Un centre pour déficients intellectuels entièrement infecté par le coronavirus
La crise du coronavirus qui afflige les CHSLD montréalais pourrait se transporter vers d’autres établissements tout aussi vulnérables, soit les ressources d’hébergement pour déficients intellectuels. Un centre d’accueil de la métropole a récemment transféré ses six locataires à l’hôpital après qu’ils aient été infectés, a appris Métro.
La résidence à assistance continue (RAC) des Roses a ainsi vu la totalité de ses usagers déficients intellectuels contracter le coronavirus, a confirmé mercredi après-midi le porte-parole de la Direction régionale de la santé publique Eric Forest.
«Ils ont été transportés à l’hôpital Notre-Dame et seront retournés sous peu à la RAC. Leurs symptômes sont sous contrôle», a-t-il indiqué.
Les RAC, ressources peu connues du système de santé, hébergent des personnes avec un handicap intellectuel ou physique grave. À Montréal, on en compte 24. Selon la DRSP, aucune autre de ces résidences n’a été infectée par le coronavirus.
Des inquiétudes
Toujours est-il que les risques de contamination sèment l’inquiétude. Le président du Syndicat des travailleuses et des travailleurs du CIUSSS Centre-Sud, un organe affilié à la CSN, a d’ailleurs reçu plusieurs témoignages de la part de ses membres, qui craignent voir la crise des CHSLD se répéter dans ces milieux vulnérables.
«Si le virus se répand dans les RAC, ça va faire des dommages.» – Alain Croteau, président du STT CIUSSS Centre-Sud
«Ce sont des clientèles assez faibles, avec des espérances de vie moins avantageuses. C’est sûr que si ça va plus loin, ça pourrait faire beaucoup de victimes», alerte le syndicaliste.
La transmission pourrait s’accélérer, craint-il, étant donné un important «roulement de personnel dans les RAC».
«Le personnel me dit qu’il y a beaucoup de va-et-vient entre les résidences. Il y a des jeunes qui viennent d’être embauchés et qui se font initier en faisant le tour du réseau. C’est pas très réfléchi», ajoute M. Croteau.
Au début du mois d’avril, des syndicats avaient alerté les autorités sanitaires du risque de «jongler» avec le personnel.
La ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, appelle désormais à éviter les transferts de professionnels entre zones infectées. Des propos qui font écho à plusieurs recommandations de la DRSP de Montréal.