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Logement abordable: Montréal dévoile un programme de subvention

Le responsable de l’habitation au comité exécutif, Robert Beaudry Photo: Josie Desmarais/Métro

L’administration de Valérie Plante a dévoilé vendredi les détails d’un programme de subvention à la construction de logements abordables qui entrera bientôt en vigueur dans deux secteurs de la métropole. Son objectif: éviter que des ménages de la classe moyenne quittent Montréal, faute d’avoir les moyens d’y acheter une propriété.

Le programme en question, s’inscrit dans le Règlement pour une métropole mixte, qui entrera en vigueur le 1er avril. La dernière mouture de ce règlement, qui divise les conseillers municipaux, vient circonscrire les obligations en matière d’inclusion de logements abordables dans les projets immobiliers à deux secteurs en densification. Il s’agit d’une partie de l’arrondissement de Saint-Laurent, où passera le futur Réseau express métropolitain, de même que la Pointe-Nord-de-l’Île-des-Soeurs.

Dans ces secteurs, les promoteurs immobiliers devront inclure de 10 à 20% de logements abordables dans leurs projets. Pour les aider à atteindre cet objectif, la Ville propose de leur accorder une subvention équivalente à 10% de la valeur d’une unité. En échange, le promoteur devra réduire du même pourcentage le prix de vente de ce logement.

Prévenir l’exode vers la banlieue

L’acheteur éligible à ce programme, qui s’adresse aux ménages de la classe moyenne, pourra ainsi acquérir un logement dans ces deux secteurs pour une facture équivalente à 80% de sa valeur marchande. Un logement dont le prix de vente aurait normalement été de 500 000$ sera ainsi vendu à 400 000$, soit avec un rabais de 20%.

«Ce programme constitue une [option] pour les nouveaux acheteurs et les jeunes familles de la classe moyenne qui pensent s’exiler en-dehors de la ville parce que leur capacité financière ne leur permet pas d’accéder au logement ou à la propriété qu’ils souhaitent», a évoqué vendredi le responsable de l’habitation au comité exécutif, Robert Beaudry. Ce dernier a accordé une conférence de presse virtuelle en avant-midi au sujet de ce programme.

Dans les dernières années, la valeur des propriétés a augmenté rapidement à Montréal, stimulant l’attrait de la banlieue pour certains acheteurs.

«Il y a beaucoup de personnes qui veulent rester à Montréal, mais qui ne peuvent pas se le permettre actuellement.» -Robert Beaudry, responsable de l’habitation au comité exécutif

14 M$

D’ici 2023, la Ville espère que ce programme permettra de faciliter la mise en marché de 150 à 315 unités de logement abordable dans ces deux arrondissements. Elle prévoit ainsi débourser plus de 14 M$ en subventions, si elle atteint la cible maximale. La Ville tirera cette somme des contributions financières que devront effectuer les promoteurs dans le cadre du Règlement pour une métropole mixte.

«On parle de centaines d’unités pour les trois prochaines années. Pour un nouveau produit, c’est intéressant», a fait valoir M. Beaudry.

Ce programme laisse toutefois un «goût amer» aux promoteurs, qui devront en assumer la facture, estime le vice-président aux affaires publiques de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ), François Bernier.

«Le plus désagréable, c’est de penser que pour un ménage qu’on va aider, il y a tous les autres ménages qui vont payer pour ça», laisse-t-il tomber en entrevue à Métro. Selon lui, les promoteurs n’hésiteront pas à compenser les impacts de ce programme en augmentant le prix de vente des unités qui n’auront pas à respecter les exigences de la Ville en matière de logements abordables.

Dans les prochaines années, l’accès à ce programme devrait d’ailleurs s’élargir à d’autres secteurs en développement dans la métropole. Ce sera notamment le cas de Lachine-Est, du quartier des Faubourgs et, éventuellement, du site de l’ancien hippodrome Blue Bonnets, entrevoit la Ville.

«C’est un projet qui va croître et suivre l’évolution du marché», a indiqué M. Beaudry.

Contrôle des prix

Les ménages qui bénéficieront de ce programme devront toutefois faire certains compromis. Le programme prévoit notamment de limiter à 3% la hausse annuelle de la valeur à la revente des unités qui auront bénéficié d’une subvention de la Ville. Un pourcentage bien en-deçà de la croissance annuelle des prix dans les dernières années, à Montréal.

«Quelqu’un achète un condo aujourd’hui alors que les prix augmentent de 10-15% par année, il s’attend à faire un profit intéressant», souligne M. Bernier. Il se réjouit toutefois que la Ville permette tout de même aux propriétés éligibles à ce programme de prendre un peu de valeur.

«Au terme de quelques années, on permet quand même aux [propriétaires] de se bâtir un petit capital», constate-t-il.

Ainsi, après sept ans, la Ville analyse que le propriétaire d’un logement dont il a fait l’acquisition pour 400 000$ grâce à cette initiative pourra revendre celui-ci au plus à 491 950$. À l’inverse, si on le laissait prendre de la valeur librement, ce même logement se vendrait à plus de 703 500$ dans sept ans, indique-t-on.

La Ville espère ainsi pouvoir conserver l’abordabilité de ces logements pendant 30 ans. Par la suite, elle aura d’ailleurs l’occasion de racheter ces unités pour les revendre elle-même, si elle le souhaite.

«Cette approche va assurer qu’à mesure que le temps passe, on conserve ces logements abordables à plus long terme», a souligné M. Beaudry.

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