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Les vitraux

Photo: Pierre Brassard | www.pierrrebrassard.com

Chaque mardi, la journaliste et animatrice Julie Laferrière et l’humoriste, animateur et illustrateur Pierre Brassard posent un regard original sur les usagers du transport en commun.

Ligne 80, direction nord. Nous sommes jeudi, il est 16 h 30.

Le véhicule a amorcé l’ascension de l’avenue du Parc. Bientôt, nous nous retrouvons entre ces très belles parenthèses formées, à l’ouest, par le mont Royal et, à l’est, par le parc Jeanne-Mance.

Je suis assise et je regarde ces grands terrains en pensant à tous ceux qui, vivant dans des mégapoles, manquent cruellement d’espace. Notre autobus de fin d’après-midi, de son côté, est assez achalandé. Les places assises sont toutes prises et une bonne trentaine de passagers se tiennent debout.

J’ai la chance d’occuper un banc solo et j’observe la lumière qui entre par les fenêtres, côté montagne.

Un soleil doré et chaud se dépose sur nous. L’angle selon lequel il pénètre dans le bus fait qu’il découpe doucement les silhouettes et produit ainsi un effet assez impressionnant. Sa lumière se diffuse, par exemple, en traversant des chevelures rousses, blondes, brunes ou argentées. Elle suit le pourtour d’un bonnet de laine angora rose, d’une écharpe de soie verte ou orangée.

La lumière joue avec les textures et les couleurs exactement comme si elle traversait des vitraux. Chaque passager, par les couleurs qu’il porte, devient la pièce d’un tableau général. Un rayon se pose aussi sur un œil brun, qui devient soudainement vert, ou sur une joue blanche qui rosit sous la chaleur. Certains usagers ont sorti leurs verres fumés, car, bien que douce, cette lumière est franche et elle nous regarde droit dans les yeux.

Je résiste à l’idée d’en faire autant pour profiter encore quelques minutes de cet effet spectaculaire. Lorsque je descends, l’envie me prend de passer par la très belle église qui se trouve tout près de chez moi. La porte est verrouillée. Je ne peux que regarder les vitraux de l’extérieur, ce qui ne vaut pas grand-chose, et me console en me disant que, de toute manière, la lumière a déjà changé.

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