Favoriser une meilleure santé pour les personnes en fauteuil roulant
Le chercheur en technologie de la réadaptation à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) Félix Chénier développe en ce moment un appareil de simulation qui permettrait à des personnes en fauteuil roulant d’accéder à un entraînement personnalisé et sécuritaire.
Selon le département des sciences de l’activité physique de l’UQAM, 260 000 personnes au Canada doivent se déplacer en fauteuil roulant manuel. Pour le chercheur et professeur en biomécanique Félix Chénier, leur inactivité physique représente un risque réel pour leur santé.
«Plus de la moitié des usagers de fauteuil roulant manuels ont ou vont avoir des douleurs aux épaules ou aux poignets, explique-t-il lors de son entrevue avec Métro. Cette constatation a été le point de départ de ma motivation pour mes recherches.»
Il tente ainsi de mieux identifier les différents moyens qui pourraient être utilisés pour permettre à ces personnes d’être actives physiquement, sans pour autant surcharger leurs membres supérieurs lors de leurs déplacements.
Confinées à être sédentaires
Selon lui, les troubles liés à l’inactivité des personnes en fauteuils roulants s’assimilent aux troubles liés à la sédentarité. «Les personnes en fauteuil roulant sont comme confinées à être sédentaires puisque les infrastructures à l’extérieur ne sont pas si adaptées que ça, et on devient aussi renfermé sur nous-même socialement.»
Ces facteurs affectent donc le degré d’activité des personnes sur leur fauteuil et augmentent leur risque de prendre du poids. «Si la personne prend du poids, il sera de plus en plus difficile pour elle d’avancer.»
L’inactivité favorise ensuite le développement de troubles cardiaques, de circulation sanguine ou encore de plaies de pression.
Ce que je souhaite, c’est outiller les cliniciens à mieux comprendre les facteurs biomécaniques qui sont liés au développement des troubles chez les personnes en fauteuil roulant, pour essayer de trouver les meilleures pratiques.
Félix Chénier, Chercheur et professeur à l’UQAM
Apprendre à contrôler sa force
Depuis les années 2000, des lignes directrices existent sur comment bien utiliser un fauteuil roulant pour ne pas impacter sa santé physique. Parmi elles, le fait de propulser sur la main courante un mouvement circulaire au lieu de faire des petites poussées, et de limiter la force qu’on applique et le nombre de poussées que l’on effectue.
«Quand on regarde ces indications-là, elles sont très simplistes», explique le chercheur, avant d’ajouter que limiter sa force ne permet malheureusement pas de se déplacer rapidement. Selon lui, les lignes directrices ne sont pas suffisantes dans l’enseignement d’une bonne poussée sécuritaire pour les épaules de l’usager.
Ses recherches viennent donc trouver des outils d’analyse qui permettent de comprendre l’impact des poussées sur le corps. «C’est complexe d’apprendre à quelqu’un comment appliquer une force dans une direction, soutient-il. C’est pour cela qu’on a regardé s’il était possible, avec un appareil de simulation, de propulser sur des rouleaux l’intensité des poussées et de les analyser tout le long du parcours.»
Ce système permet de modifier comment une personne en fauteuil roulant perçoit la résistance du fauteuil, en fonction de comment les chercheurs veulent orienter la direction de sa force. «Ce qu’on fait, c’est qu’on rend artificiellement la roue plus difficile à propulser», explique-t-il.
La prochaine étape sur laquelle Félix Chénier est en train de travailler, c’est d’essayer de trouver la technique personnalisée de chaque usager. «On veut combiner le mouvement de la personne avec les forces qu’on mesure, et ça nous permet de remonter aux forces à l’épaule», précise-t-il, le but étant que la propulsion donnée par la personne soit la meilleure pour elle.
En revanche, pour que ces recherches aient un intérêt, il faudrait que ces améliorations puissent demeurer dans le temps. «Il faut que ces interventions soient répétées et qu’il y ait des feedbacks. Il n’y a pas vraiment de temps ou d’heure dédié à la technique de propulsion dans les centres de réadaptation, ni assez de connaissances sur le sujet. C’est pour cela qu’on s’y attarde avec nos recherches», conclut-il.