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Budget 2021: les arrondissements face à des choix difficiles

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L'édifice Lucien-Saulnier occupe actuellement la fonction d'hôtel de ville de Montréal. Photo: Zacharie Goudreault/ Métro

Piger dans les surplus, couper dans les dépenses, augmenter le nombre de vignettes de stationnement: les arrondissements montréalais tentent par divers moyens d’équilibrer leur prochain budget, marqué par la crise sanitaire.

Plusieurs arrondissements, qui présentent cette semaine leurs prévisions budgétaires, on fait le choix de ne pas hausser leur taxe locale au-delà de l’inflation l’an prochain, évalué à environ 2%, a constaté Métro. Parmi ceux-ci, on compte entre autres le Plateau-Mont-Royal, Ville-Marie, Montréal-Nord et Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension.

L’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie a même décidé de baisser légèrement sa taxation locale l’an prochain, tandis qu’Ahuntsic-Cartierville gèlera celle-ci.

Les impacts de la pandémie

La pandémie n’a pourtant pas épargné les finances des arrondissements. Elle a fait diminuer leurs revenus, notamment en lien avec l’octroi de permis d’occupation du domaine public et de vignettes de stationnement. Les achats reliés à la crise sanitaire, comme les équipements de protection pour les employés, ont d’autre part représenté des dépenses imprévues.

Les arrondissements doivent donc trouver d’autres moyens d’équilibrer leur budget 2021, comme le prévoit la loi.

«On a eu une gestion très prudente et rigoureuse dans les dernières années, ce qui a nous a permis de faire face à la COVID cette année et de maintenir un niveau de services en 2021 sans hausser le taux de taxation [au-delà de l’inflation]», fait valoir à Métro le maire du Plateau-Mont-Royal, Luc Rabouin.

«On est dans un budget de maintien des services. Il n’y aura pas d’améliorations.» -Luc Rabouin, maire du Plateau-Mont-Royal

Jeudi dernier, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a annoncé un gel des taxes foncières gérée par la ville-centre l’an prochain, un engagement qui lui coûtera environ 56 M$. Cette promesse exclut les arrondissements, bien que Mme Plante les ait invités à lui emboiter le pas.

«On est contents que la ville-centre ait gelé sa taxe foncière, mais on est déçus que des arrondissements haussent leurs taxes quand même», souligne à Métro le porte-parole de Montréal pour tous, Pierre Pagé.

Piger dans les surplus

Le Plateau-Mont-Royal devra par ailleurs piger dans ses surplus à hauteur de 935 500$ pour équilibrer ses finances. Ville-Marie, pour sa part, entend utiliser une somme de près de 9M$ tirée de ses surplus afin d’atteindre ce même objectif.

«Tous les paliers de la Ville doivent faire preuve d’imagination cette année pour boucler les budgets, notamment par l’utilisation des surplus accumulés», affirme Catherine Cadotte, qui est attachée de presse au cabinet de la mairesse de Montréal, Valérie Plante

Celle-ci rappelle d’autre part que la Ville a indexé de 1% ses transferts aux arrondissements cette année, malgré la crise sanitaire. Au cabinet de la mairesse de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, Giuliana Fumagalli, on juge toutefois cette aide «nettement» insuffisante.

«[Notre arrondissement] est le deuxième plus grand de Montréal, mais nous ne recevons pas les sommes nécessaires dans les transferts pour répondre aux besoins dans nos champs de compétence», déplore sa directrice de cabinet, France Émond, dans un courriel à Métro.

Cette situation empêche l’arrondissement de débloquer des fonds pour épauler les commerçants locaux, acheter des masques, «voire bonifier l’aide alimentaire» pour les personnes dans le besoin, ajoute-t-elle.

«Encore une fois cette année, Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce sera négligé par la Ville de Montréal avec des transferts financiers nettement insuffisants», a aussi réagi mardi la mairesse d’arrondissement, Sue Montgomery, par voie de communiqué.

Couper dans les dépenses

Plusieurs arrondissements entendent par ailleurs couper dans leurs dépenses. Parmi les catégories visées par ceux-ci, on compte entre autres la sécurité publique, le transport et l’aménagement urbain. M. Rabouin souligne aussi la possibilité de réduire «les dépenses d’honoraires de consultants externes».

Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, qui prévoit des réductions de dépenses de 350 000$ en 2021, entend aussi diversifier ses sources de revenus afin de dépendre moins de sa taxe locale.

L’arrondissement entend notamment augmenter le nombre de places de stationnement avec vignettes et «ajuster les tarifs de stationnement en fonction de la performance écologique des véhicules».

«Nous avons également révisé à la baisse ou enlever les allocations pour voiture. De plus, nous pensons au recours à l’autopartage pour les déplacements [des employés]», indique France Émond.

Des moyens, en somme, de permettre à l’arrondissement de répondre à ses exigences budgétaires sans avoir à couper dans les services aux citoyens.

À cet égard, le professeur invité à l’École nationale d’administration publique, Rémy Trudel, propose que les arrondissements entament une réflexion sur le fonctionnement de certains de leurs services afin de réduire les dépenses dans ceux-ci sans en réduire la qualité.

«Il faut être très imaginatifs», conclut l’ancien ministre des Affaires municipales.

Avec Elena Broch, Métro Média

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