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Montréal prévoit un gel des taxes pour tous, malgré un lourd déficit

REV Valérie Plante
La mairesse de Montréal, Valérie Plante. Photo: Josie Desmarais/Métro

Malgré les impacts majeurs de la crise sanitaire sur ses finances, la Ville de Montréal prévoit appliquer un gel des taxes foncières en 2021, tant pour les résidents que les commerçants. Un engagement coûteux qu’elle promet de concrétiser sans couper dans les services aux citoyens.

Dans des prévisions présentées à la fin du mois d’avril, l’administration de Valérie Plante appréhendait que la crise sanitaire puisse entraîner un manque à gagner de 294 M$ à l’échelle de l’agglomération. En tenant compte des impacts de la pandémie sur l’achalandage du transport collectif, cette estimation grimpait à 538,5 M$.

Jeudi, l’administration municipale a toutefois indiqué qu’elle anticipe un déficit de 109 à 129 M$, en date du 31 août, en excluant le transport collectif. Si ces prévisions sont bien moins sombres que celles présentées pendant la première vague du coronavirus, c’est grâce au plan de redressement mis en place par la Ville au printemps, a fait valoir la mairesse de Montréal, Valérie Plante.

Ce plan prévoyait des compressions de 123,4 M$ de la part de la Ville et des arrondissements, qui ont notamment dû sabrer dans leurs dépenses de 3,1%.

«Nous sommes donc aujourd’hui devant une situation financière difficile, mais gérable», a affirmé Mme Plante lors d’une conférence de presse à l’hôtel de ville.

Mesures d’urgence

La Ville a aussi indiqué avoir déjà dépensé plus de 80% des 85 M$ qu’elle prévoit consacrer à la mise en place de mesures d’urgence d’ici la fin de l’année.

L’administration a notamment déboursé 26 M$ pour offrir des lits et de la nourriture aux personnes en situation d’itinérance dans le contexte de la crise sanitaire, qui a forcé les refuges de la métropole à limiter leur capacité d’accueil.

Une somme de 16 M$ a aussi servi à sécuriser les lieux de travail de la Ville, comme les bibliothèques et les piscines publiques, afin d’y faciliter le respect de la distanciation physique et de fournir des équipements de protection aux employés. La transition vers le télétravail de milliers d’employés municipaux a aussi coûté 2,5 M$, notamment en raison de l’achat d’ordinateurs et de logiciels.

L’administration municipale a par ailleurs alloué quelque 5 M$ à l’aménagement de pistes cyclables, de rues piétonnes et de corridors sanitaires temporaires cet été, afin de faciliter le respect de la distanciation physique dans l’espace public.

À ces dépenses s’ajoutent des pertes de revenus importantes. La mise sur pause des chantiers pendant la première vague a notamment fait perdre 18 M$ à la Ville en revenus fonciers. Elle pourrait aussi perdre jusqu’à 34 M$ en revenus tirés des parcomètres de la métropole, alors que le centre-ville est vide.

La police de Montréal devrait aussi rapporter 73 M$ de moins à l’administration Plante cette année.

«Il y a moins de gens qui circulent, qui commettent des infractions, et donc, bien sûr, ça crée un manque à gagner pour la Ville de Montréal», a expliqué le président du comité exécutif, Benoit Dorais.

Gel des taxes

Malgré ce contexte financier difficile, l’administration Plante promet de geler les taxes foncières gérées dans son prochain budget, attendu en novembre. En 2020, celles-ci ont crû de 2,1% pour le secteur résidentiel et de 1,5% pour les commerces.

«Dans les circonstances, ça crée un effet de soulagement pour les commerçants», a réagi à Métro le président de l’Association des sociétés de développement commercial de Montréal, Billy Walsh.

Cette mesure concernera la portion de l’impôt foncier que gère la ville-centre, soit 80% de la facture fiscale. Les arrondissements, qui gèrent les 20% restants, pourront donc hausser les taxes foncières de leurs résidents s’ils le souhaitent.

«Évidemment, ce gel va nous forcer à redoubler d’ardeur pour boucler notre budget 2021. Ce ne sera pas simple, mais on y croit.» -Valérie Plante, mairesse de Montréal

Endettement

La Ville anticipe que cette mesure lui fera perdre environ 56 M$ l’an prochain. Afin de répondre à son obligation légale de présenter un budget équilibré, l’administration entend notamment miser sur l’aide gouvernementale à venir, ses surplus des dernières années, mais aussi sur des emprunts.

«Mais pour équilibrer le budget, on ne veut pas couper dans les services aux citoyens», a toutefois assuré Mme Plante.

Dans les dernières semaines, l’opposition officielle, Ensemble Montréal, a pressé la Ville de réduire ses dépenses pour faire face à la pandémie.

«On pourrait croire qu’un gel des taxes, c’est positif, mais comment est-ce que ça va se concrétiser? […] Leur solution, c’est d’emprunter encore», a déploré à Métro le chef d’Ensemble Montréal, Lionel Perez.

«Une chose est sûre, vous pouvez compter sur nous pour ne pas prendre tout ça et le refiler sur la carte de crédit», a pour sa part affirmé M. Dorais.

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