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Turcot: l’écoterritoire prend forme, mais la dalle-parc se fait toujours attendre

Dalle-parc turcot
Des camions s'affairent sur un chantier dans le secteur de la cour Turcot, jeudi à Montréal. Photo: Josie Desmarais/Métro

Le Parc de l’écoterritoire de la falaise Saint-Jacques franchit de nouvelles étapes. La Ville de Montréal a confirmé jeudi qu’un nouveau «grand espace vert» s’étendra jusqu’à la rue Notre-Dame, sur un total de 1,8 km. S’ils saluent l’initiative, des organismes rappellent que la dalle-parc, qui fait l’objet de discussions depuis plus de dix ans dans le secteur de l’échangeur Turcot, devra s’intégrer au projet pour en assurer son «plein potentiel».

«On espère vraiment un engagement rapide du gouvernement du Québec pour allonger le financement de la dalle-parc, avance le directeur général du Conseil régional de l’environnement de Montréal (CRE-MTL), Emmanuel Rondia. C’est un lien nécessaire entre les milieux de vie et les pôles d’emplois. Mais le dossier traîne.»

Sans ce lien cycliste et piéton qui enjamberait l’autoroute 20, plusieurs parties du nouveau parc «seront difficilement accessibles pour une grande partie de la population», prévient l’organisme, qui soutient que les «deux noyaux de biodiversité» – la falaise et le futur espace vert dans la cour Turcot – doivent être «connectés».

Selon les plans initiaux, la dalle-parc Turcot lierait les arrondissements de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce et du Sud-Ouest.

Des années de débats

En juin 2018, alors ministre des Transports, le député libéral André Fortin avait pris l’engagement de réaliser le projet de dalle-parc. «Ce n’est pas le Parti libéral qui parle, c’est le gouvernement du Québec», avait-il indiqué, assurant qu’il ne s’agissait pas d’une promesse électorale. Presque deux ans plus tard, la Coalition avenir Québec, maintenant au pouvoir, n’a pourtant toujours pas confirmé du financement pour le projet.

«On garde espoir. Le fait que la Ville délimite officiellement le parc est un argument de plus pour pousser Québec à aller de l’avant. Cela dit, il y a une réflexion à avoir avec le CN et le gouvernement fédéral, en termes d’infrastructures vertes.» -Emmanuel Rondia, du CRE-MTL

Au cabinet de la mairesse Valérie Plante, la porte-parole Geneviève Jutras indique que la dalle-parc «demeure une composante importante du projet». En juin 2018, la Ville avait convenu d’investir 125 000$ dans une étude de faisabilité, qui a depuis été réalisée.

«Différents scénarios techniques sont aussi en cours d’évaluation. L’administration est en discussions avec Québec pour confirmer le montage financier du projet et assurer sa réalisation». -Geneviève Jutras, attachée de presse de la mairesse

Québec affirme aussi que les choses vont bon train. «Le MTQ travaille étroitement avec la Ville de Montréal sur un protocole d’échange de terrains. Une rencontre hebdomadaire a lieu et les discussions se déroulent bien», dit Sarah Bigras, l’attachée de presse de la ministre Chantal Rouleau.

Jusqu’à 60 hectares

La mairesse Valérie Plante a souligné l’importance du geste, jeudi, en annonçant la délimitation officielle du Parc de l’écoterritoire de la falaise. «Ce nouveau jalon que nous posons aujourd’hui nous rapproche de la création d’un autre grand parc à Montréal», illustre-t-elle.

La Ville estime qu’elle récupérera ainsi «près de 60 hectares presqu’entièrement accessibles» à la population, ce qui créera une nouvelle canopée et réduira les îlots de chaleur, en plus d’améliorer la qualité de l’air et la gestion des eaux pluviales.

Montréal transformera d’abord une ancienne cour de triage pour ce faire, les cours Turcot. À terme, l’administration Plante vise à atteindre un ratio de 10% d’aires protégées au niveau local. Aux yeux du responsable des grands parcs, Robert Beaudry, l’exemple du parc Frédéric-Back est probant. Un ancien dépotoir fait l’objet d’une métamorphose complète dans le quartier Saint-Michel pour laquelle la Ville a déjà promis 8,5 M$.

«On a démontré qu’il était possible de créer un espace vert de qualité dans un milieu qui, au premier regard, n’était pas attirant.» -Robert Beaudry, responsable des grands parcs

L’été dernier, des dizaines d’organismes avaient signé une lettre ouverte intitulée «la dalle-parc Turcot se fait attendre», dans Le Devoir«Ce projet est bien plus qu’une solution technique à un enjeu local de mobilité; il s’agit aussi d’un projet structurant d’intérêt métropolitain. Également, la réalisation prochaine du parc-nature commande encore plus le désenclavement de ce secteur», y lit-on.

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