lundi une motion au conseil municipal pour forcer les élus montréalais à se prononcer sur la question, le 25 mai prochain.

Depuis trois semaines, l’Association canadienne du transport urbain (ACTU) demande au gouvernement Trudeau de créer un Fonds d’urgence de 1,2 G$, accompagné d’une somme de 400 M$ par mois, jusqu’à la reprise de l’achalandage normal.

«Est-ce qu’on veut revenir au temps où la voiture privée comblait une grande partie de nos besoins de mobilité? Sans investissements majeurs, c’est vers là qu’on s’en va.» -Marvin Rotrand, conseiller du district de Snowdon

Pour l’ancien membre du conseil d’administration de la STM, le temps presse pour éviter une catastrophe. «Les gens ne reviendront pas dans le métro immédiatement lors de la relance. Il y aura des craintes, des réflexes à réapprivoiser, et des changements dans nos habitudes», analyse M. Rotrand.

Pour l’avenir du transport collectif

Au début avril, l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) révélait que des baisses de revenus de plus de 90 M$ sont envisageables en mars et en avril pour la STM, le RTL, la STL et exo. Des fortes baisses d’achalandage de la clientèle ces dernières semaines, oscillant entre 80 et 90%, en seraient la principale cause.

«Nous travaillons avec les élus municipaux, la CMM et les gouvernements. On a notamment collaboré avec ses homologues des autres grandes régions urbaines afin que l’ACTU interpelle le gouvernement fédéral à ce sujet», indique le porte-parole de l’ARTM, Simon Charbonneau.

La porte-parole au cabinet du maire Marc Demers, Valérie Sauvé, indique pour sa part que les demandes de l’ACTU «mettent en lumière» d’importants défis.

«Nous travaillons d’arrache-pied pour soutenir nos citoyens. Les mesures que nous avons mises en place ont des conséquences sur les liquidités de notre ville.» -Valérie Sauvé, porte-parole de la Ville de Laval, qui espère aussi une aide fédérale.

Même son de cloche du côté de la Ville de Montréal. «La baisse d’achalandage engendrera un important manque à gagner au niveau des revenus. On s’attend à ce que les paliers supérieurs offrent leur soutien aux services essentiels des municipalités», lance la porte-parole au cabinet de la mairesse, Catherine Cadotte.

D’ailleurs, la Fédération canadienne des municipalités publiera jeudi une «recommandation officielle» au sujet du transport, à Ottawa. En effet, la situation n’est pas unique au Grand Montréal. Hier, la société des transports de Vancouver, TransLink, annonçait la mise à pied de 1500 employés et la fermeture de 18 lignes locales. L’organisme évalue ses pertes à plus de 75 M$ mensuellement. Idem à Toronto, où la Commission de transport recense des pertes allant jusqu’à 20 M$ par semaine.

Des hausses de taxe, une survie en jeu

Chez Trajectoire Québec, le président François Pepin s’inquiète vivement des répercussions qu’auraient des pertes de revenu successives pour les sociétés de transport. «C’est la Ville qui assume les déficits. Si ça devient un gros montant parce qu’on ne soutient pas l’industrie, ça aura un impact majeur sur les comptes de taxe, voire même sur les tarifs qui pourraient être augmentés», dit-il.

«À travers les branches, on sent que ce n’est pas la priorité du fédéral et du provincial. On peut comprendre, mais il va falloir adresser le problème à un moment donné.» -François Pepin, de Trajectoire Québec

La situation fait «contre-tendance», alors que les autorités «tentent par tous les moyens de développer le transport collectif actuellement», ajoute le spécialiste. «Si pendant quatre mois, les revenus stagnent et les coûts ne diminuent pas, on va mettre en péril la pérennité du réseau», conclut-il.

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