Un genou sur le cou: l’arrestation d’un jeune Noir sème encore la colère
L’image du genou d’un policier sur le cou d’un adolescent Noir captée lors d’une intervention policière à Villeray a suscité colère et indignation il y a près d’un mois. Ce geste est toujours décrié par le député de Québec Solidaire Andrés Fontecilla et la directrice générale de la Maison d’Haïti Marjorie Villefranche, qui y voient un exemple frappant de profilage racial.
«[Cette arrestation] ne se serait pas produite dans des quartiers comme Westmount ou Outremont, avec des jeunes blancs», a martelé Andrés Fontecilla, député de Laurier-Dorion, lors d’un point de presse tenu devant l’école Georges-Vanier, lieu où s’était déroulée l’intervention décriée.
Le 10 juin dernier, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a reçu un appel afin que des policiers mettent un terme à une dispute impliquant quinze jeunes devant l’école secondaire de la rue Jarry. Deux d’entre eux ont voulu s’échapper, mais ont rapidement été maîtrisés par les policiers. Les images de l’arrestation musclée ont fait le tour des réseaux sociaux et ont été vivement critiquées par le milieu politique québécois.
«Je ne comprends pas comment un policier peut penser que mettre son genou sur un jeune pour l’étouffer, c’est correct», se questionne Mme Villefranche. Selon elle, l’incident est d’autant plus troublant qu’il arrive à la suite du meurtre par asphyxie de George Floyd par le policier Derek Chauvin.
Mme Villefranche a raconté connaître les deux adolescents immobilisés lors de l’intervention puisqu’ils fréquentaient la Maison d’Haïti depuis des années. Selon elle, les jeunes se portent plutôt bien, mais sont encore sous le choc.
Pas un cas unique
Le député Fontecilla ne croit pas qu’il s’agisse d’un simple accident de la part du policier.
Selon lui, il est primordial que la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, et le ministre de la Lutte contre le racisme, Benoît Charrette, interviennent pour que ce type d’arrestations ne surviennent plus au Québec. Il réclame notamment l’élaboration d’une «politique claire d’intervention basée sur la médiation».
L’avocat de la famille de l’adolescent arrêté par le policier avec le genou, Me Fernando Belton, avait indiqué que leur client désirait poursuivre la Ville de Montréal en juin dernier. Le dossier n’a toujours pas progressé au moment d’écrire ses lignes.