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Jardin botanique

Photo: Pierre Brassard | www.pierrrebrassard.com

Chaque mardi, la journaliste et animatrice Julie Laferrière et l’humoriste, animateur et illustrateur Pierre Brassard posent un regard original sur les usagers du transport en commun.

Ligne 14, direction nord. Arrêt Amherst et Ontario. Nous sommes jeudi, il est 16 h 30.

Les usagers du transport en commun qui n’ont pas de voiture font souvent des bus et des métros leurs véhicules bien à eux.

On voit donc de tout à bord : chats, chiens, oiseaux en cage revenant avec leurs maîtres d’une visite chez le vétérinaire. Des skis, des petits meubles et autres morceaux de vie.

J’ai déjà parlé, dans cette chronique, d’une jeune femme qui, accompagnée de ses nombreuses boîtes, avait effectué son déménagement à bord d’un autobus. Ce qui est assez sympathique. Pourquoi, au fond, appeler le Clan Panneton quand on peut être conduit à l’arrêt qui se trouve à deux pas de notre nouvelle maison?

Il nous en faut donc beaucoup, à nous passagers, pour nous surprendre.

Cet après-midi-là, il fait un temps de printemps qu’on attend tous depuis trop longtemps. L’autobus s’arrête au coin de Amherst et coin Ontario devant le joli marché du même nom. Entre une jeune fille chargée de cageots de fleurs. Pas un, pas deux; au moins une douzaine. Elle pose sa cargaison florale au pied d’une banquette et demande au chauffeur de bien vouloir attendre une minute, le temps qu’elle charge le reste de son jardin en devenir. Quelques sacs de terre, de l’engrais, un arrosoir en plastique vert gazon. Dans un sac de plastique translucide, on devine des gants, un sécateur et une petite pelle.

La jeune femme finit par s’asseoir au milieu de sa jungle fleurie, savourant déjà la texture de la terre entre ses doigts et l’odeur d’humus lorsqu’elle arrosera le sol. Et surtout, surtout, toutes ces corolles colorées qui viendront tromper la grisaille durant les jours plus sombres et qui feront exploser la lumière au cours des jours ensoleillés.

Elle prend sur ses genoux un petit rosier. Touche les pétales du bout des doigts et, maladroitement, se blesse sur une épine. Elle exprime sa douleur et sa contrariété d’un «Ayoye donc!» bien envoyé.

Comme quoi, il faut toujours se méfier, même quand on se sent à l’abri de notre enthousiasme et de la promesse d’un été.

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