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Le tiers des revenus des agences de placement provient du gouvernement

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Photo: Archives Métro

La dépendance du réseau de la santé et des services sociaux (RSSS) à l’égard des agences de placement, précisément de l’aide à domicile, est «structurelle». À tel point que Québec devra donner un important «coup de barre» s’il veut respecter son objectif de limiter leur utilisation, constate une étude de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS).

Dans l’optique d’une transition, le gouvernement du Québec s’est engagé à limiter le recours aux agences de placement à 2,27% des heures travaillées pour l’ensemble du RSSS en 2021-2022 (1,67% en 2022-2023).

Sauf que le pourcentage des heures travaillées dispensées par des agences de placement en 2020-2021 atteignait 27,2% pour le secteur de l’aide à domicile. La responsable de l’étude, la chercheuse Anne Plourde, s’est intéressée à ce secteur particulier, où se manifeste une «dépendance structurelle» du RSSS. Elle indique que le RSSS génère près de 30% des revenus totaux de ces agences.

Pour renverser ce «recours massif» aux agences de placement dans ce secteur qui est en croissance, le gouvernement a en main plusieurs mesures, comme l’attribution de cibles spécifiques à ce secteur. «Si on veut changer les choses, il faudrait procéder à des embauches massives. Si on regarde les dernières années, on est plutôt en croissance du recours aux agences», explique Mme Plourde. Un phénomène qui s’est accentué pendant la pandémie. Elle ajoute que c’est aussi une action qui permet de rehausser le niveau de prestation en améliorant les conditions de travail.

Une question de volonté?

Une grande disparité existe sur le territoire concernant le recours aux agences de placement spécialisées dans l’aide à domicile. «En effet, dans le secteur de l’aide à domicile, les taux de recours aux agences par les CIUSSS de la région de Montréal oscillent entre 22,56% et 49,07%.» Montréal est ainsi la région où ce recours est le plus fort. Anne Plourde explique cette situation par le fait que la région concentre de la main-d’œuvre vulnérable qui se retrouve ensuite dans ces agences.

Cette même situation est observable en Montérégie. «En Montérégie est et centre, le recours est beaucoup plus bas que la moyenne nationale, mais en Montérégie ouest, le taux est le plus élevé au Québec, à 73%.»

Ce n’est donc pas une pénurie de personnel qui explique le recours aux agences, car sur un même territoire, il y a des taux de recours très différents. Cela veut dire que ce sont des choix de gestion et qu’il est possible de faire des choix différents.

Anne Plourde, chercheuse à l’IRIS

Même si le recours aux agences de placement est souvent dicté par une approche financière, Mme Plourde relève que ces avantages financiers se réduisent et perdent de plus en plus de leur pertinence. «Pour les services d’aide à domicile, le gouvernement du Québec épargnait 13 $ l’heure en 2015-2016 en utilisant les services d’agences. Ce montant est maintenant de 4 $ l’heure, une diminution de 69%.»

De plus, ce nivellement pourrait continuer, puisqu’une modification réglementaire de 2020 prévoit que la rémunération des employés en agence doit être à travail équivalent. Ce sera tout un défi, car «on sait que le recours aux agences vient avec une moins bonne qualité des services et avec des conditions de travail qui sont moins bonnes».

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