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Des voix diversifiées dans le balado «Paroles de générations»

Lancement du balado Paroles de générations
Catherine Limperis et Osvaldo Nuñez Riquelme au lancement du balado «Paroles de générations» de l'organisme Intergénérations Québec Photo: Karla Meza / Métro

Offrir un espace pour entamer des conversations intergénérationnelles franches et ouvertes sur des thématiques qui touchent notre société, c’est la mission que s’est donnée l’organisme Intergénérations Québec en réalisant le balado Paroles de générations, lancé le 9 novembre à la Maison d’Haïti dans le cadre de la Semaine québécoise des rencontres interculturelles.

Dans la série de huit épisodes, des jeunes et des aîné.e.s d’origines diverses issu.e.s de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension et de Montréal-Nord partagent le micro pour échanger autour de l’âgisme, les micro-agressions, le capacitisme, les préjugés, les tabous, la fierté LGBTQ+ et le choc culturel. Leurs dialogues incitent à une réflexion collective sur les solutions à apporter pour lutter contre la discrimination et l’exclusion sociale.

«On voulait donner la parole à des gens de différentes générations pour aborder des sujets qui peuvent être parfois sensibles, afin de montrer que c’est possible d’en parler avec empathie», a dit Vincent Rondeau, agent de mobilisation et d’animation à Intergénérations Québec, qui anime chacun des épisodes.

Nous avons donné la parole à des gens diversifiés pour avoir des points de vue les plus différents possibles. Nous avons tous beaucoup à apprendre les uns des autres.

Vincent Rondeau, animateur et réalisateur du balado Paroles de générations

Paroles des participants

Plusieurs participants aux épisodes ont fait part, durant la soirée du lancement, de ce que cette expérience leur a apporté.

«J’ai adoré ça [participer]!», a lancé Louise-Édith Hébert, âgée de 86 ans, fondatrice du groupe d’aînées engagées pour le respect de l’environnement et des droits de la personne Les Mémés Déchaînées.

Pour Mme Hébert, il est important de s’ouvrir les uns aux autres et d’aller à la rencontre des jeunes pour «se découvrir soi-même et sauvegarder la beauté du monde».

Il faut savoir regarder dans les yeux de l’autre pour découvrir des belles choses.

Louise-Édith Hébert, participante à l’épisode sur les préjugés

«Tout le monde a des préjugés, mais il faut savoir les reconnaître et travailler pour ne pas les reproduire à travers les générations», a souligné pour sa part Wassyla Hadjabi, participante à l’épisode sur le capacitisme. «Le balado m’a donné une voix pour dire des choses que je n’ai peut-être pas dites ailleurs.»

Louise-Édith Hébert, Vincent Rondeau, Jacynthe Morneau et Azzouz Abdellah au lancement du balado «Paroles de générations».
Crédit photo : Karla Meza / Métro

Inclure les aîné.e.s issu.e.s de l’immigration  

Le huitième épisode de la série a été enregistré devant public durant la soirée du lancement, avec la participation de Catherine Limperis et Osvaldo Nuñez Riquelme, représentants du Conseil interculturel de Montréal (CIM). Coanimé par le chroniqueur Fabrice Vil, l’épisode abordera le sujet de l’inclusion des personnes âgées issues de l’immigration dans la sphère publique.

Plusieurs enjeux actuels de notre société affectant les aînés seront mis en lumière, dont la crise du logement, le manque de transport adapté, le revenu insuffisant et le manque d’espaces récréatifs interculturels. D’autres sujets seront également abordés dans l’épisode, comme la barrière de la langue et la transmission de la culture d’origine aux jeunes générations nées au Québec.

Durant son intervention, Mme Limperis a mis de l’avant les inégalités entre les personnes âgées immigrantes et racialisées (PAIR) et le reste de la population aînée.

«Durant la pandémie, on a constaté que, une fois de plus, les personnes âgées immigrantes ou racialisées sont restées à l’ombre. Pourtant, 44% de la population âgée de 65 ans et plus est née à l’extérieur du Canada», a-t-elle souligné, en se référant au Rapport sur l’inclusion des PAIR publié par le CIM.

«Pour changer les choses, il faut participer à la vie civile», a lancé celle qui a fondé et dirigé un organisme communautaire voué à l’accueil, la francisation et l’intégration des nouveaux arrivants pendant plus de trois décennies au Québec.

Il y a des milliers d’années, Périclès disait déjà que c’est le devoir de chaque citoyen de participer à la vie commune.

Catherine Limperis

«La sagesse des personnes âgées, c’est quelque chose de précieux. Elle a une texture particulière chez les parents ou les grands-parents issus de l’immigration parce qu’ils ont vécu des choses très différentes de celles qu’on vit sur le territoire québécois», a souligné M. Vil, fondateur de l’organisme Pour trois points et narrateur du documentaire Briser le code.

«Le processus de compréhension de qui on est ensemble est important», a poursuivi celui qui a grandi avec ses grands-parents à la maison.

Maude Massicotte, Vincent Rondeau et Wassyla Hadjabi au lancement du balado «Paroles de générations».
Crédit photo : Karla Meza / Métro

Lutter contre l’âgisme

«L’âgisme est un fléau dans notre société», a lancé Osvaldo Nuñez Riquelme, vice-président de l’Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées (AQDR).

Il déplore que le racisme, les abus, la maltraitance et l’âgisme que subissent les personnes aînées affectent particulièrement celles issues de l’immigration. «Lorsqu’on dit que les aînés coûtent cher à la société en matière de soins de santé et de médicaments, on ne tient pas en considération notre apport à la société.»

On devrait lutter tenacement et farouchement contre la discrimination et l’âgisme.

Osvaldo Nuñez Riquelme, premier député hispano-américain élu au Parlement fédéral en 1993

M. Nuñez souhaiterait que les liens entre générations soient renforcés. «Les aînés, nous avons besoin des jeunes, et ils ont besoin de nous. Ensemble, nous sommes capables de construire une société plus inclusive et solidaire envers les aînés issus de l’immigration.»

Favoriser le rapprochement des générations

Pour conclure la soirée, M. Rondeau a souligné qu’il fallait «bâtir des ponts» pour arriver à déconstruire les préjugés.

La transformation sociale passe par le rapprochement de générations et par l’amplification des voix de ceux et celles qui sont rarement entendus.

Vincent Rondeau, animateur et réalisateur du balado Paroles de générations

«J’espère que les discussions qu’on a eues autour d’un micro dans chaque épisode pourront montrer qu’on est capable de parler de sujets sensibles avec des gens, peu importe leur âge, leur origine, qu’on les connaisse ou pas.» 

Les huit épisodes de la série sont disponibles sur le site internet d’Intergénérations Québec, sur sa chaîne YouTube ainsi que sur les plateformes de diffusion en continu Spotify, BaladoQuebec, Google et Apple Podcast. 

Ce texte a été produit dans le cadre de L’Initiative de journalisme local.

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