La SDC Saint-Denis demande le report de l’aménagement d’une piste cyclable
Alors que la crise du coronavirus menace d’entraîner une hausse du nombre de locaux commerciaux vacants dans la métropole, la Société de développement commercial (SDC) de la rue Saint-Denis presse la Ville de Montréal de reporter d’un an le début des travaux d’aménagement d’une piste cyclable sur l’artère.
De juillet à octobre, la Ville entend aménager une piste cyclable protégée, accessible été comme hiver, sur la rue Saint-Denis. Ces trois mois de travaux s’inscrivent dans le projet du Réseau express vélo (REV). Ce dernier prévoit la réalisation de 180 km de voies cyclables sur 17 axes de la métropole d’ici la fin de 2021.
Le mois dernier, la SDC a sondé ses membres au sujet de ce chantier à venir. Sur 71 répondants, seulement 23 sont favorables à la réalisation d’une piste cyclable devant leur commerce dès cet été, 32 sont «absolument contre» ce projet, tandis que 16 appuient celui-ci, mais demandent son report à l’année prochaine.
Face à ce constat, la directrice générale de la SDC, Kriss Naveteur, a envoyé à la fin mai une lettre au maire du Plateau-Mont-Royal et responsable du développement économique à la Ville, Luc Rabouin, pour l’implorer de retarder à l’année prochaine le début de ces travaux. Les membres du conseil d’administration de l’association de commerçants ont d’ailleurs voté de façon unanime en faveur d’un tel report, indique la lettre.
«Dans le contexte actuel, vous comprendrez certainement que ce report est essentiel à la survie de notre artère commerciale.» -Extrait de la lettre de la SDC rue Saint-Denis
Machinerie lourde
Contrairement aux corridors piétons et cyclistes temporaires prévus au Plan de déplacements estival de la Ville, la réalisation du REV impliquera l’utilisation de machinerie lourde. Il faudra notamment réaménager plusieurs intersections pour les rendre plus sécuritaires pour les cyclistes. Un projet qui entraînera le retrait de nombreuses places de stationnement, tout en réduisant l’espace dédié aux voitures dans plusieurs rues.
«Majoritairement, les commerçants de la rue Saint-Denis sont pour le changement sur leur artère», assure Kriss Naveteur dans un courriel à Métro. Les commerçants ont toutefois besoin d’un répit, les trois derniers mois ayant miné leur situation financière.
«[Les commerçants] ne veulent pas de machinerie lourde sur les différents tronçons du territoire commercial de la rue Saint-Denis en 2020», martèle Mme Naveteur.
Un projet «trop avancé»
Dans les derniers jours, des membres de l’administration de la SDC ont rencontré l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal. Ce dernier n’entend toutefois pas retarder la réalisation de ce projet, qui est «trop avancé», confirme Luc Rabouin.
«Ce qu’on est ouvert à faire, c’est de commencer les travaux en partant de la rue Jean-Talon», indique l’élu en entrevue à Métro. Ainsi, en commençant les travaux sur la partie nord de la rue Saint-Denis, cela permettra de retarder de plusieurs semaines le réaménagement des intersections sur la portion sud de l’artère, où se concentre l’activité commerciale, explique-t-il.
M. Rabouin espère ainsi donner «un répit» aux commerçants et limiter les impacts de la crise sanitaire sur la fermeture de commerces sur l’artère.
«On fait le maximum pour qu’il y ait le moins de locaux vacants possible.» -Luc Rabouin, maire du Plateau-Mont-Royal
Consultations
Plusieurs projets de réaménagement de la Ville ont entraîné une levée de boucliers dans les dernières semaines. L’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie a notamment dû se rétracter sur son intention de réserver une partie du boulevard Saint-Laurent aux piétons en raison de la grogne des commerçants. Il devra aussi maintenir la circulation automobile sur les rues Masson et Beaubien cet été.
Le 15 mai, la Ville de Montréal a annoncé l’aménagement temporaire de 200 km de voies sécuritaires pour les piétons et les cyclistes afin de faciliter le respect de la distanciation physique dans le contexte de la crise sanitaire.
«Les travaux qui se font aujourd’hui ne sont pas du tout obligatoires. Ils sont purement politiques», réplique le leader adjoint de l’opposition officielle, Francesco Miele.
Ce dernier déposera une motion lundi prochain, en séance du conseil municipal, pour réclamer que le Plan de déplacements estival de la Ville fasse l’objet d’une consultation publique.