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Les conseils municipaux, accessibles aux personnes sourdes?

17 des 19 conseils d'arrondissement et le conseil municipal de Montréal ne disposent pas de service d'interprète en LSQ.
17 des 19 conseils d'arrondissement et le conseil municipal de Montréal ne disposent pas de service d'interprète en LSQ. Photo: iStock - Igor Alecsander

Deux conseils d’arrondissement sur 19 offrent, durant leurs séances, un service d’interprète en langue des signes québécoise (LSQ). Même si les points de presse sur la COVID-19 du gouvernement québécois, tenus avec un service d’interprète, ont permis à l’accessibilité d’avancer, du chemin reste à parcourir.

Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension (VSMPE) et Le Plateau-Mont-Royal sont, en novembre 2022, les deux seuls arrondissements montréalais ayant mis en place une interprétation simultanée de leurs conseils d’arrondissement en LSQ.

Ces deux arrondissements sont dirigés par Projet Montréal. Le conseil municipal de Montréal, où Projet Montréal est aussi majoritaire, ne dispose pas pour autant d’un tel service d’interprète. Contactée par Métro, la Ville de Montréal n’a pas répondu à nos questions sur le sujet.

La Convention relative aux droits des personnes handicapées – dont le Canada est signataire – stipule dans son article 2 que le refus d’accommodement raisonnable envers les personnes handicapées est un motif de discrimination.

Depuis 2020, lors des points de presse sur la situation sanitaire, «il y a un petit médaillon avec une interprète car l’information sur la COVID est importante», affirme Audrey Rodrigue, agente de services à la Fondation des sourds du Québec, rappelant que les services d’interprétation sont un droit.  

Deux arrondissements qui montrent l’exemple

Depuis sa création en 2002, l’Arrondissement de VSMPE a mis en place cette mesure. Contacté par Métro à ce sujet, celui-ci explique qu’il «désirait offrir à la population malentendante des services adaptés à leurs besoins, d’autant plus que la Maison des sourds est située» sur son territoire.

Du côté du Plateau-Mont-Royal, le service est bien plus récent, ayant été lancé en juin 2022. Les deux arrondissements doivent, en l’absence de subventions fédérales ou provinciales, puiser à même leur budget pour assurer cette accessibilité.

La conseillère d’arrondissement du Plateau-Mont-Royal Laurence Parent (Projet Montréal), élue en 2021, explique que l’Arrondissement a pris cet engagement car «l’absence d’interprètes ou la difficulté d’en avoir est un enjeu réel qui limite trop souvent l’exercice des droits» des personnes vivant avec un handicap.

Elle ajoute par ailleurs que le conseil d’arrondissement est sous-titré en français et qu’un service d’accompagnement est offert sur place. De plus, l’Arrondissement a offert une formation en LSQ à ses bibliothécaires.

Pour Audrey Rodrigue, l’interprétation en langue des signes est essentielle pour que l’information soit plus accessible. Elle estime que les sous-titres ne sont pas suffisants, car ils représentent surtout un intérêt pour les personnes malentendantes qui connaissent le français.

En majorité, pas d’accessibilité

Pour les dix-sept autres arrondissements de la ville de Montréal et le conseil municipal, de tels services d’interprète n’existent pas encore. Mme Parent demande que l’initiative du Plateau-Mont-Royal soit «[imitée] par [ses] collègues d’autres arrondissements et par le conseil municipal pour que la démocratie soit toujours plus accessible».

Saint-Léonard, un des dix-sept arrondissements, indique qu’il n’a «pas eu de demandes de [ses] citoyens pour la traduction [NDLR: pour la LSQ on parle habituellement d’interprétation, et non de traduction] de [ses] conseils d’arrondissement en LSQ». L’Arrondissement se dit ouvert à le faire si une telle demande est soumise.

Une approche que Mme Rodrigue critique: «Il faut que [les arrondissements] eux-mêmes pensent à prévoir [de tels services] dans le budget, car sans services d’interprète, les personnes sourdes ne se présenteront pas à ces conseils.»

Les problèmes d’accessibilité ne se limitent pas à la vie politique, d’après Audrey Rodrigue. «Il y a des manques partout, j’ai besoin d’un interprète pour n’importe quel rendez-vous. Il y a un manque d’accessibilité dans les services et la langue des signes n’est pas encore une langue officielle», déplore l’agente de services à la Fondation des sourds du Québec.

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