L’urbaniste haïtien qui a revitalisé le Vieux-Montréal
Né aux Gonaïves, en Haïti, l’urbaniste Georges Bonhomme est arrivé à Montréal en 1965 pour une fin de semaine. Et il y est encore aujourd’hui. Il aurait pu contribuer à revitaliser la baie de Port-au-Prince après ses études de génie en Haïti et d’urbanisme au Pérou, mais en raison de la dictature de François Duvalier (Papa Doc), c’est plutôt Montréal qui a profité de sa vision de l’organisation et de l’aménagement des espaces urbains.
Pour quitter Haïti pour ses études au Pérou, il lui avait fallu obtenir l’autorisation personnelle du dictateur haïtien. Et revenir au pays était encore plus compliqué, car tous ses amis étaient en prison à la fin de ses études.
Ainsi, après avoir séjourné à Paris deux ans et à New York quelque temps, il décide de visiter Montréal en 1965. Lors d’une marche dans le Vieux-Montréal, il fait la rencontre, au marché Bonsecours, d’un responsable du Service de planification urbaine qui l’informe que la Ville de Montréal a un poste à pourvoir en urbanisme. Il remplit un formulaire pour poser sa candidature et entre rapidement à la Ville comme préposé à la planification urbaine.
«Je ne savais pas ce que cela voulait dire à l’époque», témoigne-t-il aujourd’hui dans une vidéo réalisée par Felix Herrera et produite par Marie-Denise Douyon pour le compte du Réseau d’action des employées et employés noirs de la Ville de Montréal (RAENVM).
Lorsque je suis rentré à la Ville, les collègues que j’avais me regardaient de façon bizarre. Même quand je faisais partie des cadres de direction après, il y avait un petit Noir qui assistait aux réunions. J’étais une curiosité. Mais cela ne m’a jamais empêché de travailler avec les gens sur un pied d’égalité.
Georges Bonhomme, ancien directeur du Module de la gestion du développement à la Ville de Montréal
Les personnes âgées
Au cours de ses années de travail, reconnues par la Ville, il a contribué à l’élaboration de plus de 84 programmes de logements sociaux. Il a ainsi participé à la mise sur pied d’environ 14 000 logements, dont plusieurs spécifiquement conçus pour les personnes âgées ou en situation de handicap physique et ayant des revenus modestes.
Sa première initiative, en 1966, fut le développement du projet de logements sociaux Dublin-Fortune, à Pointe-Saint-Charles, premier modèle québécois de résidence pour les aînés. Par la suite, il a sensibilisé la Ville à la nécessité de construire plus de 1000 logements sociaux à Montréal.
«En tant qu’urbaniste, je crois que la Ville devrait développer des navettes dans chaque arrondissement pour que les personnes âgées puissent circuler et s’approprier leurs quartiers», soutient-il.
Revitalisation du Vieux-Montréal
Au sein du Service de l’habitation et du développement urbain et de la Commission d’initiatives et du développement économique de Montréal, il a participé à la mise en œuvre de grands projets immobiliers totalisant des investissements publics et privés de plus de 3,5 G$. Il a également collaboré à l’élaboration du nouveau cadre réglementaire avec l’abrogation et le remplacement de 72 règlements de zonage.
L’un des projets que j’ai chéris personnellement, c’est la revitalisation du Vieux-Montréal.
Georges Bonhomme, ancien directeur du Module de la gestion du développement à la Ville de Montréal
Georges Bonhomme a aussi travaillé à refaire la place Jacques-Cartier et la rue de la Commune dans le Vieux-Montréal, entre autres. Mais l’innovation qui l’a le plus marqué est l’insertion des cafés-terrasses dans le paysage urbain de Montréal. «Je pense que c’est l’une des joies de Montréal actuellement», se réjouit-il.
Georges Bonhomme a pris sa retraite après plus de 30 années de service comme cadre chevronné au sein du Service de l’habitation et du développement urbain. Ses projets d’urbanisme ont été remarquables en ce qui a trait au développement urbain, social, patrimonial et touristique et ont largement concouru à consolider l’image de marque et la notoriété internationale de Montréal.