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Tramway à Montréal: bientôt un nouveau standard de mobilité?

Le tramway de Montpellier est en service depuis plus d’une vingtaine d’années et permet aux usagers de se déplacer dans la ville sans avoir recours à la voiture. Photo: Gracieuseté, Jean-François Lefebvre

Alors que beaucoup d’attention a été portée au futur Réseau express métropolitain (REM) ainsi qu’au prolongement de la ligne bleue du métro, plusieurs intervenants sont d’avis que le tramway serait une meilleure solution pour le transport en commun à Montréal.

C’est ce qu’affirme le spécialiste en études urbaines et représentant d’Imagine Lachine-Est, Jean-François Lefebvre, en entrevue avec Métro. Pour lui, la volonté de décarbonation de la Ville de Montréal – la plus perceptible en 30 ans, affirme-t-il – exige de penser à d’autres solutions de transport.

À ce titre, le tramway devient incontournable. Il y a des modes plus légers comme le bus, mais ce dernier est insatisfaisant au chapitre de l’efficacité et de la limitation du trafic. Le métro est un projet d’envergure et est trop coûteux pour se rendre jusqu’à LaSalle ou Lachine, notamment. Cependant, les couloirs de tramway et les stations que nous avons planifiés permettraient d’être plus efficace tout en stimulant des zones de développement.

Jean-François Lefebvre, spécialiste en études urbaines et représentant d’Imagine Lachine-Est
Cartographie de la première phase d’un Grand Virage en transport collectif composé d’un réseau de 130 km de lignes de tramway comptant près de 230 stations desservant Montréal, Laval et la Rive-Sud avec des budgets similaires à celui du REM dans l’Est et à Longueuil. Les tracés sont à titre indicatif. Caption: Gracieuseté, Marc-Olivier Mathieu

Le tramway, économique et pratique

Cet avis est partagé par Henri Chevalier, directeur général de la Corporation de développement économique communautaire (CDEC) LaSalle-Lachine, pour qui les potentielles retombées économiques d’un tramway sont grandes pour les quartiers de Montréal moins bien desservis par le transport en commun.

«Quand on y pense, un propriétaire de voiture paie environ 9000 $ par année pour sa voiture, contre 1500 $ environ pour des titres de transport en commun, explique M. Chevalier. Logiquement, cet argent qui est économisé sera dépensé ailleurs, notamment dans les commerces de proximité et dans les loisirs, tout ça pour alimenter l’économie locale.»

D’un point de vue économique, Jean-François Lefebvre précise qu’un tramway serait une option beaucoup moins coûteuse à réaliser pour le ministère des Transports du Québec (MTQ), mentionnant au passage que le projet est déjà «dans la machine du MTQ» puisque 800 M$ sont déjà réservés au tronçon ouest de la ligne rose.

«Le problème, avec le REM et le prolongement de métro, c’est le prix pour rajouter de nouvelles stations, soutient le spécialiste en études urbaines. Chaque nouvelle station fait en sorte que d’autres régions qui souhaiteraient développer elles aussi leur réseau de transport en commun sont malheureusement privées de sources de financement. Le tramway serait cinq fois moins cher à réaliser que le REM, avec beaucoup plus de stations, tout en permettant un vrai désenclavement des secteurs comme le Sud-Ouest et l’est de Montréal.»

«Il faut prendre le tramway au sérieux»

La directrice générale du Groupe de recommandations et d’actions pour un meilleur environnement (GRAME), Catherine Houbart, rappelle que le tramway permettrait une meilleure mobilité entre les arrondissements, une alternative plus structurante que l’autobus.

«Ce qu’on gagne avec le tramway, c’est la qualité de la connectivité des quartiers et des arrondissements périphériques, par exemple les connexions entre Rivière-des-Prairies et Pointe-aux-Trembles ou Montréal-Nord, ou entre LaSalle et Lachine. C’est là où le bât blesse actuellement, puisque nous pensons beaucoup aux déplacements des banlieues vers le centre-ville et non entre les différents quartiers périphériques.»

Jean-François Lefebvre rappelle que Québec fait face au même type de contestation que celui que les villes européennes ont expérimenté de la part de citoyens qui ne prenaient pas le tramway au sérieux. Pourtant, le tramway est aujourd’hui utilisé par des millions de personnes quotidiennement en Europe, souligne-t-il, se disant optimiste quant à sa mise en place à Québec et à Montréal.

«Les déplacements en tramway favoriseraient grandement l’économie locale puisque tous les quartiers seraient interreliés. Les tramways imposeront un nouveau standard de mobilité à Montréal et tireront vers le haut tous les investissements en transport», conclut Henri Chevalier.

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