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Des îlots de chaleur aux quatre coins de l’île de Montréal

Montréal a chaud.
En plus de constituer un désagrément important pour les personnes qui y vivent, les îlots de chaleur peuvent entraîner des problèmes de santé. Photo: Montage, Métro

Il n’y a pas qu’au centre-ville de Montréal où le mercure atteint des sommets souvent inégalés chaque été. Aux quatre coins de l’île, dans les zones commerciales, les secteurs industriels, le long des autoroutes et même dans certains quartiers résidentiels, les Montréalais vivent et travaillent dans des îlots de chaleur intense.

La Ville de Montréal a récemment publié la mise à jour 2022 de ses données d’analyse de vulnérabilité aux changements climatiques, laquelle comprend une carte des îlots de chaleur sur l’île.

Y sont identifiés les dix plus grands îlots de chaleur de Montréal, qui sont:

  • le secteur de l’autoroute 40, à la hauteur de l’arrondissement de Saint-Laurent et de Dollard-des-Ormeaux;
  • le secteur de l’aéroport Montréal-Pierre-Elliott-Trudeau;
  • l’avenue Saint-Laurent, sur le Plateau;
  • la Cité de la Mode d’Ahuntsic;
  • le secteur Longue-Pointe;
  • le secteur industriel Viauville/Notre-Dame-des-Victoires;
  • les rives du Saint-Laurent, à la hauteur de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve;
  • le secteur formé du quartier Sainte-Marie, Angus et de la partie est du parc La Fontaine;
  • et l’avenue Mont-Royal.
Carte des îlots de chaleur de Montréal
La carte des îlots de chaleur de Montréal est accessible sur le site de données ouvertes de la Ville de Montréal. /CP: Capture d’écran, Ville de Montréal

Selon la Ville de Montréal, ces îlots de chaleur s’expliquent par une panoplie de facteurs environnementaux: les propriétés thermiques des matériaux, la végétation, l’imperméabilisation du sol, les activités humaines et la morphologie urbaine.

Ainsi, les secteurs industriels, commerciaux ou très densément peuplés sont des endroits propices à la formation de ces îlots de chaleur urbains, puisque leur surface est souvent faite de matériaux absorbant le rayonnement solaire, le sol y est fréquemment imperméable et la végétation y est peu abondante.

En plus de constituer un désagrément important pour les personnes qui y vivent, les îlots de chaleur peuvent entraîner des problèmes de santé.

La végétation, une solution

«La végétation qui ombrage et transpire contribue à rafraîchir le microclimat urbain», soutient Danielle Dagenais, chercheure associée à la Chaire en paysage et environnement de l’Université de Montréal (CPEUM) et spécialiste des végétaux s’intéressant à la gestion des eaux pluviales et aux îlots de chaleur. «Les arbres absorbent l’eau et, en transpirant, agissent comme des climatiseurs. C’est un peu comme quand on se baigne. En sortant de l’eau, on a froid, car l’eau absorbe un peu de la chaleur sur la peau.»

La chercheure ajoute que la végétalisation permet de profiter d’une surface absorbant moins de chaleur en raison de l’ombre que produisent arbres et arbustes, ce qui vient réduire les îlots de chaleur urbains.

Le secteur de l’autoroute 40, à la hauteur de l’arrondissement de Saint-Laurent et de Dollard-des-Ormeaux, est l’un des dix plus grands îlots de chaleur de la métropole. /CP: Josie Desmarais/Métro

Verdir différemment les espaces urbains

Questionnée au sujet de la disparité importante dans la végétation des zones commerciales, industrielles et résidentielles, la chercheure en végétaux et paysage urbains croit que cette approche de verdissement est en train de changer, mais que les îlots de chaleur ne demeurent encore pas assez considérés dans l’aménagement urbain.

«Le critère est souvent la gestion des eaux pluviales; les îlots de chaleur sont rarement considérés. On a un service de l’eau, mais pas de service des [îlots de chaleur]», remarque-t-elle, constatant par ailleurs qu’il reste aussi une résistance au verdissement sur certaines artères. «Certaines rues commerçantes Est-Ouest ne sont pas particulièrement hospitalières pour les piétons. [Le verdissement] crée parfois un tollé chez les commerçants, car ils croient que ce sera moins accessible, ou ils croient que les clients ne viendront pas.»

Dans son Plan climat 2020-2030, la ville de Montréal prévoit planter, entretenir et protéger 500 000 arbres, en priorité dans les zones vulnérables aux vagues de chaleur.

Comment lutter contre les îlots de chaleur?
Voici quelques recommandations formulées par la spécialiste des végétaux et chercheure au CPEUM Danielle Dagenais pour favoriser la réduction des îlots de chaleur dans son secteur.
– Accepter qu’il y ait moins d’espaces pour la circulation des voitures. Les surfaces minéralisées avec de l’asphalte absorbent la lumière, ce qui génère de la chaleur.
– Respecter nos arbres, et faire attention à ne pas les endommager.
– Planter des arbres.
– Aménager des places publiques qui peuvent procurer de l’ombre.
– S’assurer que nos arbres survivent bien. On peut même aller arroser un arbre devant chez nous en période sèche.
– Avoir un toit blanc ou un toit vert, qui absorbent moins de lumière et font en sorte que les toits se réchauffent moins.

Des îlots de fraîcheur?

Si les îlots de chaleur sont un enjeu environnemental pour ceux qui y vivent, il existe aussi de petites oasis de fraîcheur où il fait bon passer l’été.
Les principaux îlots de fraîcheur sont évidemment situés dans les secteurs plus boisés de l’île de Montréal, tels que ses grands parcs.

L’ouest de l’île demeure aussi plus frais que le cœur de Montréal. On note entre autres la municipalité de Beaconsfield, l’arrondissement de Pierrefonds-Roxboro et son secteur À ma Baie, ainsi que L’Île-Bizard dans l’ouest.

Certains secteurs de Rivière-des-Prairies et du Bout-de-l’île, dont le parc de la Pointe-aux-Prairies, dans l’est, comptent également parmi les îlots de fraîcheur de la métropole.

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