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La détresse liée à l’itinérance nuit-elle au centre-ville?

Photo: Josie Desmarais, Archives Métro.

Le niveau de satisfaction des usagers du centre-ville serait très élevé, selon le premier rapport d’une étude de la firme Léger. Pour continuer dans cette direction, les gouvernements doivent toutefois «reconnaître qu’il y a une crise» d’itinérance dans la métropole et continuer d’investir dans les transports en commun, juge le directeur général de Montréal centre-ville, Glenn Castanheira.

Cette Société de développement commercial (SDC) a commandé cette étude dans le cadre des travaux de l’Alliance du centre-ville. Elle a dévoilé le taux de satisfaction impressionnant chez les visiteurs.

Mais l’étude a aussi dévoilé que les trois facteurs nuisant le plus à l’expérience du centre-ville sont l’itinérance, le manque de propreté et les coûts trop élevés. La SDC craint également le sous-financement des transports en commun, qui génèrent le plus haut taux de satisfaction des usagers en matière de déplacement.

«Ce qu’on demande, c’est de reconnaître l’urgence»

La principale demande de Montréal centre-ville aux différents paliers de gouvernement est de reconnaître l’urgence au sujet de l’itinérance. Car ce qui est difficile pour les différents usagers du centre-ville, c’est d’être en contact avec «autant de détresse». Selon le rapport de l’étude, cela «nuirait à l’image» du secteur.

La pression s’y fait d’ailleurs de plus en plus forte, puisque le centre-ville serait «un refuge» pour les itinérants. «Il faut multiplier les services aux personnes marginalisées à l’extérieur du centre-ville pour éviter de toutes les concentrer ici», demande Glenn Castanheira.

Nous, on le sent qu’on approche de la crise, réellement.

Glen Castanheira, directeur général de Montréal centre-ville

«On n’a pas la science infuse [en matière d’itinérance] chez Montréal centre-ville, rappelle M. Castanheira. Mais suffit de voir ce qui se passe à Vancouver, ce qui se passe à Edmonton, ce qui se passe à Toronto. C’est très inquiétant et on voit clairement que c’est en train d’arriver au Québec.»

«Une itinérance de troubles mentaux»?

«Le visage de l’itinérance a beaucoup changé» dans les dernières années, déclare-t-il. On parle aujourd’hui d’«une itinérance de troubles mentaux», pense M. Castanheira, qui met l’accent sur l’importance de l’accès aux soins de santé mentale et de santé publique.

Dans la rue, un organisme venant en aide aux jeunes en situation d’itinérance dit également observer un changement de profil des personnes touchées. Toutefois, ce sont plutôt des jeunes issus de l’immigration que l’on voit davantage dans la rue, indique-t-on.

Pour ce qui est de la santé mentale, l’organisme convient qu’il s’agit d’un enjeu bien présent, mais n’est pas en mesure de confirmer que l’itinérance est causée par des enjeux de santé mentale puisque le phénomène inverse est également observé. Même son de cloche du côté du Réseau d’aide aux personnes seules et en situation d’itinérance (RAPSIM). «C’est un peu l’œuf ou la poule», dit le responsable du dossier de la judiciarisation et du droit de cité, Jérémie Lamarche.

Les situations de violence vécues par les personnes vivant dans la rue et les raisons ayant mené à l’itinérance, comme «une éviction, un divorce, une mise à pied», peuvent toutes avoir des impacts sur la santé mentale, dit Jérémie Lamarche.

Mieux financer les ressources

Selon l’organisateur communautaire du RAPSIM, il y a déjà des ressources au centre-ville et à l’extérieur de celui-ci. La bonne approche en matière d’itinérance serait donc de mieux financer les ressources déjà existantes et, surtout, de ne pas déplacer inutilement les personnes en situation d’itinérance, en plus d’offrir des lieux tolérant la consommation contrôlée. L’organisme souhaite également réduire au minimum les violences auxquelles sont exposées les personnes vivant dans la rue.

L’urgence doit être reconnue par les différents paliers de gouvernement, «tant pour l’habitation que pour la lutte contre le crime organisé, et pour les enjeux de santé mentale», demande le directeur général de Montréal centre-ville.

Le maire de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal et membre du comité exécutif, Luc Rabouin, rappelle que la Ville de Montréal a mis sur pied une cellule de crise avec les différents CIUSSS et qu’une entente a été conclue avec le gouvernement du Québec pour «donner plus de ressources» à l’équipe ÉMISS de la Ville de Montréal.

La Ville de Montréal continue de demander des investissements majeurs dans le logement social.

Le transport en commun, un essentiel

Les déplacements en transport en commun sont les plus satisfaisants dans le secteur, avec un taux d’approbation de 85% de la part des visiteurs. En comparaison, seuls 36% des visiteurs étaient satisfaits de leurs déplacements en voiture. La SDC «sonne l’alarme» face aux annonces de coupes budgétaires et la hausse des entraves à la circulation sur le réseau.

C’est extrêmement dangereux parce que si le taux de satisfaction [des usagers des transports en commun] venait à baisser, au point de faire changer les habitudes des usagers… On l’a vu pendant la pandémie, s’ils prennent beaucoup plus leur voiture, on est dans le trouble complètement.

Glenn Castanheira, directeur général de Montréal centre-ville

Luc Rabouin abonde en ce sens: «Les données sont claires, le transport en commun est la clef pour la relance du centre-ville. On a besoin de services de haute fréquence de haute qualité. Il ne faut surtout pas réduire l’offre de service.»

Dans tous les cas, il est difficile de se déplacer en voiture au centre-ville, s’entendent pour dire M. Rabouin et M. Castanheira. La Ville veut donc continuer à miser sur le transport en commun et l’aménagement cyclable.

Alors que le rapport de la firme Léger fait état d’un taux de satisfaction impressionnant chez les visiteurs du centre-ville, cette satisfaction est toutefois plus mitigée du côté des résidents du centre-ville. Les Québécois habitant hors de Montréal, eux, n’ont pas une très bonne impression du centre-ville.

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