Ray-Mont Logistiques: des manifestants exigent la tenue d’un BAPE
Une centaine de personnes ont investi les rues d’Hochelaga-Maisonneuve, samedi après-midi, afin de dénoncer le projet de plateforme de transbordement de marchandises de la compagnie Ray-Mont Logistiques qui doit être développé dans Assomption Sud-Longue-Pointe (ASLP). Les manifestants exigent de Québec qu’une consultation du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) soit déclenchée.
Redoutant un accroissement de la pollution sonore, atmosphérique et lumineuse, la perte d’espace vert et de biodiversité ainsi que la formation d’un îlot de chaleur, les opposants au projet d’entreposage de conteneurs sont toutefois conscients que le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) ne considère pas le projet comme susceptible de faire l’objet d’une procédure d’évaluation et d’examen des impacts sur l’environnement.
Le MELCC a confirmé le 5 avril que les projets du type de celui de Ray-Mont Logistiques sont «explicitement exclus par règlement de la Procédure d’évaluation et d’examen des impacts sur l’environnement qui mène au BAPE», puisqu’ils sont situés en zone industrielle.
Malgré tout, les opposants espèrent que le ministre Benoit Charette fasse usage de son pouvoir discrétionnaire.
«On a vraiment besoin du ministre de l’Environnement pour obtenir un BAPE. Les inquiétudes du public le justifient amplement. D’autant plus qu’on est en pleine crise climatique. Il a le choix. On lui demande de prendre la bonne décision. On demande le BAPE et à terme, le départ de l’entreprise», a indiqué Cassandre Charbonneau-Jobin, une porte-parole de Mobilisation 6600 Parc-Nature MHM, samedi.
Le regroupement citoyen qui mobilise les résidents d’Hochelaga-Maisonneuve depuis 2016 contre le projet de Ray-Mont Logistiques avait convié le public à un rassemblement, à 13h. Rassemblés à la place Gennevilliers-Laliberté, les manifestants y ont écouté quelques discours enflammés.
Résidente d’Hochelaga, la rappeuse québécoise Calamine a notamment pris la parole. De son vrai nom Julie Gagnon, la militante écologiste a notamment parlé de sa fierté d’habiter le quartier.
«On n’est pas un quartier. On est une communauté. Une communauté, c’est des personnes qui vivent ensemble dans un espace et qui partagent des intérêts communs. Je ne pense pas que Charles Raymond [PDG de Ray-Mont Logistiques] partage des intérêts avec Hochelaga. Je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi désinvesti et méprisant et aussi conscient de ce qu’il allait causer pour notre quartier. C’est désolant», a-t-elle lancé.
À la suite des discours, les manifestants ont ensuite marché sur la rue Ontario, afin d’aller former une chaîne humaine sur la friche ferroviaire qui jouxte le terrain de Ray-Mont Logistiques.
Avis de non-conformité
Rappelons qu’en début de semaine, le MELCC a demandé à l’entreprise Ray-Mont Logistiques de cesser ses travaux dans le cadre de son projet dans Hochelaga-Maisonneuve.
Cette décision aurait été prise à la suite d’une plainte et de la visite d’un inspecteur le 21 mars. Ce dernier avait constaté que l’entreprise avait amorcé la réalisation de la première phase de son projet avant d’avoir obtenu une autorisation ministérielle en vertu de l’article 22 de la Loi sur la qualité de l’environnement (LQE). Un avis de non-conformité a été transmis à l’entreprise.
Vendredi, Ray-Mont Logistiques a effectué une sortie publique, clamant que Québec n’a jamais exigé l’arrêt des travaux de construction ou des opérations actuellement en cours sur son site dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve.
Tous les travaux prévus auraient obtenu l’ensemble des autorisations requises du MELCC et de la Ville de Montréal, a ajouté l’entreprise.
Rappelons que le promoteur entrepose des conteneurs sur son site depuis quelques semaines. Selon l’entreprise, cette décision a été prise afin de respecter les exigences de la Ville de Montréal permettant un prolongement du permis de construction et du certificat d’occupation, obtenus en avril 2021 à la suite d’une décision de la Cour d’appel autorisant l’entreprise à aller de l’avant avec son projet.
Le MELCC considère que cette activité «va notamment contribuer au climat sonore du secteur et que le bruit est considéré comme un contaminant de l’environnement». Il évalue donc que cette phase requiert une autorisation ministérielle.
Contacté par Métro, Québec a précisé que Ray-Mont Logistiques peut poursuivre les activités qui ne sont pas concernées par l’avis de non-conformité qui lui a été signifié lundi, telles que l’entreposage et le conditionnement de matériaux de démantèlement, ou encore les travaux de réhabilitation du terrain.